Angers : la douceur c'est fini
Idéaliste, mais aussi réaliste, l'entraîneur du SCO pense tenir le bon bout. Il vise le milieu de tableau cette année et la montée dans deux ans.
Henri Atamaniuk.
ANGERS. — Arrivé en Anjou il y a deux ans, pour faire de la formation, Henri Atamaniuk fait aujourd'hui de la rééducation, poussé sur le devant de la scène un peu trop vite à son gré, mais forcé par les circonstances.
Apprendre son métier d'entraîneur aux chevets d'un moribond n'est certainement pas le paradis, mais Henri Atamaniuk n'a pas eu le choix une fois entré en enfer. « C'est dans l'adversité que se forme une mentalité », aime d'ailleurs à répéter celui qui, à 41 ans, se soucie de redonner aux jeunes ce que le football lui a apporté.
Tenace, obstiné, l'ex-pro devenu coach, refuse la poisse perpétuelle et la douceur angevine. « Le plus difficile est de changer les mentalités. La réputation d'un SCO sympathique, c'est bien gentil, mais ça ne rapporte rien. Aujourd'hui, il ne suffit plus de rester dans les situations de préparation. Si on veut porter le danger dans le camp adverse, il faut du caractère et c'est ce qui manquait jusqu'à présent ici. »
Partisan d'une remise en cause, Henri Atamaniuk sait aussi qu'il doit composer avec les moyens du bord, et s'appuyer notamment sur une équipe très jeune. « II y a les avantages et les inconvénients. D'un côté vous avez des garçons qui ont du football dans les pieds, et qui sont à même de progresser. Pour un entraîneur, c'est toujours intéressant. D'un autre côté, une inexpérience se fait cruellement sentir. Un grain de sable suffit souvent à tout dérégler, et il y a un manque de sérénité dans les moments délicats. »
Il lui a fallu repartir de zéro. D'abord, dans la foulée du repêchage, bâtir une équipe, avec, comme il le souligne, mis à part Beaufreton, aucune individualité n'ayant joué l'an dernier au poste confié cette saison. Ensuite, donner une assise mentale au groupe en injectant des éléments comme Desbouillons et Ravail qui ont apporté, selon son expression : « Un esprit différent. »
Aujourd'hui les résultats aidant, Henri Atamaniuk estime avoir surtout réussi à créer un courant de confiance. Lui-même a mis de l'eau dans son vin : « Je n'ai plus de problèmes avec les joueurs cette année », dit-il. Notant l'embellie il appelle une confirmation des bonnes dispositions affichées et demande à ses joueurs de jouer simple et efficace. Son plan de bataille est prêt : « Je me suis fixé deux ans pour la montée. Cette année l'objectif est de finir en milieu de tableau. L'an prochain n'ayant pas de problème de départs, tous les joueurs étant sous contrat, nous viserons le groupe de tête. » Ça, c'est l'avenir du SCO. Le sien dépendra de la décision du Comité directeur du SCO qui aura à statuer sur le renouvellement de son contrat au début de l'année 1986.
Philippe BIAIS.
Merci à France Football (10 décembre 1985) pour l'article et à Marc M. pour le scan.