NANTES - ANGERS (3-1)

NANTES UN POINT C'EST TOUT !


Le deuxième but de Maas a donné des ailes à Nantes.

BREST. — Le moment serait mal venu, nous semble-t-il, de chercher querelle aux Nantais, sous prétexte que leur qualification aux seizièmes de finale bénéficia d'un petit coup de pouce du destin... et des Angevins.

Il faut se mettre un peu à la place de ces Nantais qui avaient encore en travers de la gorge la défaite concédée à l'O.M. au stade Marcel-Saupin et qui venaient à Brest un peu comme dans un guet-apens où les attendait une équipe d'Angers capable de mettre n'importe qui à la raison dans un bon jour, et qui se réjouissait d'avoir à jouer en la circonstance le rôle de l'outsider.

On devinait tout cela sur les visages plus pâles et plus tendus que d'habitude d'Henri Michel et de ses camarades quelques minutes avant le coup d'envoi.

Que le but inscrit dès la 5e minute par Marcos avec la complicité bien involontaire de Gallina ait libéré les Nantais d'un grand poids, tout en influençant favorablement leur comportement pour la suite des événements, c'est l'évidence même.

Convenons aussi que le second but, réussi à la 32e minute par Maas, le fut dans des circonstances aussi exceptionnelles que favorables.

Mettons aussi dans le plateau de la balance ce tir de Lemée contré par Gardon (19e) et sur lequel l'Angevin se donna une entorse du genou qui le contraignit à quitter le terrain. Et ajoutons aussi cet essai de Gaidoz qui frôla le poteau (25e) et cette reprise de Antic que Bertrand-Demanes détourna en corner (29e).

Tout cela autorise-t-il à dire que l'avance de deux buts que possédaient les Nantais au repos était flatteuse, voire imméritée ? A notre sens, non.

Car, même sans tenir compte des occasions que se créèrent Marcos (9e) et Blanchet stoppé dans son élan de façon fort suspecte par Gallina (38e), Nantes afficha une maîtrise d'ensemble, une sûreté dans les passes, une vigueur et une rigueur dans les attaques de balle contre lesquelles le S.C.O. resta bien souvent sans réplique. Et l'on ne saurait décemment reprocher aux deux étrangers de Nantes d'avoir saisi, au contraire des Angevins, les occasions qui s'offirent à eux !

Nantes a joué prudemment, sérieusement, et cela ne gêne nullement les hommes d'Arribas d'avoir marqué des buts qui doivent effectivement plus, comme certains le faisaient remarquer, à l'opportunisme qu'à de longs et subtils travaux d'approche.

Réponse de Michel à ce genre d'argument : « Un but est un but et en Coupe plus qu'ailleurs la victoire sourit bien souvent à ceux qui savent saisir la chance quand elle se présente. C'est ce que nous avons fait devant Angers que nous avons aussi dominé assez nettement, je crois, sur l'ensemble de la partie. »

C'est également notre avis. Et la flambée angevine qui suivit la reprise, avec deux interventions importantes de Bertrand-Demanes devant Antic (47e) et Bourdel (49e), ne saurait faire oublier la nouvelle démonstration faite par les Nantais de leur sûreté et de leur habileté avec des joueurs se démarquant constamment, appelant les balles, durcissant même le jeu — parfois même un peu trop dans le cas de Gardon — quand cela s'avérait nécessaire.

Et si Angers méritait effectivement de marquer au moins un but — ce qui fut fait par Berdoll à trois minutes de la fin — Nantes n'avait pas volé non plus le troisième point que lui donna Pech à la 72a minute, d'une reprise de volés consécutive à un centre de Maas.

On pourra discuter à perte de vue sur les mérites respectifs des uns et des autres, on pourra disséquer tous les buts marqués et tous ceux qui faillirent l'être ; une chose au moins, selon nous, ne prête pas à discussion : la qualification de Nantes aux dépens d'Angers, qui ne fait que refléter, en fait, une différence de valeur foncière que traduit assez bien la position des deux équipes au classement du Championnat.

GALLINA N'A PAS COMPRIS

BREST. — René Gallina cherchait à comprendre mais il n'y parvenait pas.

« Je ne sais pas ce qui s'est passé. D'habitude je ne suis pas nerveux avant un match et là j'étais contracté de façon incroyable. Ce match, j'y avais peut-être trop pensé... C'était la première balle que je touchais de la partie ! J'ai vu partir le centre de Pech et en même temps j'ai aperçu Blanchet et Marcos tout près de moi. Je me suis dit : ils vont me charger, mieux vaut que j'écarte la balle du poing. Et puis, jugeant la trajectoire bien nette et voyant les Nantais à l'affût mais sans intention de me charger, j'ai décidé de capter la balle. Alors il y a eu un petit coup de vent et j'ai manqué ma prise de balle. C'est vraiment un coup malheureux car s'il m'arrive de temps en temps de prendre des buts bêtes, je ne fais pratiquement jamais de fautes de main. Non, vraiment, ce n'était pas mon jour ! »

La mésaventure de Gallina qui aida bigrement les Nantais à prendre l'avantage... et confiance en eux-mêmes, illustre bien la « poisse » qui s'acharna sur les Angevins à Brest.

Déjà, affronter les Nantais sans Poli était un lourd handicap, quand on connaît l'activité et l'intelligence de jeu de l'habituel partenaire de Guillou au milieu du terrain.

Il y eut ensuite, dès la 23e minute, la blessure (entorse du genou) qui contraignit Lemée à abandonner le terrain, ce qui entraîna la rentrée de Brulez à l'arrière droit et le passage de Bourdel dans une position intermédiaire. En dépit de sa bonne volonté et de son abattage, le capitaine du S.C.0. n'eut pas tout le rendement et toute l'influence d'un spécialiste du poste. Et les Angevins se mirent à trop porter la balle, eux qui d'habitude la font plutôt courir et bien courir.

Et puis, pour couronner le tout, il y eut ces maudits tirs qui passèrent à quelques centimètres des poteaux et de la barre transversale du but nantais. Et il n'est même pas venu à l'idée de Bertrand-Demanes de donner à son tour un petit coup de pouce à ses rivaux !

Ph. T.

Merci à France Football (30 janvier 1973) pour l'article et à johnny rep pour le scan.