Les articles ci-dessous sont issus de l'Année du Football 1974. Ils résument plus ou moins le championnat jusqu'à la fin de l'année 1973. Les Angevins finiront 4ème cette saison 1973-74 derrière Saint-Etienne, Nantes et Lyon.
Douche froide en Anjou
Le mois d'août n'est pas terminé qu'on a déjà vécu cinq journées de Division I. Mais quelle cinquième journée ! Le leader stéphanois s'en est allé prendre une douche froide en Anjou, qui compte dans la vie d'une équipe : 4-0, quatre buts de Berdoll. Ce gamin d'un naturel joyeux, serrurier de son état, une belle et longue chevelure à la Jeanne d'Arc n'a que vingt ans. C'est un athlète de gabarit moyen, tout en jaillissements et en culot, qui vient de Trélazé et a fait toute sa carrière au S.C.O. « La serrurerie, vous savez, ça ne m'intéressait pas du tout. De loin, je lui préfère le football », dit-il en riant.
Curkovic, l'excellent gardien yougoslave de Saint-Etienne, aurait sans doute préféré que Berdoll choisisse et aime la serrurerie, plutôt que de le voir venir piétiner sans vergogne ses plates-bandes. Comme chaque année à la même époque, on voit donc revenir le S.C.O. Quatrième en 1972, cinquième en 1973, il est le champion de l'élégance et de la bohème, de l'artisanat et de la douceur. Quand son équipe tourne, sous l'impulsion du tandem Poli-Guillou, elle est irrésistible, capable de vaincre les plus huppés, voire de les humilier. Mais elle a le défaut de ses qualités. Elle aime tant le beau jeu et le plaisir de le pratiquer qu'elle en manque parfois de rigueur. Et le club, pas très riche, manque des réserves qui lui permettraient peut-être de mieux passer l'hiver. En tout cas, entraîné depuis cette saison par le malin Pancho Gonzalès, le S.C.O. fait lever les sourcils à beaucoup. Et si, cette fois-ci, c'était la bonne?
Tandis que Saint-Etienne se fait piétiner à Angers, Nantes n'est pas plus heureux à Reims où il est battu 4-2 par deux buts de Bianchi (12e, 14e minutes), et deux autres de Bernard Lech (55e, 75e). « Carlos Bianchi m'a stupéfié, raconte Lucien Leduc. Depuis qu'il est chez nous, il ne joue que sur une jambe mais il est déjà le meilleur buteur du championnat avec 6 buts. C'est réellement un attaquant de valeur internationale qui ne manque aucune occasion. »
Paris F.C. remporte sa première victoire, avec bonus, devant Nîmes (3-1) ; Lens marque 4 buts contre Sedan (4-2) ; et Nice est battu à Bastia (1-0).
Après cinq journées, le classement est le suivant : 1. Saint-Etienne 10 pts (+ 2) ; 2. Reims 9 (+ 3) ; 3. Angers (+ 2), Lyon (+ 1), Nantes (+ 1), Lens (+ 2) 8 points.
Le champion a toutes ses dents
Avant que l'équipe de France joue son premier match contre la Grèce, c'est le premier grand choc du championnat avec le match Saint-Etienne-Nantes. Un match serré, sérieux, sur lequel plane l'ombre des deux récentes défaites. La défense stéphanoise donne des frissons à ses supporters, le milieu du terrain nantais (Pech-Michel-Rampillon) brille d'un vif éclat, et le score de 1-1 est fait en quatre minutes : Sarramagna, 53e ; Rampillon, 59e.
« J'ai été très surpris par Nantes et la maturité dont son équipe a fait preuve, déclare Herbin. J'avais lu que les champions avaient des problèmes. Je ne m'en suis pas aperçu. »
A Lyon, Angers mène 1-0 (Berdoll évidemment) avant qu'une panne d'électricité n'interrompe le match durant 38 minutes, presque le temps... d'une mi-temps. Est-ce la panne, et la déconcentration qui s'en suit, toujours est-il que le S.C.O. est balayé par trois buts de Serge Chiesa, merveilleux lutin qui mérite bien sa sélection en équipe de France.
A Nice, l'O.M. est assassiné dès la première minute par l'un de ses anciens joueurs, Charly Loubet. Il fait front ensuite, dans l'espoir de sauver l'essentiel. Mais il est victime de grosses erreurs défensives individuelles, dont Adams sur coup franc (59e) et Jouve (66e) profitent aussitôt. « J'avoue que le résultat dépasse et de loin, mes espérances » dit Jean Snella.
Et voici le s.c.o. !
Elle va donner lieu, cette dernière journée de l'année 1973, à un étonnant renversement des valeurs établies et à un sympathique couronnement. Profitant en effet de la déroute de Saint-Etienne à Metz (5-1, rendez-vous compte!), le S.CO. Angers se retrouve seul en tête du championnat. Il y avait plusieurs semaines qu'il se cachait sans bruit en tête du peloton prêt à bondir, additionnant victoires et bonus : 6-1 contre Troyes (4 buts d'Edwige), 3-1 contre Monaco, 2-1 contre Metz, 3-3 contre Strasbourg.
Pancho Gonzalès, l'entraîneur, exulte : « c'est vrai que mes joueurs constituent une équipe à part, susceptibles jusqu'au bout des ongles, s'effaçant volontairement au bénéfice de la collectivité. Sous la pression des circonstances, et à la suite de conversations répétées, ils se sont rebellés. J'ai essayé de leur faire comprendre que le véritable gaspillage de talent et d'occasions dont ils étaient coutumiers, était tout de même excessif. J'ai insisté sur un mot qui me semble capital : conviction. »
Saint-Etienne, pendant ce temps-là, a mal digéré la présence d'un Luxembourgeois aux grosses cuisses, au centre de l'attaque messine. Ce Nico Braun ne manque ni d'humour, ni d'efficacité, et il a marqué quatre buts à Curkovic, se retrouvant ainsi meilleur buteur (19 buts) devant l'Angevin Berdoll (18).
Merci à Fanch Gaume pour les scans.