Lorient - Angers, match aller des 16èmes de finale de la Coupe de France. Après 87 minutes de jeu, le S.C.O. est mené 3-0 par les Merlus. Trois minutes plus tard, c'est du 3-3 ! Ci-dessous, l'après-match dans le journal local. Merci à cris72 pour les scans.
INCROYABLE, MAIS VRAI ! LORIENT-ANGERS (3-3)
par Robert Vergne.
LORIENT. — On n'est pas près d'oublier un tel match, non seulement à Lorient mais dans tout le Morbihan et sans doute même dans toute la Bretagne. A l'heure où ces lignes seront publiées, on connaîtra depuis longtemps « l'argument », comme l'on dit au théâtre : une équipe lorientaise jouant admirablement en seconde mi-temps, alliant a la fois la qualité et l'efficacité, et menant par la bagatelle de 3-0 à trois minutes du coup de sifflet final ! Et le S.C.O. d'Angers qui parvient néanmoins à égaliser !
Les Lorientais, donc, avaient accompli un match exemplaire en tous points, marquant deux buts coup sur coup par l'intermédiaire de Le Louet sur coup franc, puis par Goraguer d'une tête splendide consécutivement à un très bon centre de Jankovic.
Il restait un peu plus d'une demi-heure à jouer et la supériorité qu'avaient manifestée les divisionnaires bretons face à la lanterne rouge de Première Division, laissait supposer que le score en resterait là, avec cet avantage déjà très important pour les Lorientais. D'autant que les Angevins n'avaient absolument rien montré, rien fait qui put être dangereux pour le gardien de Lorient. Sans doute allait-il en être ainsi jusqu'au coup de sifflet final. D'autant que les Lorientais réussirent ce fameux troisième but (toujours grâce à Goraguer qui permit à Bonnec de marquer), but que l'on pouvait assimiler à un véritable coup de grâce.
C'est alors que se produisit l'extraordinaire renversement de situation que l'on sait : Guillou marquant un premier but à la suite de quatre ou cinq dribbles époustouflants, Cassan reprenant une reprise de volée de Laurier mal dégagée par un défenseur breton affolé, et enfin Guillou marquant à la dernière seconde ce fameux troisième but égallsateur.
Il va de soi que, même sans être supporter de Lorient, toute notre sympathie d'observateur neutre ira néanmoins aux Bretons dont la malchance fut véritablement incroyable.
Certes, leur défense se déconcentra en même tempe que l'attaque qui avait fourni tant d'efforts ne parvenait plus à tenir le ballon. Mais tout de même, encore une fois, cette incroyable réussite des Angevins avait quelque chose d'injuste, voire d'immoral.
Mais comme le disait philosophiquement Jean Vincent, l'entraîneur des « Merlus » : « C'est ça le football ».
Malgré l'amère déception que lui a imposée cette fin de match, l'ancien international rémois aura tout de même eu de grandes satisfactions et notamment sur le plan individuel de la part de Goraguer qui donna la leçon à tout le monde, Le Louet, Jankovic, le capitaine courageux et avisé Rossignol, et l'arriére gauche Derrien.
GORAGUER : "Ce n'est pas possible !"
LORIENT. — Certes, on a connu beaucoup d'équipes battues et parfois dans des conditions discutables, voire injustes. Il s'ensuit toujours dans ces cas-là une très grande déconvenue de la part de ceux qui sont ou s'estiment lésés.
Mais le cas des Lorientais samedi soir était véritablement celui de la désolation. Jamais je n'ai vu une équipe aussi profondément triste après avoir frôlé un exploit qui lui a échappé dans les conditions invraisemblables que l'on sait.
Et pont-être que celui qui en avait ressenti le plus de peine était l'attaquant Bernard Goraguer. Il avait été pourtant, et de loin, le meilleur sur le terrain. Il avait tout fait, aussi bien sur le plan technique que sur celui de l'efficacité. Il avait en outre abattu un travail de titan, débordant sur la droite, débordant sur la gauche, se retrouvant au centre. Presque le don d'ubiquité en somme. En plus, il avait cette facilité technique, cette élégance, voire cette « race » qui est celle des grands joueurs, dans chacune de ses actions.
Bernard Goraguer est un pur Lorientais, né dans le grand port de pêche il y a vingt-cinq ans. Mais peut-être a-t-il bénéficié d'un stage qui ne l'a pourtant guère enchanté, à savoir les deux ans qu'il a passés au F.C. Sochaux. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il appartient toujours au club doubiste qui peut à tout moment le récupérer. Mais cette perspective ne séduit pas du tout notre Lorientais.
« Je ne me suis pas plu dans ce pays, peut-être parce qu'il est trop différent du mien. Même le club ne m'a pas entièrement satisfait, sans doute parce que je n'y ai pas trouvé la compréhension ou la chaleur qui me convenait pour m'exprimer au mieux. Ce qui est certain, c'est que j'appartiens toujours a Sochaux et j'ignore encore quelles sont les intentions de mon club et, bien sûr, celles du F.C Lorient. Ma femme également ne s'est pas plu dans ce pays. »
Mais, malgré les questions que nous lui posions, Bernard Goraguer revenait toujours sur cette fin de match comme un leitmotiv : « Ce n'est pas possible ! Ce n'est pas possible ! » répétait-il. Et tous ses camarades le regardaient, la mine basse, comme s'il revenait de l'enterrement d'un être cher.
Cela dit, Goraguer et ses camarades sont bien capables de surmonter leur désarroi du moment pour réussir une nouvelle performance lors du match retour à Angers.
Robert Vergne.
Les buts
55ème minute : Bonnec élimine successivement Laurier et Ferri et, déborde sur la droite. Damjanovic le stoppe irrégulièrement. Le Louet tire ce coup-franc ressemblant à un petit corner. Laurier détourne la balle dans ses filets, 1-0.
56ème : un centre de Jankovic lobe toute la défense angevine y compris Janin. Goraguer porte le score à 2-0.
85ème : Gayet alerte Goraguer qui « efface » Damjanovic, se rabat vers le centre et offre à Bonnec une balle en or. Prise à revers la défense du S. C. 0. concède un troisième but, 3-0.
88ème minute : Guillou dans ses œuvres : il s'approche de la surface lorientaise, amorce un départ vers la droite mais il y a du monde. L'international repique à gauche et décoche un tir à mi-hauteur qui fait mouche, 3-1.
89ème : Guillou lance une action qui verra le ballon aller à Ferri, puis Bourdel et Laurier. Derrien repousse sur la ligne mais Cassan est là qui de quelques mètres trompe Loiseau, 3-2.
90ème : un centre de Berdoll, une fulgurante reprise de volée de... Guillou, 3 à 3.
Pour finir, la feuille de match :
A Lorient : LORIENT et ANGERS : 3-3 (0-0). - Beau temp. Terrain inégal. Bon arbitrage de M. Verbeke. 16100 spectateurs pour 233200 F de recette. Buts : Le Louet (55e), Goraguer (57e), Bonnec (85e) pour Lorient ; Guillou (87e et 90e), Cassan (88e) pour Angers.
Avertissement à Jankovic. Marette a remplacé Le Louet (85e) à Lorient.
LORIENT : Loiseau - Gayet, Goueffic, Sillou, Derrien - Rossignol, Le Gouguec - Bonnec, Goraguer, Jankovic, Le Louet, puis Marette. Entr. : Vincent.
ANGERS : Janin - Bourdet, Damjanovic, Brulez, Laurier - Le Boedec, Ferri, Guillou - Cassan, Berdoll, Edwige. Entr. : Vasovic.
LORIENT - ANGERS. Le Louet a centré, Le Gouguec dévie légèrement. C'est le premier des trois buts concédés par le S.C.O. (Photo Jacques Deroost).
Bernard Goraguer. Merci à FCLorient.net pour la photo.
Laurier n°3, Guillou n°6 et Ferry n°8 s'opposent à Rossignol et Bonnec. Merci à FCLorient.net pour la photo.
Ah oui, j'allais oublier... Au match retour à Angers, le SCO a gagné 2 à 0 et s'est qualifié pour le prochain tour.