ANGERS - LILLE (4-1)
Guillou mène le bal
Guillou, une deuxième mi-temps exceptionnelle.
ANGERS. — Lorsque Gauthier, l'ailier gauche du L.O.S.C, donna l'avantage à son équipe au terme d'un premier quart d'heure de jeu presque entièrement au bénéfice de la formation nordiste, un vieil habitué du stade Jean-Bouin d'Angers s'écria : « Ce fut comme ça l'autre fois contre Strasbourg. Les Alsaciens avaient ouvert la marque puis nous sommes parvenus à les mettre à la raison. »
Décidément ce spectateur connaissait parfaitement les possibilités et les qualités morales de ses favoris. Il ne douta jamais du succès de ses couleurs. Et si, contre Strasbourg, le score évolua rapidement, pour atteindre le résultat final de 5 buts à 1, contre Lille, Guillou et ses partenaires piétinèrent un moment devant la ligne défensive nordiste avant de trouver l'ouverture et d'y tailler de larges brèches où Antic, et surtout Berdoll, s'engouffrèrent souvent avec bonheur pour venir inquiéter l'excellent Dusé.
En fait, après avoir subi l'ascendant de leurs adversaires pendant le premier quart d'heure de jeu, les Angevins réagirent comme on pouvait s'y attendre. Il fallut pour cela que Jean-Marc Guillou, le meneur de jeu du S.C.O., prenne la mesure de Le Roux et de De Martigny, ses adversaires directs, dont le marquage conjugué ne lui laissa pas beaucoup de champ d'action en début de match.
Lorsque l'inspirateur du jeu de l'attaque angevine put se libérer de l'emprise qui l'empêcha d'orienter comme il le voulait les offensives de ses partenaires de l'attaque, les pièges défensifs mis au point par les Lillois volèrent littéralement en éclats. Et il fallut tout le talent et tout l'abattage de Dusé pour préserver son équipe d'une véritable déroute qu'on pressentit quand les défenseurs nordistes qui avaient décidé de faire confiance au système du hors-jeu furent pris à leur propre piège. Ce fut au moment où Guillou leur décocha dans le dos des balles empoisonnées sur lesquelles Berdoll, Antic et même Ferri se ruaient avec un acharnement et une hargne qui donnaient des frissons à la maigre cohorte des supporters nordistes.
Ainsi, Berdoll put égaliser (28e), avant que le Yougoslave Antic donne l'avantage à son équipe (30e) à la suite d'un exploit technique personnel impressionnant.
Christian Coste manquant de très peu l'égalisation dès le début de la seconde mi-temps, le match basculait profondément, d'autant que Berdoll allait poignarder les Lillois en leur infligeant un troisième but (65e) dont il est difficile de dire s'il n'était pas entaché d'un hors-jeu. Dès lors les Lillois jouèrent battus et les Angevins évoluèrent alors avec une aisance qui leur est maintenant coutumière. Il ne leur restait plus qu'à rechercher leur troisième bonus consécutif (le cinquième depuis le début de saison) que Ferri leur offrit à la 65e minute. Il n'y avait plus qu'une seule équipe sur le terrain : cette étonnante formation d'Angers qui nous avait enthousiasmé contre le Red Star.
En parlant d'Angers, il est difficile de ne pas faire allusion à une mécanique comme réglée où les rouages fonctionnent admirablement. Mais le plus grand défaut d'une machine, quelle qu'elle soit, est d'être impersonnelle. C'est la conjugaison de plusieurs éléments soudés les uns aux autres et dont l'ensemble est forcément désacralisé.
Or, l'équipe d'Angers, si elle présente ce caractère de bon agencement mécanique au niveau des automatismes, possède en plus un style, une personnalité propre, en un mot une âme grâce au talent et rayonnement de Jean-Marc Guillou. C'est lui qui tire les ficelles et tout s'anime merveilleusement. Il est à la fois le scénariste, le metteur en scène et le principal acteur d'une troupe de théâtre qui joue avec passion et qui sait faire partager son plaisir. Comme, au demeurant, ses partenaires ne manquent pas de talent, on imagine combien est grande l'aisance de cette équipe tout imprégnée du principe que le football est un jeu qui consiste à marquer plus de buts que l'adversaire. Toute sa volonté étant alors tendue vers un seul objectif : l'attaque.
Il serait dommage que tant d'atouts, tant de beaux principes ne soient pas couronnés de la réussite qu'ils appellent, et qui consiste, à l'heure qu'il est, en un sauvetage désespéré — certainement le plus sensationnel redressement de l'histoire du football français — que Guillou et ses partenaires ont les moyens aujourd'hui de tenter et même de réussir. C'est tout le mal que nous leur souhaitons à l'approche d'une dernière ligne droite qui promet d'être passionnante.
En tout cas nous devrions être un peu plus fixés à l'issue du prochain match des Angevins contre Sochaux qui devrait être décisif du moins quant au maintien en première division de ces deux formations au style et aux possibilités très proches.
Christian VELLA.
Fiche technique
87.300 F
7.706 spect.
Arbitrage de M. Bancourt
Neuf points en 3 matches ! Tel est le bilan glorieux des Anqevins après leur victoire sur Lille.
Tout avait pourtant mal commencé pour les coéquipiers de Jean-Marc Guillou puisque Gauthier allait permettre aux Lillois de mener à la marque (16e).
Contrairement à ce que l'on pouvait imaginer ce but allait transformer la formation... angevine qui par l'intermédiaire de Berdoll commençait à se montrer menaçante.
A la 28e minute l'avant-centre angevin trouvait la brèche et mettait les deux formations à égalité.
Deux minutes ne s'étaient pas écoulées que Antic sur une reprise acrobatique donnait l'avantage à Angers.
Dès ce moment, les hommes de Vasovic firent cavalier seul.
Berdoll, toujours lui, marquait un troisième but. C'en était fini des espérances lilloises.
Et la question que tout le monde se posait était de savoir si Angers parviendrait à empocher le bonus.
La réponse ne se fit pas attendre. En effet à la 69e minute, Ferri d'un tir d'une rare puissance trompait le gardien lillois Dusé qui sur la vue de la partie sauva son équipe du désastre.
Merci à France Football pour l'article et la fiche technique. Merci à cris72 pour les scans.