L'O.M. n'avait pas besoin de l'arbitre
(Robert VERGNE)
ANGERS. - Disons-le tout de suite, l'O.M. a largement mérité sa victoire, bien que le premier but des Marseillais ait été acquis à la suite d'un hors-jeu monumental et qui devrait disqualifier le juge de touche qui n'a pas eu le courage de lever son bras lorsque Albaladejo a mis le ballon au fond des filets angevins.
Erreur doublement désagréable pour le club angevin bien sûr, mais aussi pour l'arbitre auquel on fera tout de même le reproche de ne pas avoir « senti » l'erreur grossière de son assesseur.
Il y a quinze ou vingt ans, des arbitres comme MM. Guigue, ou Schinte ne se seraient pas laissé abuser par de telles facéties de leurs assesseurs.
Cela dit, après qu'Emon eut inscrit le deuxième but de l'O.M. celui-ci a raté le bonus extrêmement facile et même lamentablement, si on se réfère à la maladresse d'Albaladejo qui, seul devant le jeune gardien angevin, fut incapable de prendre le meilleur sur celui-ci.
Certes, Albaladejo est le responsable principal quant au déroulement de ce match, mais c'est l'O.M. tout entier qui a en quelque sorte montré ses limites actuelles. Car d'autres occasions se présentèrent aux Marseillais qui édulcorent les responsabilités d'Albaladejo dans cette obtention du bonus.
Ayant laissé échapper de telles occasions, les visiteurs résistèrent ensuite tant bien que mal et souvent plus mal que bien à l'ultime sursaut des Angevins sous l'impulsion d'un Antic déchaîné.
Un but refusé pour hors-jeu discutable, un autre encore très tangent par rapport à la ligne de hors-jeu et enfin le but d'Angers remettait presque tout en question, ce qui prouve que l'O.M. est encore très fragile, très friable, et à tout le moins pas encore « cimenté » pour les joules futures.
Tels sont les enseignements majeurs de ce match techniquement moyen mais non inintéressant, ne serait-ce qu'à cause de la « mort lente » que cette nouvelle défaite du S.C.O. suppose, bien évidemment.
Un S.C.O. où seul Antic a été à la hauteur de ses adversaires avec un Guillou et un Berdoll qui, malgré leurs grandes qualités personnelles sembleraient sombrer avec la faillite collective de leur équipe.
Avec les vainqueurs, Paulo Cezar, dont on a parlé par ailleurs, très astucieux, très intelligent, très vigilant, Albaladejo qui accumula les erreurs et plus encore le travail d'arrache-pied qu'il accomplit, Trésor, Lemée, à un moindre titre et Bereta, construisirent l'essentiel de la victoire marseillaise.
Paulo et ses arts
ANGERS. — Si un journaliste devait faire passer ses sentiments personnels avant l'objectivité ambiante, je serais de ceux qui ignoreraient superbement cet homme venu de loin et qui semble lui-même ignorer tellement les rudiments de notre civilisation occidentale...
Cela étant, un journaliste sportif se doit d'observer d'abord et avant tout un comportement dans son jugement par rapport aux vingt-deux joueurs qui se présentent sur le terrain s'il veut rendre compte d'un match sereinement.
Or force est bien de reconnaître que, dans cette optique, le Brésilien a apporté une note à la fois d'optimisme et de joie grâce à son comportement technique.
Il semble pourtant fragile — du moins suivant les « canons » généralement attribués à l'athlète. Erreur commune commise sur l'« autel » de la largeur des épaules et de l'épaisseur des cuisses.
Or Paulo Cezar, de ce point de vue, devrait être interdit de stade...
En outre son corps, apparemment débile, supporte une tête de vieillard. Or l'apparence de la tête est une chose, la réalité des jambes en est une autre et il se trouve que ces jambes s'actionnèrent remarquablement lors du match Angers-Marseille.
Ce qui répond très bien à nos critères sportifs et occidentaux.
Contre Angers, il y a tout ce que Paulo Cezar a fait — ce qui n'est pas négligeable — mais aussi tout ce qu'il a suggéré et je dirai même ce qu'il a été amené à faire, par exemple les « petits ponts », apparemment ratés et pourtant récupérés en contres, comme jadis le faisaient l'Italo-Argentin Sivori ou le Yougoslave Sekularak.
Lorsqu'on en a réussi une demi-douzaine dans un match, ce n'est plus un hasard, cela devient un système.
Il y a également, chez Paulo, ses arts : cet art de « ne pas y toucher » et pourtant de conserver le ballon malgré des situations assez souvent rendues difficiles par l'acharnement de ses adversaires. A ce propos, on préférerait que lesdits adversaires réservent leur « ire » et pas seulement parce qu'un grand joueur venu de loin risque de contrarier leurs desseins.
Car si le carnet de chèques de beaucoup de nos dirigeants est volontiers xénophile, le mollet de nos joueurs hexagonaux ne doit pas être pour autant xénophobe. Même s'il y a de grosses différences sur la feuille de paie.
Bref, Paulo Cezar a été bon à Angers et il nous est agréable de l'écrire plutôt que le contraire. On a même cru observer un commencement de collaboration utile avec Georges Bereta, cette autre vedette — certes moins exotique que le Brésilien mais vedette tout de même, si les mots ont un sens et les francs français un cours encore soutenu.
Entre le Brésilien et le Stéphanois, un pacte semble avoir été vraisemblablement passé, le déclic de l'un se mettant au service de la détermination de l'autre, et réciproquement.
Ce n'est peut-être pas un argument suffisant pour clamer que l'Olympique de Marseille a trouvé, avec un football collectif plus évident, une équipe de premier ordre. Il ne faut pas oublier que le S.C.O. Angers est dernier et risque fort, hélas ! de le rester encore très longtemps.
Il n'empêche — et pour en revenir à Paulo Cezar — qu'une certaine conscience de ses devoirs a peut-être pénétré celle du Brésilien. On n'ose pas penser que la sévère amende dont il a été l'objet récemment en est la cause directe.
Cependant, si c'était la seule façon pour qu'il s'accommode du football français, on devrait alors féliciter M. Méric, pour une fois.
Et même si le président marseillais, qui a vu, comme nous, Paulo dans ses arts, lui concédait un mode de remboursement à tempérament, il ne serait pas volé. Car, du tempérament, Paulo Cezar a également prouvé à Angers qu'il en possédait.
Et, pour peu que Jairzinho redevienne un joueur tout à fait valide, on pourrait voir le duo brésilien essayer de prouver qu'il n'est pas inférieur à la doublette française Bereta-Trésor.
Un « match » dont l'O.M. ne peut que se féliciter.
R. V.
Fiche technique
118.137 F
6.351 spect.
Arbitrage de M. Verbeke
L'Olympique de Marseille a gagné sans discussion ce match, bien qu'il soit sujet à caution sur le plan des péripéties : c'est ainsi qu'Albaladejo a ouvert le score (13e) sur un but marqué à la suite d'un hors-jeu indiscutable que tout le monde a vu, sauf — malheureusement pour les Angevins — le juge de touche.
Cela dit, Marseille méritait largement de gagner, aussi bien par la qualité légèrement supérieure du jeu qu'il a produit au cours des quatre-vingt-dix minutes que par les nombreuses occasions de but qui se sont offertes à lui.
Le second but réussi par Emon aurait dû être suivi d'un troisième lorsque Albaladejo se trouva seul devant le jeune gardien angevin Janin. C'est à ce moment que l'O.M. rata son bonus face à une équipe angevine désemparée et qui, malheureuse, il faut le dire, justifia sa position de dernière au classement.
Dans les vingt dernières minutes, les Angevins se révoltèrent, marquèrent un but, sur hors-jeu cette fois bien indiqué et un autre à la suite d'un cafouillage dont Antic se tira à son avantage.
Merci à France Football pour l'article et à cris72 pour les scans.