LYON-ANGERS (0-0)

Médiocrité, quand tu nous tiens

(Paul FISCHER)

LYON. — Fidèle à une tradition séculaire, la ville de Lyon avait revêtu dimanche dernier sa parure de lumière en posant — comme tous les 8 décembre — sur ses balcons et sur les bords de ses fenêtres et de ses vitrines, des milliers et des milliers de petites flammèches symboliques.

Ce gage de reconnaissance et de gratitude envers une vieille légende et ce visage d'une cité lumineuse n'avaient, évidemment, aucun rapport avec le match qui s'était disputé quelques heures auparavant entre les footballeurs d'Angers et de l'O.L.

Les spectateurs de Gerland n'avaient aucun motif de se réjouir. Non seulement on ne vit pas de but, mais les exploits accomplis au cours de cette partie pouvaient se compter sur les doigts d'une seule main.

Bien sûr, Angers, accouru avec des ambitions limitées au partage des points, s'est fort peu soucié des réactions que son comportement a eues sur le public, au demeurant fort clairsemé. Il a en ce moment d'autres chats à fouetter que de chercher à plaire ou à faire de la dentelle.

Bon dernier, il a opéré avec l'énergie du désespoir et a eu le courage de mettre provisoirement sur la touche des éléments fatigués et de les remplacer par des jeunes.

En alignant quatre joueurs qui totalisent tout juste quatre-vingts ans, à savoir Jean-Yves Citron, Patrice Augustin, Jacques Petiteau et André Ferri, les responsables angevins ont prouvé qu'il y a des changements sans risques et... des risques sans changement... dans le sens positif.

Citron et Ferri ont manœuvré avec l'enthousiasme attendu, alors que Petiteau et Augustin moins à l'aise s'étaient vu confier des fonctions offensives et par conséquent plus délicates.

Tandis qu'Angers a emmagasiné un point précieux qui peut être le coup d'envoi de son redressement, Lyon n'a pas trouvé son second souffle et a raté la plus belle des occasions pour refaire son retard sur Saint-Etienne, Reims et Bastia.

Mignot ne s'est pas expliqué les défaillances techniques et les faiblesses physiques manifestées par ses hommes, dont Pancho Gonzales a fort bien dit que Guillou et ses coéquipiers les avaient pris à la gorge et les avaient empêchés de jouer.

On devine que les responsables rhodaniens n'ont pas manqué de mettre l'accent sur la décision arbitrale et... arbitraire dont leur équipe a été la victime à la 57e minute quand M. Kitabdjian, alerté par son juge de touche, M. Susini, annula un but inscrit par Lacombe et qui nous avait paru fort valable.

Pour Mignot, cependant, l'annulation de ce but qui aurait pu être celui de la victoire, était une simple péripétie. Plus important et plus grave pour lui était le fléchissement individuel et collectif de sa formation qu'après la remarquable exhibition de Lille, rien n'excusait ni n'expliquait.

C'est seulement en compagnie de Guillou et de Chiesa que nous avons appareillé dimanche après-midi vers les rivages de la technique.

C'était, bien sûr, insuffisant pour arracher le match à la médiocrité et inciter l'assistance à l'indulgence et au pardon.

GONZALES « contre vents et marées »

— Ne craigniez-vous pas que malgré le point précieux glané à Lyon votre situation ne soit alarmante ?

— Alarmante ? Peut-être. Désespérée ? Non. Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.

— Et pourtant...

— Il reste dix-huit rencontres à disputer et 36 points à glaner, sans compter l'éventuel bénéfice du bonus. Tout est donc possible et contre vents et marées, je crois à notre maintien en Division I.

— Quelles sont vos raisons d'espérer ?

— En réalité, nous avons fait peu de mauvais matches, et rares sont les adversaires qui nous ont dominés en football pur. En somme, nous n'avons véritablement flanché que sur le plan de l'efficacité. D'ailleurs, le match de Lyon en est une preuve supplémentaire.

— Votre retard sur les deux formations qui vous précèdent au classement ne vous parait-il pas insurmontable ?

— Non. Si notre défense évolue avec la sûreté et le brio démontrés dimanche passé au stade de Gerland, tout peut encore arriver. Seule l'attaque me pose des problèmes. Cependant, là aussi tout semble s'améliorer, puisque, à l'image de tous ses coéquipiers, Berdoll se trouve sur la voie du renouveau. N'oubliez pas que nous avons inscrit huit buts à l'extérieur, ce qui est évidemment peu, mais à l'examen, vous constaterez que nombreux sont ceux qui n'ont guère fait mieux que nous.

- Et Guillou ?

— C'est bien sûr notre élément modérateur et notre guide. Il en fait peut-être trop. Or, s'il en faisait un peu moins, ce serait quelquefois mieux.

Merci à France Football pour l'article et à cris72 pour le scan.