ANGERS-BREST (5-2)
TONNERRE DE BREST !
(Robert VERGNE)
ANGERS. — Selon la formule consacrée, les spectateurs en ont eu vraiment pour leur argent. Non que la revanche d'Angers-Brest ait atteint des sommets himmalayiens de technique ou d'envolées collectives, mais bien à cause du scénario, bien aidé en l'occurrence par le nouveau règlement de la Coupe de France, impliquant que les buts acquis sur terrain adverse comptent double en cas d'égalité globale au score.
Ce qui fut le cas à deux reprises au cours de cette soirée mouvementée, la troisième s'avérant la bonne pour les Angevins à une minute de la fin.
Huit jours après le premier tour des élections municipales, c'est le SCO qui subit un ballottage des plus difficiles, ô combien !
Tout avait pourtant commencé au mieux des intérêts du SCO : trois buts en moins d'un quart d'heure, ce n'est pas chose fréquente. On devait cet exploit essentiellement à B. Lech qui marquait le premier et le troisième but après avoir permis à Edwige, grâce à sa parfaite remise en « une-deux », d'inscrire le second point pour l'équipe angevine.
3-0 donc, c'était extraordinaire et plus d'un des nombreux supporters bretons envisageait alors le « carton » cruel qui marque la vie d'un club. C'était compter sans l'énergie pourtant légendaire de ces Bretons au maillot rouge comme Liverpool et qui s'accrochèrent à un espoir insensé comme à une bouée. Et Lenoir devait matérialiser cette foi en l'avenir, d'un coup de tête qui ressemblait à une révolte contre le destin.
3-1 : c'était à nouveau Brest qui se trouvait qualifié. Amersek ayant redonné au début de la seconde mi-temps son avance de 3 buts au SCO, celui-ci pouvait de nouveau entrevoir la qualification. D'autant que la fatigue se faisait légitimement sentir chez les Bretons.
Pas suffisamment cependant pour empêcher Lenoir de centrer parfaitement sur Floch et « Loulou », le chéri du Parc des princes, amena le deuxième suspense de la soirée grâce à son but obtenu à l'arrachée. Car Brest était de nouveau qualifié â un quart d'heure près le dernier. Quinze minutes d'émotion, de tension, la dernière s'avèrant fatidique : l'arbitre M. Bancourt décida en effet de siffler un coup franc pour un accrochage sans gravité ni préméditation, de notre point de vue, de la part de Le Bihan sur Ferri. La chute de l'Angevin amena cependant l'arbitre à prendre cette décision. Bernard Lech cherchait l'angle le plus favorable pour tromper Tréguer lorsqu'il vit Cassan, venir derrière et s'infiltrer dans le « paquet ». Il lui adressa une passe parfaite et le petit arrière angevin tira dans sa foulée, peut-être même en fermant les yeux.
But : et cette fois la décision devenait sans appel car il ne restait qu'une minute à jouer, plus les arrêts de jeu. Angers était définitivement qualifié, la foudre et le tonnerre s'abattaient sur les Brestois qui ne méritaient assurément pas cela. Surtout De Martigny, le capitaine, pas seulement courageux, mais toujours aussi avisé, clairvoyant, qui sut, par son sang-froid, calmer l'ardeur parfois désordonnée parce que trop impétueuse de ses partenaires. Parmi ceux-ci Pierre Le Bihan, le plus calme des défenseurs, Lenoir à la grande activité, Floch toujours menaçant et le gaucher Gall, justifièrent largement la confiance que leurs supporters avaient placée en eux. Au SCO, il y eut Bernard Lech, bien sûr, auteur de deux buts et « co-auteur » de deux autres. Mais également Edwige, remarquablement reconverti en joueur de milieu de terrain, Ferri qui s'intégra intelligemment à son attaque en se déportant souvent sur la droite, Cassan avisé et Brulez toujours aussi puissant, contribuèrent pour une large part à cet heureux dénouement pour le SCO.
Article France Football. Scan cris72.
Pour mémoire, Brest avait gagné 2-0 à l'aller. Merci à France Football pour l'article et à cris72 pour le scan.