BERDOLL, ce paradoxe
Marc Berdoll, l'exception qui confirme la règle... Ne nous leurrons pas : lorsqu'un footballeur français va chercher conquête et aventure à l'étranger, c'est tout simplement pour la bonne raison qu'il a réussi, dans notre hexagone, à se tailler une solide réputation, à obtenir des résultats tangibles et à s'être « fait un nom ».
Les Raymond Kopa, Antoine Bonifaci, Maryan Wisnieski, Gérard Hausser, Nestor Combin et autres Gilbert Gress firent, par le passé, partie de ces rares footballeurs français à intéresser nos voisins européens. Ils étaient tous internationaux de longue date avant de franchir les frontières.
Marc Berdoll est encore un débutant. On est même tenté d'écrire : débutant sur tous les plans. Et le voila pourtant au F.C. Sarrebruck, club promu en Bundesliga cette saison. L'Angevin opposé aux Schwarzenbeck, Beckenbauer et Vogts, voilà qui vaudra le déplacement !
Sarrebruck, c'est presque la France. Et on devine que les dirigeants avaient une petite idée derrière la tête en engageant l'enfant terrible du S.C.O. d'Angers et en faisant les yeux doux au Nancéien Michel Platini. Manifestement, Sarrebruck cherche à attirer une clientèle française, tout comme Metz, en s'assurant les services de Nico Braun, voulait faire les yeux doux aux Luxembourgeois, au stade Saint-Symphorien. C'est de bonne guerre.
Marc Berdoll a parait-il, déjà beaucoup changé. Le jeune homme insouciant va devenir père pour la deuxième fois. Le « hippie » s'est fait une conduite : il s'est coupé les cheveux pour faire plaisir à sa femme, originaire de l'Est de la France et qui fut pour beaucoup dans la décision de Marc de venir tenter sa chance à Sarrebruck.
Son nouvel entraineur, le Yougoslave Slobodan Cendic ne tarit pas d'éloges sur l'ex-Angevin, travailleur acharné à l'entraînement, excellent camarade, doué pour le poste si délicat d'avant-centre, buteur patenté des deux pieds. Sarrebruck, qui a mis la main à la poche, a engagé un grand joueur yougoslave, Acimovic et l'entente Acimovic-Berdoll pourrait bientôt porter ses fruits et permettre à l'attaquant français d'extérioriser encore davantage ses immenses possibilités.
Sur le plan anecdotique, il est curieux de noter qu'Acimovic — c'est mondialement connu — est un grand amateur de... pâtisseries et que Marc Berdoll n'est jamais le dernier à griller une cigarette. Comme quoi, les bons joueurs ont aussi leurs petits pêchés mignons.
On souhaite à Marc Berdoll une carrière fructueuse. Il en a incontestablement les moyens physiques et techniques, dans cette Bundesliga si exigeante, si ardue, si périlleuse.
Mais on regrettera (peut-être, par chauvinisme) qu'aucun club français n'ait cru bon d'engager cet avant-centre de 23 ans. Il nous souvient que Saint-Etienne, l'an passé, s'intéressait énormément à ce prodige. L 'A.S.S.E. connait aujourd'hui un grave problème au centre de son attaque. D'autres clubs, comme Nice, Marseille, Bastia ou tout simplement... Angers, se plaignent plus ou moins amèrement du manque évident d'attaquants de pointe, en France.
L'occasion était belle. Décidément, le football français n'en est pas à un paradoxe près. Les clubs ne prennent en considération que les grands noms d'attaquants européens ou sud-américains. Pour une fois qu'il en existait un, chez nous... il est parti, à l'étranger.
Berdoll : des buts, toujours des buts... mais pour la Bundesliga.
Article Football Magazine. Scan de cris72.