BERDOLL s'empare du fief bourguignon
GUEUGNON (de notre envoyé spécial). — Dix-huit mois d'invincibilité à domicile, c'est la performance réalisée par le F.C. Gueugnon, sur un total de vingt-quatre matches. Au vingt-cinquième, Berdoll pénétra sur le terrain, insouciant de ce record de longévité, le maillot tombant sur le short, un bout de sparadrap signalant ses fonctions de capitaine.
Dès la sixième minute de jeu, le chef de bande porta le premier coup. En utilisant prestement une ouverture d'Edwige, il redressa la trajectoire du ballon en pleine course, le gardien Bas, sorti en désespoir de cause, ne put que constater les dégâts. Et le Portugais Coelho, affecté à la surveillance de Berdoll, fut de rechef exilé au poste d'arrière gauche.
Par malheur, pour les Bourguignons, le second garde du corps, Chaussin, connut lui aussi bien des misères. Et notamment, à l'instant où l'heure de jeu sonnait. Il était lobé, par un service de Cassan, la défense n'eut pas le temps de se retourner. A l'affût, Berdoll avait expédié de volée, son second ballon dans la cage.
GRIFONI ET LA CHANCE
Etre mené deux à zéro, Gueugnon n'avait pas subi chez lui un tel affront depuis longtemps. Le S.C.O. d'autrefois, celui-là même qui faisait cavalier seul en deuxièm division en 68-69, avait souffert mille misères pour se qualifier, en coupe, dans les mêmes lieux.
Pourtant, dans les rangs angevins, un homme croyait en sa chance. Avec Cannes, Grifoni était venu deux fois gagner ici, les saisons passées. Et la chance le servit. D'abord, lorsqu'il relâcha un ballon d'entrée au bénéfice de Trinvio (3'). Refroidi, il hésita sur la conduite à tenir face aux balles aériennes qui traversaient sa zone. Cela permit à Duch de placer une reprise de la tête sur la barre transversale (13'). Le ballon rebondit à deux mètres des buts, dans les pieds d'Albert. Maladroit, celui-ci l'expédia dans les nuages.
L'étoile du gardien angevin brillait à nouveau, il repoussa un essai en force de l'impétueux Duch (24') qui vint s'empaler sur lui, les pieds en avant, dix minutes après. A peine relevé, Grifoni prouva la qualité de ses réflexes face à une tête de Godot, monté en première ligne (38').
Après la pause, il annihila deux entreprises de Guenot (62' et 64'). Hélas en la deuxième circonstance, l'inévitable Duch avait suivi et réduisit l'écart. Enfin, clou de cette soirée riche en émotions, Grifoni se jeta au travers de la route de Clopin, le bouscula. Penalty. Le sobre et flegmatique « libero » Godot expédia le ballon à côté (79').
Cela n'empêcha pas une fin difficile pour le S.C.O., sauvé sur deux « coups durs » par la présence d'esprit de Brulez et de Pauvert (82' et 83').
CASSAN DANS SES ŒUVRES
Pour obtenir ce résultat remarquable, compte tenu de la valeur de Gueugnon et de sa conviction de tenir un fief imprenable, les Angevins se révélèrent capables de suivre une cadence endiablée rythmée par l'excellent tandem J-Cl. Berthommier, Sanchez, dans l'entre jeu. Ils surent aussi parfois stopper cet élan par des périodes de gel du ballon. Sur ce plan là, l'apport de Le Chatelier et de Le Boedec fut appréciable. Et la relance favorisée par le placement judicieux de Damjanovic qui ouvrait des angles, déboucha sur des accélérations dont Berdoll signa l'aboutissement.
Mais Cassan et Edwige ne se privèrent pas. A Montluçon, le premier avait donné l'impulsion au début d'un match que le second termina à toute allure. Ils inversèrent les rôles à Gueugnon. Plus les minutes passaient et plus les dribbles de Cassan perforaient les lignes adverses. Histoire de fêter son 26e anniversaire. Il parut même en mesure de marquer le troisième but angevin, en surgissant devant Bas sur un coup franc botté par Augustin. La reprise de la tête fut trop enlevée (74'). Les occasions angevines ne se limitèrent pas là. Dès la reprise, Brulez, après une remarquable action menée de pair avec Damjanovic, Berdoll et Augustin, s'emmêla les jambes, seul, en face des buts (48'). Ferri par un lob astucieux surprit Bas ; la balle retomba sur l'extérieur du filet (68'). Et surtout, juste après le penalty manqué, Augustin expédia un coup d'assommoir aux adversaires. Il prit tout le monde de vitesse, évita Bas par un « grand pont » et glissa tranquillement le ballon dans les buts (81'). Le juge de touche, qui n'avait pas bronché jusqu'alors, revint vers le centre du terrain et... leva son drapeau. But annulé. La victoire restait cependant acquise.
Michel BIHAN.
Augustin et Le Chatelier ont reçu tous deux un avertissement pour des vétilles. Par contre, Duch et Clopin, auteurs de plusieurs agressions, ne furent jamais sanctionnés.
Article Ouest-France. Etoiles France Football. Scans de cris72.