COMME DES INSECTES SUR LA VITRE
ANGERS. — Du train de Paris, ils débarquèrent gare St-Laud, à 16 h 18. A 01 h 35, ils remontaient dans leur wagon de deuxième classe. Une telle précipitation manifestait bien que le tourisme était banni du programme des footballeurs de Chaumont. Leur image de marque, ils ne s'en préoccupaient guère. Ce qui comptait, c'était bien d'en faire baver le plus possible aux riches (hum) !, aux forts et aux puissants (de reputation !)
L'autre semaine, le Cannois Isnard, rentrant de Chaumont, stupéfiait le petit monde du football en déclarant : « J'ai rarement pris autant de coups que samedi à Chaumont ». Parole d'expert.
De fait, les pieds voltigeaient gaiement dans les lignes arrières, tant que les adversaires se sentirent des ressources suffisantes pour appliquer en permanence la loi du surnombre en leur faveur.
Au cours de la seconde période, la précipitation et le manque de clairvoyance des Angevins allaient au contraire de leurs desseins et de leurs intérêts. S'ils marquèrent deux buts, cinq ou six autres, peut-être davantage, qui paraissaient imminents à conclure, ne furent pas réalisés. Tant d'occasions que Berdoll, mal inspiré, ou Augustin, besogneux, laissèrent passer. Et avec elles, la certitude d'une bonification.
L'absence de contrôle fut si évidente que les situations confuses abondèrent, jusqu'à engendrer des affrontements entre Cassan et Mugnier, que la bonhomie de M. Bacou pénalisa d'un carton jaune qui aurait viré au rouge avec un homme plus ferme.
REACTION D'ORGUEIL DE LE BOEDEC
Brocardé dès l'annonce de sa participation, au micro, l'ex-Marseillais semble rester insensible aux quolibets du public. De longues et nettes ouvertures à destination des ailes, un bon placement, tout cela prouvait son sens du football. Pour parapher son retour en scène, comme un acteur un peu cabotin qui cherche à renverser la faveur des spectateurs, il se paya le luxe d'ouvrir la marque. Au bout de 43 minutes de jeu, assez existantes, il mit un terme victorieux à une action menée par Edwige et Boskovic.
Mais jusque-là, les Angevins butèrent comme des insectes sur une vitre à neuf ou dix parois.
Malgré l'activité d'Edwige, l'esprit offensif de Cassan stoppé en plein élan pour hors-jeu imaginaire (13'), malgré la position plus avancée de Boskovic.
Le fougueux Chenevotot raccrochait des balles impossibles et Berdoll, sur un service de Pauvert, parut pétrifié après avoir évité la sortie de Halara (17').
Angers, qu'on ne pouvait cette fois accuser de timidité, perdit en outre son « libero » Damjanovic, victime d'un accident musculaire en buttant avec Chastin (25'). Le seul Chaumontais qui inquiéta Griffoni, avec Corderio, qui résistant au retour de Pauvert, devenu coureur, plaça une balle du plat du pied au-dessus des buts (45').
DE CAFOUILLAGE EN SAUVETAGES
La faiblesse de leurs moyens techniques, les pénibles conditions de déplacement, ne firent pas des visiteurs des victimes résignées. Ils poussèrent et repoussèrent, se mirent à plat-ventre pour ne pas succomber trop lourdement, Berdoll et Augustin ne retrouvant pas leur sens du but (48', 49', 51', 53'), on pouvait craindre le statu-quo.
Edwige, profitant d'une remise de la tête de Berdoll qui avait précédemment tiré sur la barre, redonna de l'espoir par une reprise sans appel (62'). Mais la défense adverse frisait l'héroïsme. Chenevotot fut à quelques centimètres près, en passe d'inscrire le troisième but, en détournant un centre d'Augustin (73'). Mais le chiffre « 3 » ne s'apposa pas au tableau d'affichage.
Le gardien Malara, repoussant au petit bonheur un tir à ras-de-terre de Laurier (82'), un essai en force d'Augustin (88') et un centre en retrait de ce dernier joueur (89').
Selon le médecin du club, l'absence de Damjanovic (remplacé numériquement par Guillon) ne devrait pas excéder quinze jours.
Michel BIHAN
LES EQUIPES
Angers. — Griffoni, Cassan, Brulez, Damjanovic, (puis Guillon 26'), Laurier, Le Boédec, Pauvert, Boskovic, Berdoll, Edwige, Augustin.
Chaumont. — Malara, Ch. Liautey, Mugnier, Chenevotot, Barellas, Bozzolini, J.-M. Liautey, Czekaj, Thevenin (puis Saar 52'), Cordeiro, Chastin.
L'article provient de Ouest-France et les étoiles proviennent de France Football. Scans par cris72, merci à lui.