ANGERS : ON CHANGE TOUT !
L'entraîneur VASOVIC
AU S.C.O., la page est tournée. « L'après - Guillou » commence. C'est une formation complètement transformée qui va tenter de retrouver la division I. Plus qu'un objectif pour les joueurs de Vasovic : un impératif, car la situation financière du club n'est pas très brillante.
Avec une subvention municipale qui sera réduite et se montera à environ 60 millions AF (au lieu de 80), une moyenne d'affluence de 6.200 spectateurs, le S.C.O. dont le budget pour la saison 75/76 sera de 450 million AF, a été obligé de changer son train de vie. « Je ne crois pas que notre descente en seconde division va modifier le comportement des grands amateurs de football dans notre ville, dit le directeur sportif M. Lacoste. Nous restons quand même méfiants car je me souviens que lorsque nous sommes remontés en 68/69, nous n'avions réalisé que 5.100 spectateurs de moyenne.
Cette austérité explique pourquoi le club angevin n'a pas fait beaucoup parlé de lui pendant la période des transferts. Guillou parti, Antic qu'on a rien fait pour retenir et Bourdel, un droit à la retraite bien gagné, n'ont été remplacés que par le Yougoslave Bosjkovic et par l'ex-Strasbourgeois Pauvert.
On comptera donc sur les valeurs sûres du club : Berdoll, qui a été nommé capitaine, afin qu'il se sente vraiment « concerné » et Edwige, devenu milieu de terrain. Sur les jeunes aussi : le grand espoir Ferri, Cassan et Citron.
Bosjkovic, choisi par Vasovic, sera le « moteur » de la nouvelle équipe. Cet ancien joueur des Partizan de Belgrade possède des qualités physiques impressionnantes qui lui permettent de travailler pendant 90 minutes. Aussi bien devant que derrière. C'est aussi un spécialiste des longues transversales. Ce qu'on pourrait appeler un footballeur « tout terrain ».
On est loin, on le voit, du football élégant et brillant de Guillou. Le temps du romantisme est passé. On change tout. Angers va devenir réaliste à l'image de l'ancien libéro d'Ajax.
Il suffit d'ailleurs d'écouter Vasovic.
« Je sais que chaque rencontre en seconde division est un véritable match de Coupe. Ce sera très dur. Mais nous nous sommes préparés en conséquence. Une seule ligne de conduite : la rigueur. »
Rigueur c'est un mot qui revient souvent dans la conversation de Vasovic. Les Angevins ont pu s'apercevoir au cours des longs entraînements (mais jamais fastidieux) qu'il ne s'agissait pas là d'une clause de style. Vasovic les a fait travailler d'arrache-pied.
Le Yougoslave a, d'ailleurs, mis au point une tactique qui en dit long sur ses projets.
Angers jouera avec une défense très fermée : un libero (schéma classique) qui sera Damjanovic mais possédera deux stoppeurs (innovation) en la personne de Brulez et Pauvert. Cette défense centrale très solide devrait permettre selon les plans de l'entraîneur aux arrières latéraux d'avoir plus de latitude pour attaquer.
En milieu de terrain : trois, l'inusable Bojskovic avec Edwige et Ferri.
L'attaque se réduira à un duo : Berdoll et Augustin.
Cette équipe hérissée en défense, « cet Angers à l'Italienne » ou plutôt à la Yougoslave est très éloignée de la tradition du S.C.O. Fini le football léché, le jeu en dentelle : place au football de combat !
Une transformation qui inquiète bien un peu les supporters, attachés à la renommée de leur club, mais il en faut d'autre pour émouvoir Vasovic.
« L'essentiel pour nous sera de prendre le maximum de bonus à domicile. »
On se demande comment les Angevins s'y prendront pour remporter des victoires par 3 buts d'écart avec seulement deux attaquants ? Espérons...
On se souvient en effet ici de la fameuse ligne d'avants Margottin - Dubaele - Dogliani - Roy, celle qui réussit 128 buts (record) en 68/69 et ramena le S.C.O. en première division avec 21 bonus et 86 points en 40 matches.
Il paraît cependant que les Angevins ont très bien assimilé les méthodes de Vasovic, qu'ils jouent le contre à merveille et essaient de se rapprocher du « football total » prôné par leur entraîneur.
Reste à savoir si le public, habitué à un jeu collectif et offensif, suivra.
Cest la question qu'on se pose, et elle n'est pas sans importance. Qu'on n'oublie pas : 6.500 spectateurs de moyenne.
Et pour ce qui concerne l'aspect technique de la question, réponse ce soir contre Nevers.
Philippe LECLERC
Merci à BUT pour l'article et à cris72 pour le scan.