Cet article, écrit par Jacques Thibert dans son Année du Football 1976, raconte le quart de finale de Coupe de France entre Marseille et Angers.
Quand Monsieur Albert se fâche
Des huit quart-finalistes, l'O.M. semble le mieux loti. Il rencontre en effet le S.C.O. d'Angers, équipe de Division II qui lutte pour l'accession directe en Division I et qui a donc bien d'autres soucis en tête que de se lancer dans l'aventure de la Coupe. Avec cinq joueurs issus des divisions inférieures et encore amateurs la saison précédente, le S.C.O. ne semble pas de taille à rivaliser avec les géants de l'O.M., aussi discrets soient-ils dans leur expression du moment.
Mais ce S.C.O. a de la qualité et du panache. L'arrivée de Bernard Lech en son sein, après la trêve d'hiver, lui a donné un potentiel offensif très appréciable. Berdoll trépigne comme un junior et l'équipe a confiance en elle-même. A Angers, sur son terrain et devant, tenez-vous bien, 17 556 spectateurs, le S.C.O. joue comme un vieux routier professionnel. Il gagne 1-0 (Lech, 65e) mais il pourrait tout aussi bien gagner par deux ou trois buts d'écart tant sa domination a été nette. Sans les exploits de Gérard Migeon, le gardien marseillais, c'est assurément ce qui serait arrivé.
D'ailleurs, au match-retour, l'O.M. n'est pas à la fête. Il a reconstitué l'équipe victorieuse de Reims avec Fernandez-Buigues-Noguès en milieu de terrain et Bereta au numéro 11. A la mi-temps, Emon a remplacé Yazalde blessé, alors que le score est toujours de 0-0.
Il n'est pas content, Emon. International en titre et louange de toutes parts, il
s'est retrouvé douzième homme à l'O.M., abandonné de tous y compris de la Bonne Mère. Skoblar, présent à Marseille, s'en est étonné : « Quand on a la chance d'avoir un attaquant de cette valeur, on le fait jouer ! »
Emon rentre donc, animé d'un terrible esprit revanchard. Il va être à la naissance des deux buts olympiens, deux buts longs à dessiner et arrachés à la force des baïonnettes. Marius Trésor, le premier, monte à la hauteur d'un pommier pour reprendre de la tête un ballon tiré sur corner (60e). Buigues, le second, exploite un centre de Lemée lancé par Emon (85e). Il était temps et l'on se dit que, décidément, l'O.M. est incorrigible.
Emon lui, met les points sur les i. « Je n'ai pas du tout l'intention, déclare-t-il, de jouer éternellement le douzième homme. Si l'on ne me fait plus confiance, qu'on me le dise. Je n'aurai pas de peine à trouver un autre club. » Monsieur Albert a quelque chose du caractère de son maître, M. Josip Skoblar. Il ne sait pas encore qu'une sérieuse blessure va écourter sa saison et l'empêcher de participer à la fête du Parc.
1975-76, quart de finale Coupe de France
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