Angers : enfin la bonne année ?
Evoluant depuis onze saisons en Division II, le club angevin espère (enfin) retrouver l'élite dans quelques mois. Comptant actuellement quatre points d'avance sur Valenciennes, le S.C.O. est en position très favorable. Mais son président, le docteur Jacques Tondut, se garde bien de tout diagnostic définitif. Pour lui, la priorité consiste d'abord à obtenir un point ce week-end à Amiens avant de recevoir Vaienciennes le 31 janvier. Pour un match au sommet. La véritable finale du groupe A. Interview avec un président relativement optimiste et serein.
Avec quatre points d'avance à la trêve, le S.C.O. d'Angers peut-il d'ores et déjà se considérer en Division I ?
- Jacques Tondut : Pas du tout. Nous sommes simplement leaders du groupe A. Et dans une situation favorable. Je ne ferai pas comme le président de Valenciennes, qui voilà quelques semaines, avait affirmé que son équipe ne lâcherait plus la première place lorsqu'elle s'est retrouvée en tête du groupe A, il faut bien se garder de déclarations définitives. Tout peut aller très vite. Dans un sens ou dans un autre...
- Une telle marge sur le second doit pouvoir vous permettre d'envisager l'avenir avec confiance ?
- J.T. : Quatre points, c'est peu et beaucoup à la fois. Si nous commettons quelques faux-pas, nos principaux adversaires auront vite fait de nous rejoindre au classement. En revanche, si nous redémarrons la compétition dans une semaine par un nouveau succès aux dépens d'Amiens, nous compterons alors six points d'avance sur Valenciennes.
- Lequel en sera réduit le 18 janvier au chômage technique puisque son match contre Brest est annulé !
- J.T. : Oui. Alors nous devons en profiter. Et ramener un point pour notre premier déplacement de l'année à Amiens. Car après le huitième tour de la Coupe de France, nous accueillerons Valenciennes pour, en quelque sorte, la finale de ce groupe A.
- En cas de succès ce soir-là, votre club pourrait véritablement envisager l'accession directe en Division I ?
- J.T. : Effectivement, une victoire contre l'équipe nordiste nous placerait dans une situation très favorable. Mais il resterait encore neuf journées de championnat. Dès lors, il ne faudrait pas encore se croire en Division I.
- Après onze saisons en Division II, cette montée serait quand même un événement en Anjou ?
- J.T. : Oh oui ! Car onze années, ça fait tout de même beaucoup. Nos supporters en ont marre, je crois, de voir toujours les mêmes équipes. Ils veulent revoir l'élite du football français au stade Jean-Bouin. Notre retour en Division I provoquera un engouement important. En ville et dans notre région. J'en suis convaincu.
- Depuis la chute du S.C.O. en Division II en juin 1981, votre public n'attendait que cela en fait !
- J.T. : Oui. Vous ne pouvez pas imaginer les réactions des supporters. Tous les jours ou presque, on me parle de l'époque des Guillou, Poli et Berdoll. Et de la belle époque du S.C.O. Onze années après, c'est quand même formidable. Cela témoigne d'un profond amour pour le football de haut niveau.
- Si le S.C.O. remonte, vous êtes donc confiant ?
- J.T. : Au niveau du public, je n'ai pas d'inquiétude particulière. La saison dernière, nous avons réalisé une moyenne de 6.000 spectateurs. Ce qui est très convenable en Division II. cette année, nous tournons autour de six mille. En cas d'accession, nous pourrions alors espérer une moyenne de huit mille. Mais pas plus pour notre première saison. Nous ne ferons jamais quinze mille spectateurs de moyenne à Angers.
- La venue des ténors du championnat pourrait tout de même attirer la grande foule au stade Jean-Bouin ?
- J.T. : Effectivement, des équipes comme Marseille, Monaco, Paris S.G., Saint-Etienne ou Nantes, devraient légitimement remplir notre stade. Depuis plus de onze ans, notre public n'a pas eu le plaisir de voir toutes ces grandes équipes. Alors la saison prochaine devrait nous permettre de réaliser de belles affluences.
- En dehors de l'aspect populaire, comment se présente votre éventuel retour en Division I ?
- J.T. : Dans de bonnes conditions. Voilà quelques semaines, une commission a été créée par la mairie et le conseil général pour envisager les différents problèmes soulevés par cette montée. Alors en mai prochain, si nous sommes à ce moment-là en Division I, nous ne serons pas pris de court.
- Quel est votre budget cette saison en Division II ?
- J.T. : 1,7 milliard de centimes. Un budget qui est sans doute l'un des plus faibles de cette division. Mais à Angers, on se débrouille bien avec nos moyens. Dans le cadre d'une montée en Division I, le budget serait bien sûr en hausse. Mais même en Division I, nous demeurerions très sages.
- Envisagez-vous de modifier largement votre effectif en cas de montée ?
- J.T. : Pas du tout. Je ne suis pas un coupeur de tête. A Angers, nous sommes plutôt des sentimentaux. Alors on gardera le groupe dans son intégralité. Sauf, si certains souhaitent partir absolument... Mais on se renforcera aussi. Pour pouvoir espérer se maintenir.
- Et votre entraîneur Hervé Gauthier ?
- J.T. : Il lui restera en mai prochain un an de contrat avec le S.C.O. Et il n'y a donc aucune raison pour qu'il s'en aille. Hervé est un coach de valeur qui souhaite exprimer ses qualités en Division I.
- Par ailleurs, vous avez dès maintenant trouver un nouveau sponsor pour la saison prochaine ?
- J.T. : Oui. Depuis le début de cette saison, nous n'avions pas de sponsor. Et cela nous créait un problème. Mais je peux déjà compter sur un sponsor d'envergure nationale pour la saison future. En cas de montée en Division 1 bien sûr. Permettez-moi cependant de ne pas pouvoir citer son nom.
- Les prochains mois vont-ils être stressants pour vous et vos amis du comité de gestion ?
- J.T. : Ils le seront peut-être pour quelques dirigeants. Mais pas pour les joueurs. Ces derniers sont en bonne position. S'ils gagnent à Amiens puis à domicile contre Valenciennes, la route de la Division I sera plus dégagée. C'est le discours que je leur ai tenu lors de ma présentation des voeux pour la nouvelle année.
Jean-Marie Aubry, dernier rempart de la formation angevine souhaite réaliser son rêve : évoluer en première division. Il y croit comme son président, Jacques Tondut, mais demeure prudent.
Interview réalisée par Xavier MORAND.
Merci à FOOT du 18 janvier 1992 pour l'article et à Marc M. pour les scans.