André BARTHELEMY

BARTHELEMY, l'inconnu dans la maison

Nom : Barthélémy ; Prénom : André ; né le 4 Décembre 1953 à Valence. 1 m 75 pour 72 kg. Stagiaire au SCO d'Angers. Vient de Montélimar.

Lorsque le Championnat s'engagea en août dernier, personne ou presque ne connaissait le nouvel avant-centre d'Angers. Or, Barthélémy s'est très vite taillé une solide réputation de buteur émérite. Au point que les supporters angevins du Stade Jean-Bouin ne jurent plus aujourd'hui que par lui et que Marc Berdoll, l'ancien canonnier numéro 1 du club parti à Sarrebruck, est presque oublié. C'est une sacrée gageure que réussit là ce garçon qui découvre avec émerveillement le professionnalisme.

Aimé Mignot, l'entraîneur angevin peut se vanter d'avoir été bien inspiré en l'amenant dans ses bagages en Anjou. C'est au cours d'un stage d'amateurs de la région Rhône-Alpes qu'il dirigeait la saison dernière que Mignot découvrit les qualités étonnantes de celui qui faisait alors an Division d'Honneur les beaux jours de Montélimar. Edmond Boulle, son entraîneur, le recommanda à Mignot qui, remercié par Lyon, décida Barthélémy à le suivre è Angers.

La suite, on la connaît. Dès les premiers matches amicaux d'avant-saison, son jeune protégé s'intégra sans problèmes au sein de l'attaque angevine. Il n'y avait aucune raison pour qu'une chance ne lui soit pas donnée en Championnat. Barthélémy l'a saisie au bond.

— « La Division I, dit-il, est évidemment autrement plus dure que les rencontres que j'avais l'habitude de disputer. Mais grâce au fond de jeu très technique de l'équipe et aussi à la confiance dont m'ont tout de suite entouré mes partenaires, j'ai pu m'exprimer sans complexes. J'ai encore bien des choses à apprendre dans tous les domaines. Mais j'avoue que je n'espérais pas m'imposer aussi rapidement à cet échelon ». Quelle réussite en effet ! En quelques mois, André est devenu un quart-centre redouté. Il talonne même au classement des buteurs les grands réalisateurs du Championnat. Son plus grand exploit, il l'a signé contre Nice en marquant quatre buts à lui tout seul au gardien de l'équipe de France, Dominique Baratelli. Ce dernier n'avait pas souvent au cours de sa carrière connu pareille mésaventure !

Pour l'instant, Barthélémy ne se berce pas d'illusions. Il sait que l'expérience est une longue patience et il travaille sans rechigner à l'entraînement. Avec l'aide d'un Bernard Lech qui s'y entend comme personne pour le lancer dans les meilleures conditions, avec à ses côtés des joueurs aussi habiles qu'Edwige ou Amersek, il n'a sans doute pas fini de surprendre et de s'améliorer.

Il est encore très jeune — et pour cause ! — dans le professionnalisme. Mais son grand avantage est de ne nourrir aucun complexe devant qui que ce soit. En novembre dernier, il affrontait pour la première les Stéphanois. St-Etienne, c'était pour lui, le modèle. Le sommet un peu inaccessible auquel il avait rêvé bien des fois en suivant à la TV les matches de Coupe d'Europe des « Verts ». Or, une fois sur le terrain face à Piazza ou à Lopez, il s'est battu comme un lion et a d'ailleurs battu Curkovic une fois.

André est le type même de l'avant-centre rapide, déterminé et opportuniste. Il ne faut pas devant lui laisser traîner un ballon dans la surface de réparation. Il n'hésite pas à balayer tout le front de l'attaque et à se servir de son tir des deux pieds pour tenter sa chance. Ce n'est peut-être pas un styliste hors-pair mais il possède une bonne technique en mouvement et par-dessus tout ce don qui n'appartient qu'à quelques uns : le punch. Cette faculté de transformer en but dans toutes les positions la moindre petite occasion qui se présente.

Il va poursuivre sagement en élève consciencieux qu'il est son apprentissage de la Division I. Il sait qu'à ce niveau, une impitoyable préparation quotidienne est indispensable. Mais il adore le football et ce n'est pas au moment où le destin lui fait un signe de la main qu'il va s'arrêter en si bon chemin.

— « Je signerai mon premier contrat pro la saison prochaine. Et si l'on veut de moi, je souhaite rester à Angers ».

Le SCO ne se fera sûrement pas tirer l'oreille. Il tient trop à André Barthélémy que Michel Hidalgo lui-même commence à suivre de près.

Il est rare, très rare qu'un joueur de son âge qui n'avait pas quitté les compétitions amateurs éclate ainsi chez les pros. Sans transition. Sa réussite foudroyante signifie également qu'il y a d'autres joueurs d'avenir en France. Encore faut-il les trouver, les convaincre et leur donner leur chance. Ce qu'a su faire Angers.


Merci à cris72 pour l'article et les photos.