André Barthélémy : un conte de fées
ANGERS (Tony Effling). — S'il est un joueur qui vit un véritable conte de fées dans le football français c'est bien André Barthélémy, nouveau centre avant du SCO.
Né en décembre 1953, à Valence, ce jeune homme de vingt-deux ans parvient à peine à croire ce qui lui arrive.
Encore inconnu de tous les ferveurs du football, il vient de réussir deux très beaux buts contre Nancy dès son premier match en Division I.
En vérité, cela ne serait peut-être pas suffisant pour être pris en considération si Barthélémy n'avait mérité la confiance de son entraîneur Aimé Mignot en réussissant auparavant sept buts en six matches : un contre Bordeaux, deux contre Laval, un contre Rennes en Suisse, deux contre Lucerne et un contre Rennes à La Baule, ce qui témoigne indiscutablement de réels dons de buteurs.
Mais qui est donc ce Barthélémy ? interrogent les supporters du SCO, ravis de la découverte de cet oiseau rare par le club angevin qui cherchait un successeur à Berdoll.
Venu au football à l'âge de onze ans, au FC Valence, dans une région où le rugby est roi, André Barthélémy a la morphologie type du footballeur : 1 m 76 pour 70 kilos. Athlétique, bien planté sur ses jambes, très travailleur, il possède une bonne frappe de balle et un excellent jeu de tête.
Cest Edmond Boulle, son précèdent entraîneur à Montélimar qui l'a définitivement titularisé au poste de centre avant alors que, jusque-là, à Valence, sous la direction de Daniel Duc, puis de Daniel Langrand, il avait joué parfois au milieu de terrain ou comme deuxième avant centre.
Avec un très agréable accent méridional, il déclare se sentir à sa place de prédilection au centre de l'attaque. Il n'a jamais fait le compte des buts qu'il avait signés au cours d'une saison, sinon qu'il avait marqué douze buts pour Montélimar au cours de l'année durant laquelle il n'avait joué qu'une moitié de saison puisqu'il était militaire à Apt, à une centaine de kilomètres.
Ce sont les dirigeants de la Ligue du Lyonnais qui l'ont signalé à l'attention de Mignot, le nouvel entraîneur du SCO qui demanda au président d'Angers, Jean Keller, de le prendre à l'essai lors de la reprise de l'entraînement, le 12 juillet, après avoir eu l'occasion de le voir à l'œuvre durant un stage de moniteurs de football suivi par Barthélémy lors de l'intersaison, à Voiron.
Auparavant, André Barthélémy, remarqué par les responsables du Lyonnais, deux fois selectionné dans cette Ligue dans la formation des moins de vingt-trois ans contre le Nord et l'Ouest.
Inutile de dire que les dirigeants angevins se félicitent d'avoir fait confiance à leur entraîneur, persuades qu'ils sont d'avoir engagé un élément capable de réussir une brillante carrière dans le football professionnel.
Ce qu'il y a d'extraordinaire avec Barthélémy c'est que ce jeune garçon qui n'a évolué jusqu'ici qu'en Division d'Honneur à Montélimar et joué une saison en Troisième Division avec Valence, s'est adapté au jeu de ses nouveaux coéquipiers.
« il faut dire, déclare-t-il, que mes camarades, le capitaine Edwige, Bernard Lech, Augustin, etc. m'ont grandement facilité la tâche. J'ai trouvé au SCO une camaraderie et une ambiance qui font du bien quand on arrive dans un club où l'on ne connait personne. »
Adopté par tous et très vite adapté dans cette collectivité, Barthélémy n'ignore cependant pas, ainsi qu'il nous l'a déclaré, qu'il ne suffit pas de prendre un bon départ mais qu'il faut confirmer les bons débuts pour réussir.
L'oeil vif, intelligent dans un visage ouvert, le cheveu blond, la dernière recrue du SCO est en train de devenir l'un des favoris du public angevin qui l'a follement ovationné contre Nice lorsqu'il a marqué deux très jolis buts.
Article L'Equipe. Scan cris72.