Beaufreton : la fureur de vaincre

Malgré un premier couac à domicile, le SCO d'Angers est fermement décidé à jouer les trouble-fête cette saison. A l'image de son gardien, qui ne désespère pas de goûter un jour à la Première Division.


(Photo Jean-Yves DESFOUX)

A vingt-trois ans, Jean-Pascal Beaufreton, qui a entamé sa septième saison au SCO d'Angers, fait figure d'ancien. Depuis son arrivée, et après des débuts comme attaquant chez les cadets nationaux de Cholet, il n'a pas été gâté. Parachuté chez les pros en pleine période noire de l'après-Première Division, il n'a connu jusqu'ici que des saisons grises. Pas l'idéal pour démarrer une carrière. La douleur angevine a eu une fin et la persévérance collective des résultats. L'équipe n'est pas devenue pour autant imbattable. Amiens vient de le prouver. Mais aujourd'hui, on respire en Anjou. Le SCO n'a pas changé. Selon Jean-Pascal Beaufreton, il a mûri. « On a tous progressé au contact de joueurs plus expérimentés. Moi-même j'ai beaucoup appris en regardant les autres gardiens sur les terrains ou à la télévision. Je suis plus à l'aise pour placer un mur, par exemple. Plus calme. Je panique moins. Et à la moindre erreur, je ne me remets plus en question. »

Tout est là pour Jean-Pascal Beaufreton. Déclic psychologique plus début de saison réussie égalent renouveau. « Hier, on ratait complètement nos départs et le doute s'installait. Les mauvais résultats s'enchaînaient un peu comme à Strasbourg en début de saison, sans que la qualité des joueurs ou le recrutement soient mis en cause. Regardez cette année, nous avons à peu de choses près le même effectif. Notre bon début de saison nous a permis de jouer tout de suite plus sereinement. L'an dernier, contre Guingamp ou contre Orléans, nous aurions perdu. Le déclic a été, à mon avis, la victoire sur La Roche-sur-Yon.

Défaits là-bas, nous aurions eu le couteau sous la gorge. Nous nous sommes aperçus, au contraire, que la réussite pouvait enfin nous sourire. »

L'Équipe titre alors : « Angers, gag de l'été ». Au SCO, on ricane, bien décidés à faire durer le plaisir. « C'est vrai que même pour nous ça a été une surprise de nous retrouver dans le haut du tableau alors que nous visions les dix premières places pour ne pas descendre. Mais aujourd'hui, on se plaît là où on est. Les années précédentes, on s'occupait des résultats des derniers. Maintenant, on est à l'affût des performances des premiers, guettant les faux pas. C'est quand même plus agréable. »

Le SCO réajusterait-il ses ambitions ? Jean-Pascal Beaufreton calme le jeu : « Notre résultat contre Amiens prouve que nous ne sommes pas à l'abri de mauvaises surprises. On va s'accrocher et essayer de jouer les trouble-fête. Nous recevons prochainement Niort, Mulhouse et Caen. Cela nous offre la possibilité de les taquiner un peu. Terminer dans les cinq premiers serait extraordinaire. »

Le gardien du SCO voit déjà plus loin et rêve de Première Division comme ses copains. « J'espère qu'on y parviendra un jour. Je crois que le football de haut niveau est viable à Angers. Nos bons résultats du début ont fait revenir les spectateurs. Il y a un public de nostalgiques ici. Pour monter, il faudra cependant se donner d'autres moyens, comme à Mulhouse ou à Niort. Pour nous, les joueurs, la Première Division est notre but. La majorité d'entre nous n'y a jamais goûté. Moi-même j'ai juste été remplaçant à seize ans, un jour où Pascal Janin a joué tout le match avec une infiltration. »

Doublure d'un voltigeur de Première Division, Beaufreton le sera peut-être demain. « Abonné » aux Etoiles de France Football, Jean-Pascal a bien failli filer il y a deux ans à Auxerre, avant d'être rattrapé par la manche par le SCO. L'an dernier, Limoges était demandeur. A la fin de la saison, Jean-Pascal Beaufreton, alors en fin de contrat, sera libre. « J'aimerais bien tenter une nouvelle expérience. Mais si le SCO veut me garder, pourquoi ne ferais-je pas une saison supplémentaire à Angers ? »

Philippe BIAIS.

Merci à France Football (octobre 1986) pour l'article et à cris72 pour le scan.