ANGERS

Un reportage de MARCEL GILLOT - Photos de ROGER KRIEGER


Le château du roi René symbolise la pérennité de l'équipe du S.C.O., rempart du football angevin. [Ami lecteur, cliquez dessus pour version grand format.]


L'étang, la pêche, la chasse : Stéphane Bruey apprécie vraiment la douceur angevine.

ANGERS, ville de 110.000 habitants. Possède de nombreuses richesses artistiques. Ancien château fort du roi René. Abrite les plus célèbres tapisseries du monde : la série de l'Apocalypse. C'est aussi la ville des fleurs et des jardins. La douceur du climat chanté par du Bellay a permis le développement de l'horticulture, de la culture maraîchère et grainière, et surtout la production du célèbre vin d'Anjou.

L'équipe du S.C.O. est certainement moins « fruitée », mais elle s'est fort honorablement comportée cette saison, son classement le prouve. Nous vous présentons donc « le S.C.O., club tranquille » de cette douce région, ce club qui a joué les 17 premiers matches de Championnat avec la même équipe.

— En l'absence du président M. Samain, pouvez-vous, Monsieur Trimaille, secrétaire du S.C.O., retracer pour les lecteurs de « Football Magazine » l'histoire du club ?

M. TRIMAILLE. — C'est à la fin de 1919 que, sous les auspices du Crédit de l'Ouest, fut créée une association sportive qui prit le nom de Sporting Club de l'Ouest, club omnisports amateur. Il eut, selon les temps et les événements, une sérieuse notoriété nationale grâce à ses sections de natation, de rugby, d'athlétisme, de hockey. Le football ne vint que plus tard, en 1929, lorsque le S.C.O. absorba un petit club corporatif local.

Le président de l'époque, le colonel Bertin, qui fut un homme très dynamique et très tenace, fit progresser le club à grands pas et, à la fin de 1931, le S.C.O. était champion de division d'honneur, et admis à participer au Championnat de France. En 1943 (tournoi Nord), il remporta le Championnat de France Amateurs en battant Besançon en finale au stade de Saint-Ouen. En 1945, le S.C.O. fut admis dans le Groupement des Clubs Autorisés. Il évolua en division II jusqu'en 1956, année où il franchit le cap qui le séparait de la division I. La saison suivante, en 1957, il joua la finale de la Coupe de France et s'inclina devant Toulouse. En 1958, il terminait second du Championnat derrière Reims, et à égalité de points avec Nîmes et Monaco.

— Comment en êtes-vous venu au professionalisme ?

Dr KERJEAN. — Il y eut à Angers un certain engouement à la suite du succès de notre équipe amateur en Championnat de France. Nous avons donc décidé de passer au professionalisme en conservant la plupart des éléments de l'équipe amateur, et en la renforçant par 3 ou 4 joueurs venus de l'extérieur. Pour la première saison, nous avons terminé 3e à 2 points d'Alès, et cela nous a encouragé à continuer.

— Pouvez-vous définir l'équipe actuelle du S.C.O. ?

MICHLOVSKY. — L'ensemble est solide dans toutes ses lignes, si l'on considère les moyens dont nous disposons. Je compte sur tout le monde. Il n'y a pas de vedettes chez nous, mais pourtant je reconnais qu'il faut des individualités dans une équipe. On ne peut pas dire que le S.C.O. ait un style particulier, je m'efforce de lui en donner un. C'est toujours difficile à acquérir et cela ne se fait pas en trois jours. D'ailleurs, en France, il y a le style rémois et je crois que c'est à peu près tout. Nous essayons surtout de faire du beau football.

Dr KERJEAN. — On peut même dire que cette maturité s'exprime dans le fait qu'Angers obtient maintenant d'excellents résultats à l'extérieur.

— Est-ce que les joueurs travaillent ?

M. DOIZÉ. — Non. Ils ont tout au plus des occupations, des passe-temps. Pour nous, du moment que le joueur remplit son rôle de footballeur professionnel, le reste ne nous regarde pas.


L'état-major du S.C.O. (presque) au grand complet (le Président Samain était absent). De g. à dr. assis : Bill Groenke, Dr Kerjean, MM. Doizé (trésorier et âme du club) et Puentés (vice-président). Debout, de g. à dr. : MM. Martin, Mary, Marsac, Trimaille, Michlovsky, Lodé et Albert.

— Quel est le climat au sein du club ?

M. DOIZÉ. — Il est parfait. Je ne puis vraiment rien dire de plus. Tout le monde marche la main dans la main. Si le bateau devait couler un jour, tout le monde coulerait ensemble.

— Comment s'effectue le recrutement ?

M. DOIZÉ. — Il est avant tout local. Nous puisons dans les rangs de nos amateurs. Pour les autres joueurs, nous nous efforçons de procéder à des échanges plutôt qu'à des acquisitions. Pour les transferts toutefois un Comité technique a été formé, qui comprend le docteur Kerjean, MM. Marsac et Berthon, le directeur sportif M. Bill, et l'entraîneur Michlovsky. Ce Comité se réunit pour étudier les problèmes du renforcement. Il désigne, sur les conseils de Michlovsky des joueurs dont la venue serait souhaitable. Nous entrons en pourparlers avec le club intéressé. A ce moment, ce sont les finances qui jouent. On peut ou on ne peut pas acquérir le joueur visé. Si l'on ne peut pas, nous n'insistons pas.

— Et ces finances, justement, comment vont-elles ?

M. DOIZÉ. — Je peux vous certifier qu'elles sont saines. Nous n'avons pas de dettes.

— Recevez-vous une subvention de la municipalité ?

M. ALBERT. — Nous n'avons pas reçu de la ville de subventions de fonctionnement depuis l'époque de la montée (5 millions d'anciens francs). Toutefois nous avons eu à deux reprises une indemnité de renforcement votée par le Conseil municipal, une première fois 10 millions et une seconde fois 20 millions, cette année.

— Avez-vous l'intention de faire un grand effort, de frapper un grand coup ?

M. DOIZÉ. — Dans l'état actuel du football français, il nous faut avant tout vivre. Le standing d'un club a toujours été fonction de ses finances et des résultats sur le terrain. On réussit ou on ne réussit pas. En ce qui concerne le S.C.O., dans l'avenir, nous n'avons pas de très grands projets à formuler.

— Quid du stade Bessonneau ?

M. ALBERT. — Il a été construit en 1920 par les usines Julien Bessonneau. Il a été nommé par la suite stade Jean-Bouin, mais maintenant il appartient à la ville et a repris son nom de Bessonneau.

M. DOIZÉ. — Le stade est, en effet, municipal, Nous avons l'intention de l'agrandir et de construire, entre autres, une nouvelle tribune sous laquelle seront inclus les vestiaires (les actuels sont, en effet, bien vétustes). Il y a longtemps que le projet est en cours mais il n'y a encore rien de fait. J'ai l'impression que nos édiles s'endorment un peu.

M. LODÉ (conseiller municipal). — Les devis sont prêts, j'espère que les travaux vont bientôt démarrer.

— Et l'éclairage ? Il me semble que le vice-président M. Puentés, qui est orfèvre en la matière de par sa profession, est tout indiqué pour répondre ?

M. PUENTÉS. — L'éclairage du stade Bessonneau n'est pas mauvais avec ses 120 Kw, pourtant les pylônes manquent de recul. Voyez-vous, il y a une évolution constante dans l'éclairage d'un terrain, et l'on revient actuellement à un éclairement latéral un peu surélevé, un peu au-dessus des tribunes. C'est plus rationnel. Nous allons tenter d'améliorer encore nos installations.

— Quelle est votre moyenne de spectateurs ?

M. DOIZÉ. — 4 à 5.000 spectateurs environ, des fidèles, des gens — que nous soyons battus ou victorieux — qui viennent pour applaudir et voir un bon match de football. En ce qui concerne les autres, peut-être s'agit-il un peu de snobisme, suivant le temps, suivant l'équipe que nous recevons (il y avait 22.000 personnes pour voir Reims) et suivant aussi que la télévision vient ou non en concurrence. C'est aux populaires que l'on trouve les spectateurs les plus fidèles. Voyez-vous, la région d'Angers n'est pas assez industrielle. Heureusement qu'il vient des personnes étrangères à la ville. Il en vient même d'Indre-et-Loire, des Deux-Sèvres, de la Vendée, de la Sarthe et de la Vienne. Quant à la Mayenne, c'est un département qui se partage entre le S.C.O. et Rennes.

— Avez-vous un contingent important de supporters ?

M. MARTIN. — Nous en avons environ 600 qui payent 1.000 anciens francs par an. Ils reçoivent des places en priorité. Ils participent automatiquement à un tirage au sort qui attribue 2 places par match. Nous avons été 1.100, nous sommes descendus à 180 après la finale de 1957 de la Coupe de France. Actuellement nous remontons à 600. N'oublions pas aussi que les supporters d'Angers ont gagné le Championnat de France des Supporters à égalité avec Valenciennes.

Mais il est évident que pour une région comme celle d'Angers c'est insuffisant. Il est vrai que c'est général en France : maintenant, le dimanche, tout le monde prend sa voiture pour aller se promener.

M. LODÉ. — L'élément féminin joue aussi un rôle : les épouses des spectateurs ne viennent pas toutes aux matches et souvent même elles « rouspètent » quand elles voient partir leur mari.

M. ALBERT. — Il faut dire encore que le prix des places est exagéré si l'on tient compte de la qualité du spectacle offert.

M. DOIZÉ. — Si, dans l'avenir, la formule « toute la recette au club recevant » est admise, nous pourrons diminuer le prix d'entrée.

— Y a-t-il au S.C.O. une école de football ?

MICHLOVSKY. — Non. Il n'y a pas d"école de football.

M. DOIZÉ. — Toutefois le Conseil général a attribué une indemnité ( dérisoire : 100.000 anciens francs) pour des réunions instructives dans le département, en accord avec le Service de la Jeunesse et des Sports qui fixe les lieux et les dates. (Il y a, en moyenne, 10 réunions par an.)

— Etes-vous partisans de l'emploi de joueurs étrangers ?

M. DOIZÉ. — Oui, d'ailleurs on assiste à un revirement total parmi les dirigeants français. Ceux qui étaient contre en sont devenus maintenant partisans. Moi je suis également pour la venue des étrangers, à condition qu'il s'agisse de joueurs valables. C'est aux dirigeants à se montrer circonspects et à ne pas exagérer l'importation de joueurs étrangers qui peuvent être médiocres.

— Appréciez-vous ou déplorez-vous la retransmission télévisée des matches ?

M. DOIZÉ. — J'estime que le protocole R.T.F.-F.F.F. est normal, il n'y a rien à redire en partant du principe que les clubs sont prévenus à l'avance. C'est ainsi qu'avant notre match de Coupe de France contre Lyon, la Télévision nous a téléphoné pour nous demander notre accord. Nous l'avons donné, et il faut bien reconnaître que l'indemnité que nous avons reçue était intéressante.

— Enfin, Messieurs, auriez-vous un voeu à formuler pour l'avenir ?

M. DOIZÉ. — Oui. J'ai un vœu : changer tous les dirigeants existants, et recommencer à zéro. Les gestions sont mauvaises et ce sont les dirigeants actuels qui ont, eux-mêmes, gâché le métier... On est en train, en France, de tuer la poule aux œufs d'or. Il faut absolument renverser la vapeur.

LA TETE

Président : Jean SAMAIN, architecte.

Vice-président : Joseph PUENTES, directeur C.G.E.D. à Angers.

Trésorier (et au-delà puisqu'il est même président de l'Entente de l'Ouest) : Abel DOIZE, spécialiste du pneu (auto) et ancien rugbyman.

Secrétaire : Robert TRIMAILLE, employé de commerce.

Membres du Comité directeur : Edouard MARSAC, entrepreneur de peinture ; Roger MASSIGNOUX, grainetier ; Auguste BERTHON, représentant de commerce ; Antoine MARTIN, restaurateur et président des supporters ; Yves KERJEAN, docteur en médecine ; Marcel ALBERT, ingénieur T.P.E.

Délégué de la municipalité : Georges LODE, conseiller municipal.

Directeur sportif : Bill GROENKE. A joué à l'Iris Club de Lambersart, au F.C. Mulhouse, à l'A.S. Strasbourg et au F.C. Sarrebrück. Au S.C.O. depuis 1952. Doit quitter Angers à la fin de la saison.

ET LES JAMBES

BOURRIGAULT Claude (demi), né le 28-1-1932 à Macé (Maine et-Loire). 1 m 71, 62 kg. Bonne technique, clairvoyant et intelligent. Joueur très régulier.

BRUEY Stéphane (inter), né le 1-12-1932 à Champigny. 1 m 74, 76 kg. Cinq fois sélectionné en équipe de France et pour le Championnat du monde 1958. Travailleur infatigable. Possède un tir remarquable. Il est l'âme de la ligne d'attaque et a le sens du jeu collectif.

DEVIS Robert (gardien de but), né le 2 5-1933 à Bazouges (Mayenne). 1 m 72, 72 kg. International A et B saison 1960-61. Doué de réflexes étonnants, très souple. Se place fort bien. Très prompt dans ses interventions.

HNATOW Casimir (arrière central), né le 9-11-1929 à Crusnes. 1 m 72, 69 kg. Trois sélections en équipe de France. Sélectionné pour le Championnat du monde 1958. Calme, plein de sang-froid. Joue avec une aisance et une sûreté remarquables. Mobile et rude aux chocs.

KOWALSKI Wladislaw (arrière droit), né le 13-9-1927 à Coutreville (Lorraine). 1 m 72, 86 kg. Capitaine de l'équipe. Force de la nature. Tempérament généreux et droit. Taillé dans le roc. Ne se décourage jamais.

LAMARTINE Robert (avant centre), né le 15-6-1935 à Decize. 1 m 69, 68 kg. Ex-joueur de Reims. S'est épanoui cette saison à Angers. Très clairvoyant. Bon technicien, sûr et précis dans ses ouvertures et ses passes. Bon jeu de tête.

LE GALL Alphonse (arrière ou ailier), né le 6-12-1931 à Kernouès (Finistère). 1 m 72, 70 kg. Joueur rapide, tenace, s'accroche à l'adversaire tout en restant très correct.

LONCLE Marcel (inter gauche), né le 5-1-1936 à Saint-Malo. 1 m 72, 69 kg. Fut international amateur aux J.O. de Rome. Doué de très grandes qualités. Il possède à la fois coup d'ceil et « coup de patte » d'un bon constructeur.

OLIVER Célestin (inter ou demi), né le 12-7-1930 à Mostaganem. 1 m 73, 72 kg. Cinq fois sélectionné en équipe de France. Sélectionné au Championnat du monde 1958. Joueur plein de sang-froid et de clairvoyance. Bon constructeur. Tireur sec et précis. Il est spécialiste des coups francs et des penalties.

PILLARD Joël (ailier gauche), né le 23-7-1933 à Châlons-sur-Marne. 1 m 68, 68 kg. Joueur rapide, nerveux. Bon dribbleur et réaliste. Très bon jeu de tête. Il était devenu le meilleur buteur de l'équipe avant son accident.

POIRIER Serge (demi), né le 16-11-1932 à Morlaix (Finistère). 1 m 69, 68 kg. Joueur très consciencieux, élégant et sûr. Parfait coéquipier.

WOGNIN Ignace (ailier droit), né le 28-7-1938 à Abidjan. 1 m 68, 69 kg. Joueur extrêmement spectaculaire par ses déboulés étonnants et sa rapidité.

ZAETTA Guelso (arrière), né le 20-12-1931 à Piennes. 1 m 74, 72 kg. Joueur efficace, travailleur, s'accroche toujours à l'ailier adverse.

STAGIAIRES

ABGRALL Jean-Pierre (inter), né le 28-9-1939 à Morlaix.
BERTIN Emile (arrière centrol), né le 5-8-1939 à Noyant.
CHARRIER Alain (arrière), né le 10-4-41.
DELESTRE Jacques (arrière), né le 5-12-38.
HERVE Bernard (demi), né le 15-6-1941 à Cholet.
PARCHARD Jackie (ailier), né le 1-9-1940 à Angers.
NEAU André (ailier), né le 12-9 1940 à Montreuil.
TALOU Christian (demi), né le 26-5-1941.
THOMAS Jean-Pierre (avant centre), né le 17-12-1938 à Nantes.
WOLOVIECK Claude (gardien de but), né le 29-9-1937 à Laon.


Une visite à Pillard, la grande victime de la saison.


Célestin Oliver, sa femme et leur plus fidèle ami.


Bourrigault : un heureux père de famille.


Devis ne doute plus de rien. La preuve...


Kowalski, réaliste et aussi solide qu'un tas de briques.

TOP SECRET

  • Bruey possède avec son président, M. Samain, une chasse de 200 ha avec un étang, à Durtal, à 30 km. d'Angers. Les coéquipiers de Stéphane y vont souvent. Meilleur fusil : Lamartine.
  • Mme Bourrigault ne manque pas un seul match de son mari.
  • Pendant l'absence de son institutrice de femme, Hnatow (nom d'origine ukrainienne), joue les nurses.
  • Le gardien de but Robert Devis qui a fait ses études de droit, collabore à un cabinet de transactions immobilières.
  • Loncle, dernier célibataire de l'équipe, va se marier en juillet avec Mlle Girard, fille du président du Stade Rennais.
  • Joël Pillard recommence à conduire sa 403. Il a toujours un faible pour le Racing.
  • Bruey a 3 filles : Régine, Joelle et Michelle. Il habitait à Champigny à côté de Dalla Cieca. « Le S.C.O. est un club sérieux », a-t-il dit.
  • Comme on l'accusait d'être très lent, Célestin Oliver a acheté des chaussures à pointes. Il travaille tout seul son démarrage.
  • Le cœur de Bourrigault bat à 52. Voilà pourquoi il récupère de façon incroyable.
  • Michlovsky a dit : « Nous avons les mêmes couleurs que Tottenham, mais pas la même équipe. »
  • Le Directeur sportif Bill Groenke a été un héros de la Résistance.
  • En se promenant avec Bikadoroff, Michlovsky a vu une jolie demoiselle : « Ce sera ma femme », a-t-il dit au gardien de but angevin d'alors. Et voilà comment Jacqueline est devenue Mme Michlovsky.
  • Les joueurs ne se déplacent que par le train (par raison d'économie).
  • Michlovsky et le directeur sportif Bill se fâchent facilement. Ils restent parfois huit jours sans s'adresser la parole. Après, ça s'arrange.

L'EFFECTIF

Une équipe professionnelle, une équipe amateur (Division d'Honneur groupe Ouest), une réserve amateur, deux équipes seniors, deux équipes juniors, deux équipes cadets, deux équipes minimes, deux équipes pupilles.

150 licenciés dont 13 professionnels et 6 stagiaires.

L'ENTRAINEUR FIDÈLE

Karel MICHLOVSKY est une figure vraiment attachante du corps des entraîneurs. Agé de 42 ans, il est d'origine tchécoslovaque. Il a joué inter ou ailier gauche à Bata Zlin, club corporatif. Excellent joueur, il fit les beaux jours de Sochaux, de SAint-Etienne et d'Angers, avant de devenir l'entraîneur et de faire monter le S.C.O. en Division I, en 1956.

Voici d'ailleurs son curriculum vitæ :

Il arrive à Angers en 1949 et joue avec l'équipe locale de 1949 à 1951, puis il passe à Saint-Etienne pendant un an. Il devient également entraîneur diplômé en 1951, à l'âge de 33 ans. Il retourne alors à Angers où, de 1951 à 1955, il est entraîneur-joueur. De 1956 à 1959, il prend en main l'équipe de Lens, et à l'issue de la saison 1959-60 il s'en va à Nantes. Enfin, cette année, il est revenu à ses premières amours : Angers.

Il est marié avec Jacqueline, il a trois enfants : Korla (11 ans) et... deux jumeaux, Helena et Stephan (6 ans).


Sur notre photo : Michlovsky, l'homme qui pense pour le S.C.O., et sa femme Jacqueline.

CELA AUSSI C'EST LE S.C.O.

  • Les joueurs s'entraînent sur le stade du Crédit de l'Ouest, route de Laval.
  • Cette année, contrairement aux précédentes, le S.C.O. n'est jamais sifflé à son entrée sur le terrain.
  • Chaque équipe visiteuse est reçue dans la grande salle du siège du club, rue Claveau, et chaque vin d'honneur est offert à tour de rôle par un viticulteur de l'Anjou.
  • Chez Célestin Oliver, figure en bonne place une plaquette de la Coupe du monde 58 signée par tous les joueurs français sélectionnés là-bas.
  • Les anciens du club sont Kowalski et Pasquini (ce dernier entraîne les amateurs), venus en 1952, ainsi que Le Gall (1955) et Hnatow (1956). Quant à Bourrigault il n'a connu que le S.C.O.
  • Le S.C.O. a joué 50 matches officiels ou amicaux depuis le début de la saison.
  • Le Dr Kerjean, membre du Comité directeur, a rédigé une brochure : « L'alimentation du joueur de football professionnel ».
  • Michlovsky n'a signé que pour une saison à Angers. Mais il sera encore là l'an prochain.
  • L'ex-gardien Fragassi entraîne Saumur.
  • De 1956 à nos jours, le S.C.O. a disputé d'innombrables matches amicaux contre des équipes étrangères. Il a battu entre autres Stuttgart, Schalke et le F.C. Liège chez eux. Puis Recife, Partizan de Belgrade et Sarajevo à Angers. Il a obtenu d'innombrables matches nuls, entre autres avec Dukla Prague à Tours, Porto Alegre à Bruges et surtout Barcelone à Barcelone.

Lamartine, le plus opportuniste des avants angevins.


Devis est devenu international B au cours de sa meilleure saison.


La défense angevine doit beaucoup au réalisme de Hnatow.


L'homme le plus racé de l'attaque angevine : Loncle.


Généreux et constant, Bruey est un atout maître.


Célestin Oliver a donné au S.C.O. tout le poids de son expérience.

COMMENT JOUE ANGERS PAR KAREL MICHLOVSKY

Compte tenu de l'indisponibilité de Pillard (qui ne rejouera pas avant la saison prochaine), voici les principes essentiels de jeu dans l'équipe du S.C.O. :

1° EN DEFENSE. — Nous avons adopté le marquage mixte. Je m'explique : nous pratiquons le marquage individuel jusqu'à 25 mètres des buts. Si à ce moment nous n'avons pas le ballon, les défenseurs, demis compris, se regroupent et la défense de zone entre en jeu. Ce qui importe surtout, selon moi, c'est de bien colmater l'axe central du terrain. C'est pour cette raison que je demande à mes hommes de ne laisser jamais le n° 5, Hnatow, seul au milieu de la pelouse. Célestin Oliver ou Bourrigault ont mission de le « doubler », à droite ou à gauche, suivant l'évolution du jeu. Je considère que les ailes adverses sont moins directement dangereuses et que le centre est beaucoup plus important. De cette façon, on oblige l'antagoniste à tirer de loin, et Devis est rarement pris en défaut sur des tirs de 25 mètres. N'oubliez pas qu'avant la série de blessures qui nous a affectés, Angers était une des meilleures défenses de France.

2° EN ATTAQUE. — Les données sont un peu différentes de celles prévues du fait des blessures de Pillard d'abord, puis de Lamartine. En tout cas, le cerveau de la ligne d'avants est Loncle. C'est le seul attaquant qui joue replié. Les quatre autres œuvrent sur la même ligne, encore que Bruey ou Lamartine épisodiquement soient appelés à « décrocher ».

Voici maintenant comment évolue chaque joueur :

LE GARDIEN DE BUT, DEVIS, est responsable en principe de toute la zone des 18 mètres, surtout sur les balles aériennes. Il sait, en effet, commander la défense, il voit clair, il a des réflexes, il se place bien, il est rapide, en ce sens que — pris à contre-pied par exemple — il « revient » vite. Les défenseurs ont confiance en lui. C'est un gagneur. Son dégagement laisse peut—être un peu à désirer, mais de plus en plus il renvoie ses balles de la main à un coéquipier démarqué.

L'ARRIERE DROIT KOWALSKI est très solide physiquement. C'est une force de la nature, un roc. Il est, de plus, très courageux et assez rapide pour son âge. Je lui demande de s'occuper surtout de « son » ailier.

L'ARRIERE CENTRAL HNATOW est sans doute le meilleur n° 5 que j'aie eu à Angers. Très fort dans les interceptions et intelligent, il « devine » littéralement la passe que va effectuer l'adversaire. Dans ce domaine, il est certainement un des plus forts arrières centraux français. Sa consigne est : rester au centre. C'est la tour de défense. Il « bouche » tout par ses qualités de clairvoyance. C'est le départ de Defnoun qui m'a incité à en faire un arrière central. Je ne le regrette pas. Un petit défaut : Hnatow a tendance à avancer balle au pied, au lieu de la donner aussitôt.

L'ARRIERE GAUCHE ZAETTA est courageux et assez rapide pour rattraper un ailier. C'est pour cela que je lui laisse assez de liberté. Je lui demande seulement de rester à côté de Hnatow.

LE DEMI DROIT CELESTIN OLIVER a une expérience qui nous fut particulièrement précieuse cette année. Ce n'est pas lui le capitaine (c'est Kowalski), mais en fait c'est lui qui dirige l'équipe, grâce à sa connaissance du jeu, sa technique, sa clairvoyance et... son bon tir (voyez penalties). De plus, il ne s'affole jamais. Toutefois, il est un peu lent.

LE DEMI GAUCHE BOURRIGAULT ne fait jamais un match « exceptionnel », mais sur trente-huit rencontres, il en fera trente de « bonnes ». On le voit peu. mais il est toujours là, alors que l'on peut croire (du fait de sa morphologie) qu'il va « s'écrouler ». Son rôle est de rester à côté — et de doubler éventuellement — Hnatow, toujours selon le principe : ne pas dégarnir l'axe central. Intelligent, il sait quand « il faut y aller ».

L'AILIER DROIT WOGNIN est surtout extrêmement rapide. Sa mission essentielle est de se replier pour attirer l'arrière adverse, puis — servi ou lancé par un coéquipier — de repartir « à fond » en prenant son adversaire à contre-pied. Je ne lui demande pas d'aller au centre. Notre triplette centrale peut « tourbillonner », mais pas les ailiers.

L'INTER DROIT BRUEY. J'ai prévu pour lui de fréquentes permutations avec Lamartine. Sous le maillot n° 8, il joue souvent en pointe, car l'ex-Rémois est dans le fond meilleur constructeur que réalisateur. Je donne pour cela comme consigne à Stéphane : aller droit au but. Il a un rôle surtout offensif.

L'AVANT CENTRE LAMARTINE joue tantôt en pointe, tantôt en retrait. Quand il voit que Bruey fonce, il reste en retrait pour des raisons d'organisation et de sécurité, étant donné également sa morphologie moins puissante que celle de Bruey, et bien qu'il soit un des meilleurs buteurs de l'équipe.

L'INTER GAUCHE LONCLE est l'âme de l'attaque. Il joue plus en retrait, et surtout dans la largeur du terrain. Comme il est intelligent et rapide, ce rôle lui convient à merveille. C'est en quelque sorte l'agent de liaison entre les défenseurs et les réalisateurs. Et n'oublions pas qu'il a un tir du gauche de 25 mètres qui peut faire mal.

L'AILIER GAUCHE LE GALL. En l'absence de Pillard — prototype de l'ailier — Le Gall joue actuellement les utilités. Mais il fut toujours un attaquant, et il a des qualités dont nous avons besoin en ce moment : il est généreux et fougueux. Ce n'est pas un technicien et, pour tirer son épingle du jeu, force lui est « d'y aller ».

Pour me résumer, je dirai que c'est le carré Hnatow-Oliver-Bourrigault-Loncle qui est le moteur du S.C.O.


Le S.C.O. Angers (Photo Roger KRIEGER). Au premier rang : PARCHARD, LAMARTINE, WOGNIN, BRUEY, LONCLE, THOMAS, BOURRIGAULT. Second rang : DEVIS, KOWALSKI, HNATOW, Célestin OLIVER, LE GALL, ZAETTA, PASQUINI, POIRIER, VOLOVIEC, Karel MICHLOVSKY (entraîneur). [Ami lecteur, cliquez dessus pour version grand format.]


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Merci à Football Magazine (n° 17, juin 1961) pour le reportage et à Roland de Veneffles pour tous les scans.