Souvenirs, souvenirs

« UNE BONNE AFFAIRE »

Qui s'en souvient encore ? En mai 1957, il y a plus de 30 ans, les sportifs de l'Anjou étaient tout heureux de voir leur SCO accéder, pour la première fois, à la finale de la Coupe de France.

Après avoir éliminé Nîmes en demi-finale, il affrontait Toulouse qui avait sorti Bordeaux. C'était à une époque tendue — la guerre d'Algérie — et dans la tribune présidentielle, au stade de Colombes, une personnalité algérienne devait trouver la mort, victime d'un attentat, à quelques mètres de la délégation angevine.

Pasquini, Jean Tison (dont nous saluons la mémoire avec émotion), Fragassi, Kowalski, Sbroglia, Bourrigault, Biancheri, Schindlauer, Hnatow, Marcel Loncle et Alphonse Le Gall défendaient les couleurs angevines.

L'entraîneur, personnage original, s'appelait Walter Presch et le directeur sportif, le pittoresque, Bill Groencke, dit « Monsieur Bill ». Le regretté Jean Samain, président de l'époque, avait l'honneur avant le « coup d'envoi » de présenter les joueurs au Président de la République, René Coty.

Paralysé par le trac (3 buts malheureusement dans le premier quart d'heure), le SCO était finalement trop lourdement battu 6 à 3 après être revenu à 4-3. Mais son jeu et ses joueurs n'en furent pas moins très appréciés. Et, dès son retour à Angers, Henri Biancheri, un des meilleurs sur le terrain, s'empressa de venir me voir !

« Je crois, dit-il, sans prétention, pouvoir être un joueur international, et le serai d'autant plus facilement que je jouerai dans un grand club. Monaco désirant m'enrôler, je demande donc à être transféré ».

Le « contrat à temps » n'existait pas encore et le Comité directeur du SCO, flairant un bon coup, accepta le transfert rapidement conclu sur les bases suivantes : Biancheri s'en allait à Monaco qui, en échange, nous cédait Stéphane Bruey plus une soulte de 10 millions de centimes, chiffre très appréciable pour l'époque. Et cette même année, c'était Bruey et son ami Hnatow qui étaient capés pour participer à la fameuse épopée de Suède, en Coupe du Monde, en compagnie, notamment, de Raymond Kopa et de Just Fontaine.

Avant-centre remarquable, jamais blessé, Stéphane Bruey devait faire les beaux jours du SCO et être avec Pierre Bourdel, l'un des joueurs les plus « rentables » dans tous les domaines que le SCO ait jamais connu.

De son côté, Henri Biancheri réussissait aussi une très brillante carrière. Titulaire indiscutable à Monaco, il fit partie de la fameuse équipe qui, à plusieurs reprises, devait remporter le championnat et la Coupe de France. Actuellement, distingué directeur sportif de l'équipe monégasque, nous savons pour l'avoir rencontré il y a peu, que le SCO reste toujours très cher à son cœur.

Dr Y. KERJEAN.

Merci à Marc M. pour le scan.