Articles parus le 27 janvier 1981 dans France Football à propos du match Angers contre Saint-Etienne.

Herbin : « Tahiti, c'est fini... »

(Robert VERGNE)

ANGERS. — Il n'avait pas le « bronzé fond de teint » qui est presque une provocation pour les citadins qui subissent, eux, les rigueurs de l'hiver. Il est vrai que les Stéphanois sont demeurés assez peu de temps à Tahiti, suffisamment pour emmagasiner des souvenirs mais pas assez pour avoir l'air de touristes milliardaires retour de croisière.

Il n'empêche qu'effectuer un tour de la Terre, même dans les conditions de confort optimum, suppose une somme de fatigues pas obligatoirement compatible avec la pratique du sport de haut niveau comme l'on dit.

Et puis, il y a les inévitables réceptions à la mesure de la notoriété des hôtes et dont la chaleur est de nature à refroidir bien des énergies, après qu'elles se sont déroulées.

C'est de tout cela dont on s'est entretenu avec Robert Herbin.

Le manager général de l'AS Saint-Etienne nous a semblé très détendu. Tout à fait disponible pour les échanges d'idées, en un mot, très coopératif, du moins avec certains interlocuteurs. En fait, Robby n'est jamais tout à fait le même et rarement ce que l'on attend...

« Vous savez, rester une semaine même au bout du monde, il y a de cela quinze jours, ne me semble pas constituer un handicap insurmontable. Pour nous, ce voyage à Tahiti c'est presque de l'histoire ancienne. Il est vrai que les gars ont subi quelques perburtations inhérentes au voyage, au décalage horaire, avec tout ce que cela suppose d'inconvénients, du genre fringale en pleine nuit, gros sommeil l'après-midi. Mais c'est une question de trois ou quatre jours, au plus. Il ne faut tout de même pas oublier que nous avons affaire à de jeunes athlètes bien préparés, du moins, je l'espère. En fait, j'en suis même certain...

Autant dire que, pour eux, Tahiti, c'était fini en moins d'une semaine. Nous avons repris un entraînement intensif, adapté aux circonstances, et personne ne s'en plaint.

En fait, c'est un problème de continuité, la parenthèse tahitienne s'inscrivant, selon moi, en positif pour tout ce qu'elle peut apporter à des garçons tendus d'un bout de l'année à l'autre, par des compétitions sévères. La détente est donc nécessaire parce qu'une très grande compression ne saurait être maintenue douze mois l'an.

C'est la raison pour laquelle je suis satisfait de ce match de reprise contre Angers, une équipe d'ailleurs très différente que celle que nous avons affrontée lors du match aller.

Certes, on aurait peut-être pu gagner, les occasions étaient là, mais le match nul ne me semble pas un déni de justice.

Il ne faut, d'ailleurs pas oublier que ce terrain très lourd, parce que argileux, n'est guère propice à une très grande dépense d'énergie, surtout lorsque l'on reprend une compétition de l'importance du Championnat.

Et puis, je m'aperçois que les concurrents les plus dangereux se sont trouvés dans une situation identique à la nôtre. C'est donc un match nul général qui ne me déplaît pas personnellement au bout du compte ».

Ayant dit, le manager général tança une fois de plus ses joueurs pour activer le retour au bercail.

Certes, l'avion est très pratique, mais il possède néanmoins, un défaut : l'impatience.

La première impression est toujours la bonne ! Platini souffrant lors d'une attaque conjuguée de Baltimore et Cappadona, c'est bien le Saint-Etienne, concédant le nul à Angers, qu'on voit. Et si Battiston, au milieu, devant Bosser et Larios, en bas, poursuivi par Bousdira donne une impression de facilité, elle n'est que toute relative. (Photos Jean-Claude Pichon)


ANGERS - SAINT-ÉTIENNE (1-1)

M. Coup Franc

Une fois de plus, le fait d'un match avec Saint-Etienne aura été centré sur un coup franc de Platini, un de plus. Coup franc provoqué, de surcroit, ou, si l'on préfère, engendré par le célèbre joueur capitaine de l'équipe de France.

Voici les faits tels que nous les avons vus de la tribune de presse : à la suite d'une magnifique manœuvre collective, Michel était en possession du ballon que son adversaire direct, Baltimore, lui subtilisa à la suite d'un tacle douteux dans son exécution. Le doute, en l'occurrence, provient de la distance qui séparait les deux antagonistes, l'arbitre, M. Vautrot, jugeant que cette distance n'était pas correcte, et, en corollaire, supposant une action dangereuse de la part du joueur angevin.

Une fois de plus, il s'agit d'une interprétation et des différences qui peuvent en résulter. Mais, répétons-le, surtout en cette période difficile pour les arbitres, c'est l'homme en noir qui décide, à tort ou à raison.

En l'occurrence, il nous a semblé qu'il n'avait ni tort ni tout à fait raison, mais il avait pris sa décision.

Il se trouve que la victime supposée se transforma illico en justicier préposé. Une fois de plus, Michel Platini réussissait un magnifique but sur coup franc, en dépit de la qualité du gardien adverse, Chaslerie.

Fort heureusement pour les Angevins, Baltimore avait ouvert le score à la suite d'une action magnifique menée en collaboration avec Berdoll.

Les Angevins, donc, pouvaient se prévaloir du seul but réussi et construit contre celui obtenu sur coup de pied arrêté par leurs adversaires. Considération platonique, certes, mais qui prélude à une conclusion logique : avec des armes différentes, aucune des deux équipes ne méritait de perdre, ce qui amène à penser que ce match nul a été des plus judicieux.

ANGERS 1 (1) Baltimore (15e)
SAINT-ETIENNE 1 (1) Platini (33e)

Angers :
CHASLERIE*****
FELCI*** CAMLANN**** HEYMANN**** CAPPADONA***
BOSSER**** BALTIMORE**** BOUSDIRA****
LECORNU**** BERDOLL*** GONFALONE***
Entr. : FRUCHART.
Total : 41.

Saint-Etienne :
CASTANEDA***
BATTISTON*** GARDON**** LOPEZ**** ZANON****
JANVION**** LARIOS**** PLATINI****
ZIMAKO**** PAGANELLI**** ROUSSEY***
Entr. : HERBIN.
Total : 41.

11.043 spectateurs
Arbitrage de M. Vautrot

Bonne opération pour les Angevins, qui ont bien résisté aux Stéphanois pendant quatre-vingt-dix minutes. Ils s'offrirent même le luxe de prendre l'avantage dès la quinzième minute de jeu par Baltimore. Certes, Platini égalisait peu de temps après, n'empêche qu'au repos Angers tenait le bon bout.

Au fil des secondes, la domination stéphanoise se fit de plus en plus pressante, mais Angers défendit son précieux point avec acharnement, à l'image de Chaslerie, le grand bonhomme du match. Le S.C.O. a bien commencé sa dure bataille contre la relégation...