Laurent Piniarski (S.C.O. Angers)

Bien sous tous rapports

ANGERS. — Ce qui frappe lorsque l'on se trouve en présence de Laurent Piniarski, c'est l'équilibre qui se dégage de ce garçon de dix-huit ans. Nullement prétentieux, alors qu'il a été l'un des joueurs de base de l'équipe de France juniors, finaliste du tournoi international de Monaco, il est, au contraire, d'une grande modestie.

C'est au tournoi européen de Montaigu, alors qu'il était minime, qu'il porta, pour la première fois, l'équipement tricolore. Il n'a cessé, depuis, de faire partie des équipes de France de sa catégorie d'âge : quatre fois international scolaire, trois fois international cadets et quatorze fois juniors.

— « Lorsque l'on peut déjà exhiber une carte de visite aussi bien remplie, ne regrette-t-on pas d'avoir opté pour un club moyen comme le S.C.O. d'Angers alors que d'autres plus huppés étaient également solliciteurs ? »

— « Non, absolument pas ! Malgré les offres de Nantes, Paris S.G. et Sochaux, c'est délibérément que j'ai choisi Angers. La rectitude de MM. Michlovsky et Belo m'avait convaincu. Je ne le regrette pas.

« Et puis, le fait de retrouver à Angers mes copains de l'équipe des cadets de Paris, championne de France des Ligues : Debruyne, Diecket, Sautereau également engagés par le S.C.O., m'a incité à faire ce choix.

« Le S.C.O. n'est peut-être plus tout à fait ce qu'il était — à ce que l'on dit — mais pour moi il avait la réputation de pratiquer un football de qualité. L'enseignement que l'on reçoit à son centre de formation correspond en tout cas à ce que j'en attendais ».

Originaire de Villepinte (Seine Saint-Denis) où il est né le 7 octobre 1962, Laurent Piniarski a débuté comme poussin à neuf ans sous les couleurs d'un club de première division de district : Mitry (Seine-et-Marne) où réside sa famille. Trois ans plus tard, il est entré au glorieux Red-Star.

Ayant commencé, lorsqu'il était bambin, à jouer comme avant-centre, puis ailier gauche et joueur de milieu de terrain, Laurent est devenu défenseur un peu par la force des choses. En effet, lors d'une sélection de cadets de première année, Christian Perez (Nîmes) s'étant blessé en stage à l'I.N.S., le Directeur Technique National, Georges Boulogne, a fait passer Laurent Piniarski d'ailier gauche au poste d'arrière gauche, qu'il a conservé depuis.

En juin 1979, alors qu'il venait d'adhérer au S.C.O., il eut la chance de participer à une tournée au Canada, à Montréal et Toronto, avec une sélection de Paris, composée à la fois de joueurs d'expérience (comme Guignedoux, Hédé, etc.), mais également d'espoirs. C'est dire si la vie quelque peu errante de footballeur lui est déjà familière. Il l'apprécie en tout cas vivement.

Et pourtant, Laurent Piniarski était un bon élève à Drancy où il est passé de seconde A.B. en première B, après avoir toujours eu des notes au-dessus de la moyenne.

« Non, vraiment, je n'aurais cependant pas pu faire de bonnes études. Je pensais, en effet, quasi exclusivement au football. »

Très objectif, Laurent Piniarski reconnaît, lorsqu'il parle du Tournoi de Monaco, qu'il est normal que les Italiens aient gagné en finale, mais qu'il est juste que la France, « capable de mieux pourtant », ait précédé l'Espagne et l'Allemagne au classement.

Ravi d'être à Angers où le club, l'entourage, les entraîneurs, les copains et la ville lui plaisent, Piniarski n'a pourtant pas eu de chance à son arrivée au S.C.O. Lors du deuxième match joué sous les couleurs angevines, contre Le Mans, il a été sérieusement blessé au talon d'Achille. Son tendon ne tenait plus que sur un centimètre. Il a dû être plâtré pendant trois semaines.

Sans être passionné par autre chose que le football, il aime bien la solitude pour écouter de la bonne musique ou encore aller au cinéma pour voir des reconstitutions d'histoires vécues.

Hormis Johan Cruyff, le joueur n°14 d'Ajax Amsterdam qui domina le football européen durant trois ans, de 70-71 à 72-73, aucun autre joueur ne l'a vraiment impressionné. Si ce n'est, en France, Michel Platini qu'il place au-dessus des autres.

« Non, je ne cherche pas de modèle. Je veux seulement m'appliquer à donner le meilleur de moi-même, en cherchant à progresser en rapidité d'intervention et de relance de jeu.

« Mon vœu, c'est de faire bien, tout en restant simple. Je crois que je suis assez lucide pour y parvenir, sans que cela m'empêche de réussir une belle carrière. »

Tony EFFLING

Merci au Courrier de l'Ouest pour cet article et à cris72 pour le scan.