Angers - Sedan 2-2 (0-2)

LE S.C.O. EST TOMBE DANS LE PIEGE


Edwige : tous les malheurs du S.C.O. devant Sedan.

ANGERS. — En obtenant in extremis le match nul avec Sedan, l'équipe d'Angers, samedi soir, sur son terrain, a réellement préservé l'essentiel. En effet, bien qu'ayant été menée 2-0 à la mi-temps par les Sedanais, Angers reste au commandement.

En fait, il fallut aux Angevins, méconnaissables, deux coups de pied arrêtés, un coup franc puis un penalty providentiel trois minutes avant la fin pour leur éviter de connaître les affres de la défaite chez eux, où ils sont invaincus depuis treize mois. Ce point tiré par les cheveux même s'il n'a pas de conséquences catastrophiques, est néanmoins une fausse note à mettre au compte de l'équipe de Bourdel, qui fut surprise et désarçonnée par les poulains de Louis Dugauguez, qui viennent de retrouver la Division I après un an de « purgatoire ».

D'ailleurs, si les Angevins avaient pu entendre les propos de l'entraîneur ardennais avant la rencontre, ils auraient peut-être un peu mieux ouvert l'œil.

Dugauguez, en effet nous avait dit : « Nous avons eu un début de calendrier difficile, mais, chez nous, contre Marseille, nous n'avons pas été particulièrement soignés par l'arbitre, tandis que, à Sochaux, nous devions vaincre tellement nous avons dominé ; alors, comme notre équipe est en progrès et que Osim y joue un rôle prépondérant, je ne vois pas pourquoi nous ne battrions pas Angers. »

Quelques instants plus tard, au grand désappointement de quelque 9.000 spectateurs, dont Raymond Kopa, Le Bihan et Rampant avaient donné deux buts d'avance à leur équipe, devant une formation qui jouait, d'ailleurs, comme aux plus mauvais jours, à la stupéfaction des dirigeants de Dynamo Berlin — prochain adversaire d'Angers en Coupe de l'U.E.F.A. — qui, ayant assisté le mercredi précédent à la victoire angevine sur Metz, étaient restés à Angers pour assister également au match contre Sedan.

« C'est à croire qu'Angers a voulu cacher son jeu », ironisait quelqu'un. Bien entendu, il n'en avait pas été question le moins du monde, mais, à Angers, pour que tout baigne dans l'huile — et cela de tout temps —, il faut que le départ soit bon. On s'aperçoit très vite, lorsqu'on suit particulièrement cette équipe, si le S.C.O. va être bon ou mauvais. Il suffit souvent ce peu de chose pour que l'équipe, si brillante parfois, devienne presque catastrophique. Comme l'athlète très affûté qui se trouve au bord du surentraînement et du claquage. Samedi, dès la septième minute, une superbe transversale de Guillou en direction d'Edwige pouvait amener un but lumineux. Or Edwige ne put marquer et, de plus, il se claqua. Dès lors, ceux qui attendaient Angers virent avec stupéfaction Osim, Rampant, Dellamore commencer de mettre au supplice una équipe du S.C.O. mal inspirée, où chacun essayait de sauver les meubles, au mépris du jeu groupé et varié qui est la manière de l'équipe de Nagy. Certes, les deux buts marqués par Sedan furent le résultat de deux erreurs de défense, mais il faut bien penser que lorsque les défenses sont amenées à commettre des fautes, c'est qu'elles y sont aussi parfois poussées par les attaquants adverses. Or les Sedanais, pendant toute la première mi-temps, parurent presque faire cavalier seul avec beaucoup de sang-froid, ce qui, d'ailleurs, contrastait singulièrement avec la fébrilité animant les joueurs du S.C.O. Et si nous avons vu un mauvais Angers, il serait bien injuste de ne pas dire que nous avons, en revanche, découvert un excellent Sedan, avec, de plus, un maître à jouer, Osim, qui se paya le luxe d'être le meilleur des 22.

« Ce qui me fait plaisir, nous déclarait Louis Dugauguez, c'est que nous avons prouvé que nous pouvions marquer des buts chez l'adversaire. C'est important, car une équipe qui ne marque pas à l'extérieur n'est pas une grande équipe. Nous étions venus à Angers avec le désir de vaincre. J'avais dit à mes joueurs que si nous gagnions là-bas nous pourrions, pour cette saison du retour en Division 1, terminer dans les huitièmes. Et bien, puisqu'on nous a frustrés d'un succès, disons que nous terminerons dans les douzièmes. Mais, en Coupe, nous ferons mal... »

Comme on le voit, Dugauguez a retrouvé - si tant est qu'il l'ai jamais perdu — son légendaire enthousiasme. Pour lui, c'est une aventure passionnante qui recommence après une année d'exil. On reparlera donc de cette équipe qui a manqué son coup de fort peu samedi soir, mais qui semble très disposée, désormais, à exploiter à fond toutes les occasions qui se présenteront.

Quant à l'équipe d'Angers, qui pensait être sur le bonne voie pour la reconquête de son public, elle a pris la chose comme un véritable coup de semonce, au moment même où, après l'entracte consacré à Grèce-France, elle va avoir un calendrier particulièrement délicat puisque le 6 septembre les Angevins joueront à Bordeaux avant de recevoir les Allemands de l'Est, puis, le 16, c'est Strasbourg qui jouera au stade Jean Bouin et le 20 septembre — avant le match retour contre les Allemands à Berlin —, les hommes de Bourdel seront à Nice.

Ainsi, pour le S.C.O., septembre sera-t-il un mois de vérité. Les Angevins vont disposer de suffisamment de temps pour préparer ce redoutable programme, qui devrait attirer la grande foule au stade Jean-Bouin, pour peu que les coéquipiers de Guillou et de Poli retrouvent la grande cadence.

Victor Peroni

Merci à France Football (29 août 1972) pour l'article et à johnny rep pour le scan.