ANGERS - PARIS F.C. (1-1)

ANGERS. — Pour les deux équipes en présence, mais plus encore le S.C.O. à la lutte pour décrocher sa participation à la Coupe de l'U.E.F.A. que le Paris F.C. presque rassuré sur son maintien, la partie s'annonçait d'importance.

Elle débuta en faveur des Angevins très vite en action. Dès la sixième minute, après un beau travail de Gaidoz sur l'aile droite, Berdoll poussait la balle au fond des filets parisiens après que Delumeau ait bêtement laissé échapper la balle. Le S.C.O. poursuivait et malmenait sérieusement Paris.

Mais, au bout d'une demi-heure de jeu, la situation n'avait pas évolué et les Parisiens montrèrent qu'ils n'avaient pas l'intention d'en rester là, Spiegler se faisant dangereux pour Gallina.

Dès le début de la deuxième période, Eo profitait d'un bon débordement de Prost et d'un bon centre de ce dernier pour égaliser. A la soixante-neuvième minute, M. Ulhen oubliait de siffler un penalty en faveur de Paris pour fauchage de Damjanovic sur Floch. Deux minutes plus tard, Prost, tout seul devant Gallina, échouait.

Visiblement Paris F.C. se contentait du match nul tandis que le S.C.O., désorganisé par la sortie de Guillou, cafouillait beaucoup, le match nul apparaissait comme la sanction logique de ce match très moyen dominé par Gallina, Guillou, Berdoll d'une part, Spiegler, Horlaville, Floch de l'autre.

Les moyens du bord

ANGERS. — La jambe arquée et la tête haute, Jean-Marc Guillou, du haut de toute sa classe, avait donné le ton au S.C.O. pendant les dix premières minutes du match. On imaginait mal alors que les Angevins puissent être battus, même pas tenus en échec, tellement ils avaient pris ce match en main grâce justement à Guillou, royal et triomphant.

Peu à peu, la vedette du S.C.O. disparut de la circulation. A la cinquante-sixième minute de jeu, après que son équipe se soit fait rejoindre par Paris F.C., il sortait boitillant. Alors, le jeu du S.C.O. se détériora complètement et les Parisiens obtinrent leurs meilleures occasions de conclure par Floch et Prost.

Sans gros risques de se tromper, on peut donc affirmer que l'élongation de Guillou a grandement servi la cause de Djorkaeff et de ses équipiers en même temps qu'elle entraînait la confusion dans sa propre équipe.

Il est d'ailleurs à signaler qu'il s'agit là, selon l'intéressé, de son premier accident sérieux. Il est aussi à remarquer que deux hommes tranquilles, assis sur un banc de la tribune de presse assistèrent, samedi soir, à la fin de partie pénible du S.C.O. : Guillou et Poli, toujours mal en point lui aussi. Cette absence des deux compères, en plus de la fatigue due à une succession de matches difficiles, explique assez bien la baisse de régime des Angevins.

Plus que tout autre club, Sedan excepté, le S.C.O. souffre dans son équilibre de la mise en pratique du contraste temps. Le président Kerjean nous le rappelait encore samedi soir.

Quatre joueurs arrivent en fin de contrat. Gallina (dont le cas est croqué en pages confidentielles), Bourdel, Edwige, Gaidoz. Pour Gallina, il est évident que le S.C.O. aura du mal à s'aligner et qu'il ne le cherchera peut être même pas. En revanche, il fera un effort pour Edwige et peut-être aussi Bourdel et Gaidoz.

Là, se limiteront peut-être, avec le départ de l'entraîneur Nagy, les « mouvements de personnel » du S.C.O. à l'inter-saison. En effet, si l'on a bien compris le président Kerjean, participation à la coupe de l'U.E.F.A. ou non, Angers ne se lancera pas, cette année encore, dans une opération d'envergure spectaculaire.

Le S.C.O. est obligé de faire avec les moyens du bord.

C'est pourquoi la moindre blessure peut prendre là des allures de coup dur. Ainsi, celle de Guillou qui, ajoutée à celle de son compère Poli, peut peut-être priver Bourdel et ses équipiers d'une nouvelle participation à la Coupe de l'U.E.F.A.

GALLINA S'ÉVADE

ANGERS. — Ce n'est pas d'hier que l'on dit à Angers que sans lui le S.C.O. n'accomplirait pas les bonnes performances auxquelles il nous a habitués depuis quelques années. Il y a, dans cette affirmation, du vrai car le gardien de but dans une équipe tient une place à la fois à part et prépondérante. Et René Gallina est un vrai gardien, un gardien de métier.

Il l'a encore prouvé samedi soir en deux ou trois parades qui ne devaient rien au hasard du moment mais à une expérience que semble démentir un visage ouvert et juvénile.

A 28 ans Gallina possède enfin cette sobriété de gestes qui fait que, au moment où il les accomplit, ses gestes ont l'air d'une simplicité enfantine alors qu'en fait ils sont le fruit de longues heures de répétition et d'échecs. Deux plongeons, d'abord dans les pieds de Spiegler puis une autre sortie — plus périlleuse celle-là — dans les pieds de Prost seul face à son but nous l'ont bien prouvé.

Il y a deux ans, après un match nul obtenu contre Saint-Etienne sous une pluie diluvienne, au cours du repas qui réunissait tous les joueurs du S.C.O. dans un petit restaurant de la ville, Gallina, l'ambiance de la discussion aidant, avait confié à un de nos confrères qu'il estimait parvenue à son terme l'expérience effectuée avec Angers. Déjà, il semblait démangé par des idées d'évasion. Il oubliait peut-être qu'il était encore sous contrat pour deux ans avec le S.C.O. En tout cas on le lui rappela. Et il reste angevin.

Mais aujourd'hui, Gallina arrive en fin de contrat.

Il compte en profiter comme il nous le disait sous la douche samedi soir.

« Le S.C.O. est un bon club où il règne une excellente ambiance. Nous formons une véritable équipe de copains, c'est vrai. Mais pour un footballeur dont c'est le métier de jouer, il y a sans doute d'autres satisfactions à tirer que celle de l'amitié. Le S.C.O. manquera toujours de moyens, donc d'ambition. Or, je veux jouer dans un club ambitieux !... »

Ce n'est pas là une maladie honteuse. Elle serait même plutôt respectable cette envie qui démange un peu sur le tard un homme jeune dont l'impression est sans doute qu'il n'a pas encore exploité tous ses dons. Et qui veut les exploiter pour aller voir au bout de lui-même ce qui s'y passe. Pour connaître enfin qui il est et ce qu'il vaut.

Gallina arrive au bon âge pour un gardien. A Angers il a été un peu mis en réserve de la république des « goals ». On a oublié que ce garçon a été considéré comme un possible titulaire de l'équipe de France. Il ne faudrait sans doute pas grand-chose pour qu'il se joigne d'ici peu au peloton des jeunes loups lancés aux trousses de Carnus.

Carnus avec qui il a joué au Stade Français... voilà bientôt dix ans.

Gérard ERNAULT

Merci à France Football (2 mai 1973) pour l'article et à johnny rep pour le scan.