NANCY - ANGERS (0-0)

NANCY. — Toute la première mi-temps fut monotone car chaque équipe s'appliquait à conserver le ballon, le transmettant toutefois d'une manière trop lente et sans aucun engagement de rythme. De ce fait, les occasions de but furent rares : deux pour chaque formation en cette première mi-temps, Gallina se trouvant toutefois plus en danger que Fouché, singulièrement, sur une tentative de Castronovo (20e).

C'est Castronovo qui, par la suite, se montra à nouveau l'attaquant le plus entreprenant de Nancy durant la seconde mi-temps, qui fut beaucoup plus animée et plus intéressante. Pendant ces quarante-cinq dernières minutes, Angers bloqua le jeu en se cantonnant en défense d'une manière systématique. La domination lorraine fut donc écrasante.

Alors qu'Angers, sur une de ses rarissimes contre-offensives n'eut plus de tir véritablement dangereux, Nancy, par Kuszowski, Vicq, mais surtout par Castronovo, mit Gallina à l'ouvrage. Eu égard à l'activité déployée et à la domination affichée, Nancy, à qui l'arbitre refusa un but pour une faute contestable, aurait mérité de gagner, d'autant oue les Nancéiens jouèrent toute la seconde mi-temps sur un rythme très élevé sans jamais tomber dans le football brouillon. Ils surent au contraire construire un jeu de bonne facture, auquel Angers ne répondit que d'un façon négative, mais toujours correcte.

Les bonnes habitudes

NANCY. - En sortant du stade Marcel-Picot, vendredi soir, Robert Lacoste, le directeur sportif du S.C.O. Angers avait le sourire :

« Nous n'avons pas encore perdu cette fois-ci... »

Ainsi donc, Angers demeurait invaincu, depuis le 14 janvier, et s'en félicitait, puisque la performance réussie à Nancy satisfaisait et ses dirigeants et ses joueurs.

On comprend ce sentiment, puisque Angers cherche à terminer à la 4e place pour disputer la Coupe de l'Union européenne. Cela suppose qu'il faut aller conquérir les points chez l'adversaire. Pour y parvenir, vendredi, Angers avait décidé de refuser le jeu, et la méthode leur a réussi, puisque le point désiré a été acquis.

Mais leur contentement n'a pas été partagé par le public, venu très nombreux, en dépit d'un temps menaçant de pluie, un public qui s'attendait à mieux. C'est là que se pose pour la nième fois la question de savoir si à la longue les foules ne se lasseront pas de ces matches défigurés, où le football est devenu trop défensif. C'est ce que pensaient, en tout cas, aussi bien M. Cuny, président de l'A.S. Nancy-Lorraine, qu'Albert Batteux, après le match de vendredi. On peut supposer que dans leurs propos, il y avait une pointe d'amertume pour avoir laissé échapper un point. Cependant, l'un et l'autre allaient plus loin. M. Cuny disait :

« Nous avons fait le même résultat dans nos deux matches (0-0), à Angers (0-0 ici) et, je me demande si, pour le public, il n'aurait pas été préférable que chaque équipe gagne chez elle. »

Quant à Albert Batteux, dont on connaît l'amour qu'il porte au football ouvert et dont on sait qu'il défend ses convictions avec ardeur, il était, sur ce plan, très catégorique.

« J'étais loin de penser qu'une équipe de la valeur de celle d'Angers adopterait une conduite aussi regrettabe. Je suis prêt à rendre hommage à la correction des Angevins, mais c'est tout ce que je peux faire. Il y a longtemps sans doute que j'ai vu une équipe user d'autant de « trucs » pour perdre du temps. Je crois qu'il y a eu plus de vingt passes en retrait à destination de Gallina durant la deuxième mi-temps et des passes qui ont souvent été faites de 25 m à 35 m. Sans doute, il nous revenait de faire sauter le béton, mais nos gars s'y sont essayés, en particulier Castronovo, qui a tiré plusieurs fois et qui aurait mérité d'être récompensé de ses efforts. Je songe surtout, ici, au début de la seconde mi-temps, quand il a terminé par un tir foudroyant sur lequel la balle est passée de peu à côté d'une manœuvre collective fort joliment tournée. »

M. L.

Merci à France Football (10 avril 1973) pour l'article et à johnny rep pour le scan.