ANGERS - LYON (1-0)

ANGERS. — A défaut d'être brillant, le match Angers-Lyon fut serré. Les visiteurs, dont les deux sorties précédentes avaient été deux défaites, étaient bien décidés à se refaire une beauté ce qui, pour commencer, les incita à une prudence de tous les instants. Prudence défensive, bien sûr, et d'autant plus efficace que le grand Mihajlovic, bien guéri de sa blessure, tenait sa place.

Ce rideau protégeant Chauveau rendait trop difficile la tâche des attaquants angevins pleins de bonne volonté certes, mais de plus en plus embarrassés. C'est ainsi que la première mi-temps fut pour le SCO très pauvre en occasions favorables, Chauveau n'étant inquiété que par une belle tête de Cassan, une percée de Antic et une action de Guillou.

Par contre on assista à plusieurs attaques à mettre à l'actif des joueurs lyonnais avant le repos. Gallina dut sortir en catastrophe devant Di Nallo, Chiesa fut abattu de façon suspecte alors qu'il filait seul vers le but et surtout le même Chiesa (33e) rata de peu un essai magnifique grâce à une reprise fulgurante de la tête.

A la reprise, Angers prit très vite une option sur le succès et ce fut un très joli but : Edwige servit habilement Gaidoz sur la gauche, évita Domenech et, filant jusqu'à la ligne de sortie, expédia un centre en retrait qui loba tout le monde — Chauveau y compris — pour arriver sur la tête de Antic dont la reprise fit mouche.

Sur sa lancée, le SCO fut tout près d'augmenter la différence, mais la réplique lyonnaise faillit faire mouche, Brulez glissant devant Chiesa n'ayant d'autre ressource que de ramener ta balle vers lui de la main et à l'intérieur des dix-sept mètres. C'était un joli penalty que l'arbitre ne vit pas, à la grande stupéfaction de Chiesa.

Dès lors, les Lyonnais s'énervèrent et la pression angevine se fit plus vive. Cet énervement aboutit à l'expulsion de Mihajlovic pour tenue incorrecte, à la fois envers l'adversaire (Bourdel) et envers l'arbitre ; Gaidoz rata de peu un second but en fin de partie.

Les postillons de Mihajlovic

ANGERS. — Il ne faut pas se fier aux apparences. C'est une règle que le grand arrière central de Lyon, Mihajlovic, a confirmée samedi soir à Angers. Pendant 88 minutes, en effet, on avait pu apprécier le calme olympien de ce grand garçon dont l'efficacité défensive fait si souvent merveille. Et puis, tout à coup, ce calme s'est transformé en une telle surexcitation que l'arbitre, M. Verbeke, prit le parti de l'exclusion.

Pour en arriver là, il avait fallu, bien sûr, une accumulation de sujets de mécontentement. Mihajlovic, qui n'avait pu jouer pour blessure contre le Red Star le match précédent, faisait une très bonne rentrée, si bonne que Chauveau, remarquablement protégé, avait connu une première mi-temps de tout repos. Pour Lyon, la perspective d'une bonne performance commençait à se préciser. Hélas, l'indomptable Gaidoz manœuvra si habilement qu'Angers, par Antic, réussit dès la reprise un très joii but.

Les visiteurs, tentant d'égaliser, eurent alors la mauvaise fortune d'être desservis par M. Verbeke qui ne vit pas un penalty évident sur une faute de l'Angevin Brulez. Alors commença à naître une rancœur qui n'arrangea rien.

On en arrivait aux dernières minutes lorsque Gaidoz, ce poison, attaquant sur la droite, fut abattu près du but de façon extrêmement suspecte et resta à terre. Mihajlovic éprouva alors le besoin, involontairement peut-être, mais maladroitement, de poser le pied sur le ventre de l'Angevin, ce qui provoqua les vifs reproches de Bourdel : « A quoi ça ressemble, des gestes comme ça ? » M. Verbeke ayant vu le geste, sortit le carton jaune de l'avertissement. Mihajlovic, furieux, manifesta sa rancœur en crachant sur le capitaine angevin. La salive était si abondante que M. Verbeke en eut sa part. C'est ainsi que le carton rouge succéda au carton jaune et que le Lyonnais fut prié de rejoindre le vestiaire, ce qu'il fit sans se faire prier, tout aussitôt calmé.

Une bonne rentrée qui se terminait par une sortie sans gloire. Dommage pour ce joueur de talent qui n'en est pas moins un garçon sympathique. Son président, M. Rocher, dont le fair-play et la décontraction contrastaient avec l'énervement des joueurs, se consolait en pensant que ses deux matches de Coupe de France contre Marseille allaient lui valoir une fort belle recette.

A Angers, Nagy se réjouissait de cette nouvelle performance favorable : six matches sans défaite valent au S.C.O. de ne pas perdre l'espoir de remporter une nouvelle qualification pour la coupe de l'U.E.F.A., vœu le plus cher du président Kerjean.

DAMJANOVIC : " oublions le passé "

ANGERS. — Pour Milan Damjanovic, le bon sourire, qui lui a valu tant de sympathie à Angers, est complètement revenu. Car sa grave maladie n'est plus maintenant qu'un mauvais souvenir.

Le Yougoslave d'Angers a connu, en effet, une année 1972 extrêmement pénible. L'hépatite virale est une maladie sérieuse. Mais son hépatite à lui battait des records tant elle était grave et tant elle le diminua : six mois d'inactivité.

Tant bien que mal, il avait en juillet repris l'entraînement et avait, de ce fait, retrouvé sa place au centre de la défense angevine. Le départ avait même été éclatant, puisque c'est lui, contre Ajaccio, qui avait marqué le premier but, non seulement du match, mais aussi de la compétition (6e minute).

Pourtant, malgré cet encouragement, le cœur n'y était pas ; les traits étaient tirés, la mine médiocre. L'amitié de ses camarades, qui très souvent, dans sa petite chambre de l'hôpital d'Angers, étaient venus l'encourager, l'aida alors à passer ce fichu moment. Et petit à petit, la santé, la vraie, revenait.

Dans la belle tenue actuelle du S.C.O., son rôle est important. Il vient, par exemple, de jouer trois matches remarquables contre Nice, à Nîmes, puis, samedi dernier, contre Lyon. Son métier, sa sûreté, son astuce, son audace font merveille au point qu'il est sans doute le « libero » idéal tant il excelle à colmater les brèches.

C'est Kovacevic qui avait recommandé aux dirigeants angevins ce camarade de l'équipe nationale de Yougoslavie. Lui-même a conseillé au S.C.O., cette saison, l'engagement de Antic, et pas seulement pour lui tenir compagnie en Anjou.

Le deuxième Yougoslave du S.C.O., en effet malgré une allure un peu dilettante, expose de plus en plus de belles qualités. C'est lui qui a, contre Lyon, marqué le but de la victoire et le plus heureux de sa réussite était bien sûr son ami Damjanovic.

Yves RICHARD

Merci à France Football (27 mars 1973) pour l'article et à johnny rep pour le scan.