ANGERS - NICE (0-0)

NICE ENTRE DEUX CHAISES

ANGERS. — L'équipe de Nice n'a pu, dimanche à Angers, que faire match nul avec celle du S.C.O. En fait, les Niçois s'estimaient satisfaits de ne pas avoir perdu ce match par 3 à 1 par exemple. En effet, au cours de la première mi-temps, menée tambour battant par les Angevins, les Niçois ne prononcèrent réellement que trois attaques qui ne mirent d'ailleurs jamais réellement en danger Gallina. En effet, c'est Baratelli qui, au cours de cette première période, sauva par deux fois son but et aussi un curieux règlement qui fit qu'un but marqué par Berdoll, alors que Chorda se trouvait seul entre lui et les buts, fut annulé pour hors-jeu. En fait, les Niçois ne donnèrent jamais, au cours de cette première période, l'impression de devoir défendre leur place de leaders qu'ils allaient finalement à la fin de la rencontre partager avec Nantes.

En deuxième mi-temps, pourtant, Angers étant fatigué par le rythme impitoyable fourni en première mi-temps, baissa de pied et les Niçois commencèrent à relever la tête et, curieusement, ce match, qui avait été dominé de la tête et des épaules par Angers, faillit être funeste à l'équipe du S.C.O. En effet, dans les six dernières minutes, Nice faillit bien remporter la victoire car, par deux fois, Jean-Noël Huck, que les défenseurs angevins croyaient hors jeu, se présenta seul devant le gardien Gallina et, par deux fois, miraculeusement, celui-ci sauva ses buts alors que tout paraissait perdu. Evidemment, une telle victoire n'aurait pas été tellement méritée, mais elle aurait permis à Nice de conserver seul sa première place. Pourtant, il faut remarquer que cette victoire de Nice a été manquée, et c'est cela qui est paradoxal, par le meilleur joueur de l'équipe niçoise.

ANGERS. — Ainsi donc, alors que le championnat va s'arrêter pour laisser la place à France-Portugal et ensuite à la Coupe de France, par une sorte de mini-trêve, Nice, en tête depuis la huitième journée, est maintenant rejoint par Nantes à la première place du classement.

Il faut dire que les Niçois avaient terminé les matches aller en concédant un résultat nul sur leur terrain devant l'O.M. et que depuis leurs rencontres retour les Niçois piétinent. Ils furent d'abord tenus en échec chez eux devant Reims. Un sursaut les fit vaincre à Ajaccio, mais ils allaient encore concéder un match nul à domicile devant le Red Star cette fois, puis ce fut la défaite à Metz et un nouveau match nul à Nice devant Saint-Etienne, et enfin dimanche, à Angers, encore un match nul mais blanc cette fois, c'est-à-dire sans aucun but marqué. Ainsi, c'est la désescalade ; en six journées, Nice n'a gagné qu'une fois, et jamais chez lui. Et ce qui devait arriver s'est produit dimanche. Nantes, dont la marche est constante, a enfin rejoint les Niçois qui, de surcroît, ne sont même plus maîtres chez eux.

Mais l'entraîneur Jean Snella, fidèle à son personnage, ne veut pas donner l'impression de l'affolement et il dit : « Nous sommes rejoints par Nantes, eh bien, c'est une péripétie. Nous repartons, en quelque sorte, de zéro. Bien sûr, c'est peut-être embêtant, mais nous allons avoir du temps pour revoir entre nous certains problèmes et cette coupure permettra à quelques joueurs de souffler un peu. »

Il faut dire que Nice, depuis pratiquement le début de la saison, « tourne » avec les mêmes éléments. Les remplaçants niçois qui pourraient entrer le plus facilement dans l'équipe, c'est-à-dire Jean-François Douis et René Fiorini, sont blessés. Cela est d'autant plus navrant que ce sont des ailiers — encore que Jean-François Douis puisse également jouer arrière — c'est-à-dire des hommes dont Nice semble actuellement avoir le plus besoin, car dimanche contre Angers, Nice a pratiquement opéré sans ailiers, comme Georges Boulogne entend faire jouer l'équipe de France. Mais en équipe de France, le sélectionneur compte sur un tandem d'attaquants avec Revelli et Molitor, alors que dimanche, à Nice, Revelli ne pouvait, étant accablé de travail, se trouver aux avant-postes alors que Van Dijk, encore traumatisé par son accident, recherche toujours une position excentrée. En fait, on n'arrivait pas très bien à saisir, dimanche, la façon de jouer des Niçois et elle paraissait très hybride, mal assise sur plusieurs chaises.

II est donc temps que l'équipe se ressaisisse, qu'elle retrouve ses excellents principes de jeu, alors que maintenant qu'elle vient d'être rejointe, elle risque de continuer de glisser. Bref, d'ici au 15 mars, date de Nice-Bordeaux, il est urgent que Nice se refasse une santé.

GALLINA : la classe

ANGERS. — Une fois encore, René Gallina s'est conduit dimanche à Angers en grand gardien de but. En fait, il n'eut pratiquement rien à faire pendant presque tout le match et, au milieu de la pluie glacée qui n'arrêtait pas de tomber, on avait même froid pour lui.

Ce sont dans de pareilles circonstances que l'on voit la classe d'un gardien : lorsqu'il n'est sollicité qu'une fois de temps à autre, à l'improviste et qu'il « répond » toujours.

Or, Galiina, dans les six dernières minutes de la rencontre Angers-Nice, tint le sort du match entre ses mains. Une première fois Huck, alors que les Angevins pensaient être hors-jeu, se présenta seul devant lui grâce à une astucieuse passe de Loubet. Gallina voyant très vite qu'il se trouvait seul à un mètre seulement du Niçois, bondit et repoussa la balle. Angers venait de connaître une très sérieuse alerte. Mais le plus fort, c'est que la même phase de jeu se présenta à Gallina deux minutes plus tard, et que cette fois encore il dut carrément plonger dans les jambes de Huck qui voulait essayer de battre l'ancien Niçois du Cavigal — comme Baratelli et bien d'autres — d'une manière différente. En effet, la première fois il avait essayé de lober Gallina, la deuxième fois il voulait lui placer une balle à ras de terre.

Ce n'est pas la première fois que Gallina sauve ainsi les meubles de son équipe. Déjà au match aller contre ces mêmes Niçois, il avait stoppé la ruée azuréenne ce qui avait permis ensuite la belle remontée de son équipe. En fait, Gallina comme son équipe joue bien et n'est jamais bombardé, par contre il a toujours un travail délicat car furtif et à l'improviste. Mais il s'en sort, toujours très bien.

Garçon sympathique, élégant et sobre dans son jeu et dans la vie, il fait partie de ceux que l'on ne convoque jamais en stage. Et pourtant...

Victor PERONI


Un match serré entre Nice et Angers comme ce duel entre Quittet et Bourdel.


Faisant fi de la grève des aiguilleurs du ciel, Isnard décolle pour mieux proléger son gardien Baratelli.


Encore une attaque de Bourdel au milieu de la toile d'araignée niçoise. De gauche à droite : Huck, Chorda, Guillou, Eriksson, Bourdel, Gaidoz, Quittet et Ascery.

Merci à France Football (27 février 1973) pour l'article et à johnny rep pour le scan.