ANGERS - BORDEAUX (3-1)

ANGERS. — Angers, une fois de plus, a donné des émotions à ses supporters. Après s'être procuré de nombreuses occasions en première mi-temps, après s'être même vu refuser un but pour des raisons douteuses, le score nul au repos eut déjà constitué une déception.

Or, il y eut bien pire encore puisque, à quelques secondes du repos, une faute de défense permit aux Bordelais de marquer comme à la parade et de mener bel et bien en rentrant au vestiaire : Gallice s'étant échappé sur la gauche avait centré de belle façon pour la tête de Lattuada qui avait alors rabattu la balle dans le but vide.

Fort heureusement pour le S.C.O., l'égalisation ne tarda pas après la reprise et Gaidoz, bien lancé par Bourdel, avait remis son équipe en selle grâce à un joli but d'avant centre. Dès lors, tout devint plus facile et Berdoll ne tarda pas à porter la marque à 2-1 grâce à un excellent tir qui ricocha sur Mitoraj. Edwige augmenta ensuite la différence en profitant d'une balle que lui avait glissée Antic après une hésitation d'un arrière bordelais.

Trois jolis buts récompensaient une équipe angevine pourtant incomplète mais qui s'était battue avec entrain.

Bourdel-Guillou : quel milieu de terrain !

ANGERS. - On ne compte plus les fois où le S.C.O. s'est fait mener au score sur son terrain. Le plus souvent, il commence flamberge au vent, sans tirer bénéfice des bonnes occasions qu'il se crée. Une banderille bien conduite de l'adversaire lui vaut souvent de rentrer au vestiaire avec un but de retard. Et c'est encore ce qui s'est passé devant Bordeaux.

Edwige, Berdoll, Antic eurent le but au bout du pied, mais Rigoni ou la maladresse ne permirent pas la conclusion. Bourdel marqua bien, mais l'arbitre venait de siffler une faute et refusa le point.

La mi-temps allait être sifflée quand une faute de défense permit aux Bordelais de prendre l'avantage. Tout pouvait être compromis. C'est alors que Gaidoz, une fois de plus, se chargea de la remise en selle en égalisant de belle façon.

La supériorité angevine, ensuite, s'affirma tout naturellement, et les Bordelais, en fin de match, ne la discutaient pas. Le mérite du S.C.O. était d'autant plus grand que son équipe était fort incomplète puisque quatre titulaires lui manquaient : outre Lassalette, en effet, Poli, Lemée et Fievet avaient dû s'abstenir et il avait fallu faire donner les réserves. Parmi elles, on vit un très robuste Brulez au poste d'arrière central. L'ex-Choletais, qui n'a que 22 ans, ne devrait pas tarder à s'imposer et il a, dimanche, justifié tout le bien que pensait de lui Lucien Troupel quand il l'utilisait la saison dernière en équipe de France militaire.

Autre réserve, l'arrière droit Lechatellier, qui s'appliqua à jouer sérieux. Il y parvint en partie, malgré une erreur en première mi-temps qui permit aux Bordelais d'ouvrir le score. Ce fils de général possède de séduisantes qualités.

Mais la force du S.C O. tient encore une fois en son milieu de terrain. Guillou, bien sûr, mais aussi Pierre Bourdel, qui conserva ainsi le poste qu'il avait tenu à Brest en Coupe de France contre Nantes, après la blessure de Lemée.

Yves RICHARD.

Jean-Paul GAIDOZ spécialiste des remises en selle

ANGERS. — Jean-Paul Gaidoz a eu dimanche le grand mérite de remettre son équipe en selle alors que, menée à la marque contre le cours du jeu, elle commençait à perdre contenance. Il marqua alors un joli but d'avant centre, court, rapide, sur une ouverture de Bourdel. Pivot imparable, coup d'oeil vers la cage et tir soudain qui laissa Rigoni impuissant...

Un but d'avant centre et pourtant Jean-Paul ne porte plus le numéro 9 qui lui avait si bien réussi à son arrivée à Angers. Ce numéro 9 il l'a cédé sans faire d'histoire à son jeune camarade Berdoll auquel il ne cesse de prédire un bel avenir. Il s'est donc exilé à l'aile droite où il n'en rend pas moins de précieux services, ne cessant d'empoisonner les défenses adverses qu'il assaille de toutes les manières. La plupart de ses adversaires, quand ils rentrent au vestiaire, disent de lui : « Ce Gaidoz, il nous a encore fait mal. »

Dimanche soir il disait : « A Brest contre Nantes, j'ai réussi la même action et le même tir soudain mais la balle a frôlé un montant. Quel dommage ! J'aurais pu tout remettre en question. »

Jean-Paul, qui mène dans la campagne angevine la vie sage d'un paysan, sera en fin de contrat à la fin de la saison. Il vient d'avoir trente ans et il a encore devant lui de belles années de professionnel. Pour raisons familiales, il aimerait descendre un peu sur la Côte-d'Azur. Et que ce soit avec le numéro 9 ou avec le numéro 7, il sera encore pour le club qui lui fera confiance un attaquant infiniment précieux qui n'aura pas son pareil pour les buts de remise en selle : sa spécialité en somme.

Yves RICHARD.

Merci à France Football (6 février 1973) pour l'article et à johnny rep pour le scan.