GALLINA OU LE PLAISIR DE JOUER

ANGERS. — A Angers on l'appelle avec un rien de gentillesse le « Roi René ». René Gallina est en fait un des joueurs du S.C.O. que le public préfère. Sans doute parce que en plus de ses grandes qualités, de sa simplicité, il est Angevin depuis la saison 65-66. C'est même à Angers qu'il est devenu professionnel.

Auparavant René venant du Cavigal de Nice — le club qui a sorti un certain nombre de grands joueurs professionnels — avait échoué à Paris où au Stade Français il était la toute jeune doublure de... Georges Carnus. Il avait à peine 18 ans. Aujourd'hui Gallina a 27 ans, et comme tous les grands gardiens de buts, il trouve la très grande cadence car aux qualités naturelles se sont ajouté un certain nombre d'autres qualités indispensables dont l'ensemble s'appelle le « métier ».

Apres son match contre Nîmes, Kopa goguenard lui demandait : « Tu ne t'es pas enrhumé ? » En fait pour une fois depuis plus d'une semaine, René n'avait pas été tellement sollicité tant ses camarades avaient dominé leur sujet.

« Nous aurions pu « faire le trou » disait-il, nous détacher de Nice et surtout de Marseille et voilà nous avons perdu cette occasion en concédant notre première défaite sur notre terrain depuis quatorze mois. »

Gallina était d'autant plus navré que comme il le dit si sympathiquement : « Nous jouons pour le plaisir et cela nous aurait fait rudement plaisir de décramponner ceux qui à priori sont mieux armés que nous. Certes nous restons premiers, c'est une bonne consolation, et nous tâcherons de le rester le plus longtemps possible. Parce que cela nous plaît, nous amuse. »

Curieux Gallina, excellent professionnel par ailleurs qui joue « pour le plaisir » et aussi déplore que parfois les Français ne sachent pas tellement « jouer pour le résultat ». En revenant de Berlin la semaine dernière, il nous confiait que les Allemands et les étrangers en général lorsqu'ils livrent des rencontres importantes — et toutes semblent présenter de l'importance pour eux — ne pensent qu'à une seule chose : l'efficacité.

Jouer pour son plaisir et jouer pour le résultat sont-elles deux conceptions différentes ? Certainement pas pour Gallina pour la simple raison que c'est un gagneur. C'est bien pour cela que Georges Boulogne semble avoir inscrit son nom sur ses tablettes.

V. P.

Merci à France Football (3 octobre 1972) pour l'article et à johnny rep pour le scan.