Eric EDWIGE pour un numéro 10

ANGERS. — Lorsque, après une demi-heure de jeu contre Sedan, Eric Edwige dut sortir pour un début de claquage, il était désespéré : « Tout de même, avec la forme que je connais actuellement, si je ne pouvais jouer contre Berlin j'en ferais une maladie. » Et il s'informait avec anxiété auprès du médecin et du masseur : « Croyez-vous que je serai guéri ! » Cette sortie, soit dit en passant, fut sans doute et en partie une des causes de la tenue médiocre des Angevins ce soir-là contre les Ardennais.

Mais Eric était à peu près rétabli pour jouer à Bordeaux. Pourtant, après une heure de jeu, il ressentit quelques séquelle et, prudemment, il demanda à son entraîneur de le remplacer. Le numéro 12, Lecoeur, commença donc à s'échauffer. C'est le moment que choisit le petit Guyanais pour battre Rigoni d'un tir bien placé. Quatre minutes plus tard, Lecceur prêt à rentrer quittait alors son survêtement. Edwige entreprit sa dernière course, se précipita sur une balle lobée de Poli et de volée, l'expédia dans les filets. Un but magnifique. Et de deux.

Recevant les compliments de Nagy, il regagna alors les vestiaires... Voilà qui était bien joué.

Edwige est né à Cayenne le 28 mai 1945. Ecolier, il ne rêvait déjà que de football et entreprenait avec des objets variés autant qu'inattendus toutes sortes de dribbles. Son meilleur copain de jeu s'appelait Alain Sainflour. Il est maintenant, au Brésil, partenaire de Pelé, à Santos. Eric, devenu adolescent, fut recommandé par un Alsacien, résidant en Guyane, au club de Mutzig. Il allait, en CF.A., briller d'un vif éclat. C'est là que le S.C.O. vint le chercher en 1967.

Après une saison chez les amateurs, il devint titulaire chez les professionnels en 1968. Depuis quatre ans, il marque chaque saison sa dizaine de buts.

La saison dernière, il fit une remarquable période « retour ».

Souvent utilisé à une aile, il n'aime guère ce poste et ceux qui cherchent à le persuader qu'il a toutes les qualités d'un ailier de classe n'arrivent pas à le convaincre. Son rêve, c'est le numéro 10, celui qu'il porte depuis l'ouverfure de la saison nouvelle. Il apporte à ses partenaires du milieu un soutien précieux et ses jaillissements en attaque valent aux défenses adverses de vives inquiétudes (4 buts déjà).

Il a épousé une belle Angevine et est le papa d'un adorable petit Samuel. Il aime les belles voitures. Un de ses frères est aussi professionnel à Aix-en-Provence. Tous les deux ans, Eric emmène sa petite famille en Guyane.

Son contrat à Angers se terminera à la fin de la présente saison mais les dirigeants du S.C.O. aimeraient bien le garder. En attendant, Eric rêve de se distinguer en Coupe d'Europe. On lui a dit que les défenseurs allemands étaient d'une rare vigilance, mais un peu lourdauds. Alors, il compte bien utiliser sa remarquable pointe de vitesse. Ce qui pourrait être une des attractions de ce match qui fait courir tout l'Anjou.

Yves RICHARD.

Merci à France Football (12 septembre 1972) pour l'article et à johnny rep pour le scan.