LA PEUR AU VENTRE

ANGERS. — A la dernière minute du match Angers-Paris F.C., les supporters du S.C.O. ont eu un sacré coup de cafard. Déjà le score de 0-0, qui depuis un bon bout de temps semblait inéluctable, les décevait fortement. Et voilà qu'à cette dernière minute, le rusé Bernard Lech avait expédié, en une sorte de centre-tir, une balle toute dévissée qui avait trompé Janin, et que Beltramini s'était empressé de loger dans la cage.

But... Les Parisiens, fous de joie, commençaient à se congratuler... Mais ce but, l'arbitre le refusait, l'avant-centre parisien étant hors-jeu (ce qui, soit dit en passant, était sans doute exact).

Brave M. Kitabdjian ! Vers lui, des tribunes, s'éleva une bouffée de gratitude.

Souffle coupé, les joueurs visiteurs n'eurent pas l'envie de protester. Ils se rattrapèrent aux vestiaires, où Bruno Bollini maudissait la malchance qui s'acharne sur son équipe :

« Allez savoir, disait-il, ce qui se passe dans la tête d'un arbitre... car enfin, mon Beltramini, il venait de loin, alors... »

Ce match, on l'avait dit et répété, était décisif pour les deux équipes. Une victoire et c'était le sauvetage encore possible pour Paris. Pour Angers, c'était la certitude enfin de la tranquillité. Mais, décisif ou pas, ce fut surtout, des deux côtés, le match de la peur au ventre. Pour le S.C.O. surtout. Ainsi, s'installa de bout en bout une partie d'une parfaite insignifiance. Et, pour les gardiens, d'une assez grande tranquillité. Les Parisiens, pourtant, se virent offrir plusieurs occasions de choix. « Offrir » parce que le plus souvent ces occasions venaient d'erreurs des défenseurs locaux.

Mais Beltramini, avec une désespérante constance, manqua toutes ses conclusions. Sauf la dernière, bien sûr..., mais on sait ce qu'il en advint. Bernard Lech, pourtant, multipliait les bonnes choses et les manœuvres intelligentes, mais il était bien seul.

Les Angevins, « trouille » mise à part, faisaient preuve d'une grande bonne volonté ; mais, en attaque, Félix était bien seul, alors que devant lui le grand Bensoussan ne commettait aucune faute. Bref, c'était ce genre de match sans sel et où seul un penalty aurait pu valoir un but.

Alors le public commença à grogner jusqu'à son coup de cafard.

Bollini, passé la déception du but refusé, prenait connaissance des autres résultats de la soirée et faisait ses comptes : « Le coup est encore jouable, disait-il. A la condition absolue que nous battions Sochaux puis Valenciennes. » Eh oui ! Bien sûr, soupiraient ses dirigeants.

Mignot, mi-figue, mi-raisin, mettait l'accent à juste raison sur la blessure de Cassan, sorti dès la quatorzième minute et dont l'absence avait constitué pour le S.C.O. un lourd handicap. Car s'il était un joueur qui eût été capable de doper ses partenaires, c'était bien Cassan, en effet.

Et l'entraîneur angevin pensait au dernier match, contre Nice, à Angers, qui lui aussi pourrait être décisif..., sans possibilité de rachat cette fois.

« C'est juste ce que j'aurais voulu éviter, disait-il. Nice, le dernier jour pour le sauvetage, c'était déjà le cas en 1975 et l'affaire avait mal tourné. »

En somme, pour le S.C.O., c'est bien toujours la corde raide.

Yves RICHARD.

Bernard LECH : « Ah ! la douceur angevine ! »

ANGERS. — Bernard Lech, vendredi soir, retrouvait cette douceur angevine qu'il avait, avec sa petite famille, tant appréciée pendant deux ans. Il pensait à sa coquette villa de la campagne que sa femme avait quittée avec regret et, sortant du stade, il lançait un regard vers le tennis club où il avait joué tant d'agréables parties :

« A Paris, ce n'est plus possible et c'était si agréable. »

Ce match contre ses anciens partenaires, il l'avait joué avec toute sa conscience, avec toute sa classe aussi au point qu'il avait été le joueur le plus en vu. On pouvait, d'ailleurs, se demander comment son club avait pu pendant un temps se priver de ses services.

Mais ce bon travail était, en outre, assorti de multiples séquelles d'amitié, d'accolades avec Amersek, par exemple, lorsqu'un contact un peu sec n'avait pu être évité ce qui lui faisait dire après la partie :

« La douceur angevine se prête mal à un match décisif où if faut jouer à la mort. »

Au contraire de Bollini, il ne croyait guère pour son équipe au coup encore jouable.

« Bien sûr, nous allons essayer, disait-il, mais il ne faut pas se dissimuler que ce sera très difficile. »

Dommage d'ailleurs, car Bernard, qui doit encore deux ans au Paris FC, aurait aimé évoluer au sein de la grande équipe tant espérée et projetée pas ses dirigeants.

Une grande équipe où il aurait eu sa place sans discussion. Bernard Lech, c'est la qualité, la vraie. — Y. R.


Felix de la tête malgré Caron sous le regard de Eo.


Brulez laisse sur place le libéro parisien Alberto.


Lecornu s'engouffre entre Papin et Laffargue.

Merci à France Football pour l'article et au Courrier de l'Ouest pour les photos. Merci à cris72 pour les scans.