L'honneur ne reste même pas sauf

ANGERS. — Il va sans dire que les nombreux spectateurs qui garnissaient le stade Jean-Bouin, hier soir, sont repartis affreusement déçus. Affreusement, car le spectacle fut de piètre qualité et jamais le S.C.O. ne donna l'impression de jouer une rencontre de Coupe de France. Surtout pas d'avoir deux buts à remonter, il est vrai qu'une fois encore, les hommes de Mignot eurent à surmonter un handicap initial issu de la botte de Six dès la 12e minute. Mais on aurait voulu que les Angevins fassent preuve d'une hargne à toute épreuve, ce qui ne fut jamais le cas.

A une dizaine de minutes de la fin, Augustin parvint à dérider le stade, mais son but n'effaça pas la médiocre impression qui restera longtemps gravé dans les esprits angevins. Et déjà hier soir, on pensait à la rencontre S.C.O. - Monaco qui se jouera sans doute devant plus de banquettes vides que de spectateurs. C'est dommage et personne ne pouvait donner de raison précise à cet état de chose.

Six déjà !

Les Angevins prirent — ou du moins semblèrent-ils prendre — le match à bras-le-corps dès la première minute. Par deux fois, Princet fut pris au piège du hors jeu et les Marseillais montrèrent alors leur maîtrise.

Il fallut bien dix bonnes minutes pour que le S.C.O. se permette une incursion dans le camp marseillais. Il obtint un corner. Gonfalone le joua et Lecornu reprit la balle pour la loger largement au-dessus de la transversale.

Les Marseillais ne tentaient pas grand-chose, en ce début de partie. Mais, contre toute attente, à la suite d'une touche très vite faite par Berdoll, Didier Six mystifia Felci grâce à un « petit pont » et battit fort adroitement Janin en tirant de l'extérieur du pied gauche. Le premier quart d'heure n'était pas écoulé et déjà, les Angevins avaient hypothéqué leurs chances de qualification.

Divine faiblesse

Les Angevins encaissèrent ce but de Six comme un coup du sort et ils ne parurent jamais en mesure de prendre le meilleur sur une équipe marseillaise qui ne força pourtant pas son talent.

Du moins le força-t-elle dans le mauvais sens puisqu'à la 25e, ce fut Fernandez qui se montra l'attaquant angevin le plus dangereux. A la suite d'un centre de Lecornu, il se trompa sans doute de but et reprit la balle de volée. Elle passa tout juste à côté du cadre défendu par Migeon.

Trois minutes auparavant, à la suite d'une offensive de Lecornu, le gardien marseillais avait dû sortir au pied devant Princet, mais il n'avait pas eu plus de mal qu'il n'en eut (28e), lorsque Lecornu déboula une nouvelle fois et centra.

Il ne fait nul doute que les Marseillais se contentaient de leur but d'avance... qui en faisait réellement trois.

Une ouverture de Felci pour Le Lamer échoua largement à côté de la cible (30e) tandis que Princet trouva le petit filet mais du mauvais côté (33e), au sortir d'un une-deux effectué avec Amersek.

Lecornu sans y croire

Les Marseillais réagirent tout de même par l'intermédiaire de Florès qui servit Bracci (35e) mais le centre de ce dernier à destination de Berdoll fut repris par l'ex-avant-centre angevin pour terminer sa course largement au-dessus des buts défendus par Janin.

Dans la minute suivante, le S.C.O. qui avait toujours tout loisir d'attaquer, le fit par l'intermédiaire de Gonfalone. Son ailier gauche effectua un superbe débordement ponctué par un centre au cordeau. Lecornu, de la tête, réalisa une tète plongeante mais ne crut manifestement pas pouvoir redresser la situation tant et si bien que Migeon se saisit du ballon sans le moindre problème.

Et la fin de la première période survint sans que les Marseillais aient été un seul instant en danger.

Un essai de Berdoll consécutif à un coup franc concédé par Citron à l'ultime seconde ne changea pas le cours des choses.

Bonsoir tristesse

A la reprise, on pensait tout de même que les Angevins allaient être capables de réagir. Il n'en fut rien, ou presque rien. En effet, alors que l'on arrivait à l'heure de jeu, il ne s'était pas créé la moindre occasion.

Pourtant, dès la 46e, Baudry fut contré au dernier moment par Fernandez à la suite d'une action conjointement menée par Augustin et Princet. Mais ce ne fut que feu de paille. Il fallut attendre douze minutes pour que les Angevins se signalent à nouveau. Encore le firent-ils mal, puisque Gonfalone, au sortir de deux dribbles, tira largement à côté de la cible, alors que le centre en retrait s'imposait. Dans l'instant suivant, à la suite d'un service de Baudry, Princet tergiversa, on ne sait trop pourquoi, et Trésor parvint à écarter le danger, comme le fit Migeon, tout aussitôt, alors qu'Augustin tentait sa chance.

Les Marseillais ne faisaient rien voir, le S.C.O. non plus et le public commençait à dire bonsoir tristesse.

Lecornu sur la transversale

La rencontre se poursuivit tout aussi monotone et les passes à l'adversaire redoublaient. Il est vrai que le blanc et le bleu se marient tellement bien.

Princet servi sur un plateau par... Bracci — celui-ci voulait sans doute imiter Fernandez — ne profita pas de l'aubaine (69e), et tout le monde fut surpris dans le stade, lorsque Lecornu créa enfin la première occasion de but véritable au bénéfice des Angevins. Il partit à la limite du hors jeu, bénéficiant d'un service d'Augustin et ajusta un tir qui trompa Migeon, mais échoua sur la transversale.

Et puis, la partie reprit et le festival de maladresse aussi.

Augustin mais aussi Linderoth

Il s'en fallut de fort peu que Baconnier ne corse l'addition (78e) lorsqu'il bénéficia d'un service de Fernandez et se présenta seul devant Janin. Le portier angevin, bien inspiré en la circonstance, se saisit de la balle et évita ainsi ie pire.

Deux minutes plus tard, Lecornu se joua de Bracci — ce qui ne surprit personne, tellement l'arrière marseillais fut mauvais — il est vrai que l'on chercha les bons joueurs hier soir, pour finalement centrer en retrait. Gonfalone reprit le ballon qu'il donna dans les pieds d'Augustin et ce dernier marqua imparablement. Le S.C.O. venait de sauver l'honneur. Mais en fait, ce fut un vain mot que de parler d'honneur, puisque Linderoth (84e), servi par Six, parvint à redonner l'avantage aux Marseillais et à clouer un peu plus fort les Angevins au pilori. Il leur restait six minutes pour réagir. Il n'en avait pas fallu plus aux Marseillais, jeudi dernier, mais le contexte n'était évidemment pas le même hier soir et le S.C.O. ne put en si peu de temps éviter le naufrage.

Jean-François Contamine

Les équipes

S.C.O. : Janin, Felci, Citron, Brulez, Le Lamer, Amersek, Baudry, Augustin, Lecornu, Gonfalone, Princet.

Marseille : Migeon, Bracci, Trésor, Zwunka, Baconnier, Flores puis Linderoth (50e), Buigues, Fernandez, Six, Berdoll, Boubacar.

La fiche technique

ANGERS (stade Jean-Bouin).

Pelouse en bon état. Eclairage satisfaisant. 232.651 F de recette pour 8.161 spectateurs.

Soirée fraîche. Arbitrage de M. Wurtz. L'Olympique de Marseille bat S.C.O. d'Angers, 2-1. Mi-temps, 1 -0.

Les buts : Six (12e) et Linderoth (84e) pour Marseille ; Augustin (80e) pour Angers.

Corners pour Angers : 12 (5 + 7) ; pour Marseille : 4 (2+2).


De gauche à droite : Zvunka (OM), Felci (SCO), Bracci (OM), Augustin (SCO), Linderoth (OM), Trésor (OM), Lecornu (SCO).


De gauche à droite : Bracci (OM), Princet (SCO), Zvunka (OM), Gonfalone (SCO), Baudry(SCO).

Merci au Courrier de l'Ouest pour l'article et les photos. Merci à cris72 pour les scans.