LES 20 CAPITAINES DE DIVISION I ONT LA PAROLE

Un capitaine n'est pas un joueur comme un autre. Il doit être d'abord un exemple pour ses coéquipiers ; il doit montrer une certaine personnalité sur le terrain et en dehors de celui-ci.

Sur le terrain, il doit juger rapidement une situation, faire immédiatement tout ce qu'il faut pour qu'elle ne devienne pas critique ; son rôle est de défendre ses joueurs, de veiller à ce que l'arbitre respecte scrupuleusement les règles ; de changer aussi l'orientation du jeu ou la disposition de l'équipe quand les circonstances le commandent (ceci après accord avec l'entraîneur, bien sûr).

Hors du terrain le capitaine est un trait d'union entre les joueurs, d'une part, l'entraîneur et les dirigeants d'autre part pour les questions concernant le jeu, le côté matériel et aussi le côté moral et humain.

FOOTBALL-MAGAZINE a interrogé les vingt capitaines de nos vingt équipes de Division I [ndlr, on ne parle ici que de Pierrot Bourdel, le capitaine angevin] et leur a posé quatre questions :
1. Pourquoi êtes-vous capitaine ? Comment concevez-vous votre rôle ? Existe t-il encore un esprit de fidélité au club malgré le contrat à temps ?
2. Est-ce que votre équipe vous semble bien armée pour la saison en cours ? Quelles sont ses forces ? Quelle place peut-elle espérer ?
3. Quel est votre favori du championnat ? Justifiez votre réponse.
4. Quelle est votre opinion sur le « bonus » ?

Voici leurs réponses.

Pierre BOURDEL (Angers) :

« Moi je suis pour le bonus »

1. J'ai été désigné par le comité directeur il y a 6 ans sur la proposition de l'entraîneur d'alors, Antoine Pasquini.

Sur le terrain je n'aime pas les « coups de gueule ». Je préfère payer de ma personne au maximum, faire mon « boulot » le mieux possible et donner ainsi à mon rôle une valeur d'exemple. Mais quand les événements le commandent je pense être un bon avocat de mes camarades tant auprès de l'arbitre, du délégué que des dirigeants.

Il est bien évident que le contrat à temps « contrarie » la fidélité au club. Le temps de notre activité est court, il faut profiter des bonnes occasions. Pourtant je pense que le S.C.O. est un des clubs en France où cette fidélité joue le plus : Edwige, Poli, Guillou, Gouraud, et moi-même avons plusieurs fois déjà renouvelé notre contrat. Je pourrais citer aussi l'exemple d'un camarade qui est parti pour réaliser une bonne affaire et qui m'a dit depuis : « Si j'avais su je serais resté à Angers malgré un tarif moins élevé. »

2. Je pense qu'Angers peut obtenir un bon classement. Notre équipe est sensiblement la même que celle des deux saisons précédentes qui nous ont valu la quatrième puis la cinquième place. Ses forces ? La valeur de notre milieu de terrain, la qualité de notre jeu collectif, notre homogénéité. Il nous faudrait par contre un attaquant supplémentaire. En ce domaine nous serons un peu « justes » en cas de blessures. Je ne pense pas être prétentieux en pensant à la sixième place.

3. Le F.C. Nantes sans la moindre hésitation est mon favori. Parce que c'est l'équipe la plus régulière et parce qu'elle est complète en toutes ses lignes.

4. Le point de « bonus » ? Une bonne chose. Le public vient pour voir « remuer les filets ». Il aime l'attaque. Il faut lui faire plaisir car le public... c'est le « nerf de la guerre ».

A Angers nous avons connu déjà l'attrait de ce point supplémentaire au cours de la saison 1968/69 alors que nous étions en Deuxième Division. Nous avons alors marqué 128 buts et glané 21 points de bonus. Ça tirait de partout, jamais nous n'avons connu une saison aussi amusante, le public était aux anges. Alors vive le bonus !

(Recueilli par Yves Richard)

Merci à Football Magazine (août 1973) pour l'article et à Rodighiero pour le scan.