On aperçoit la lumière

SOCHAUX. - Ruisselants de sueur, physiquement éprouvés par 90 minutes intenses et... deux heures de jeu, à Troyes, pesant encore dans les jambes, les Angevins sortirent du terrain conscients d'avoir bien rempli leur contrat. Mais avant de savourer pleinement la victoire, anxieux, ils faisaient le silence dans les vestiaires pour ne pas rendre inoubliable la diffusion des autres résultats de la soirée.

Nantes, 4 - Troyes, 1 ; Strasbourg, 2 - Rennes, 0. Les plus éloignés du petit transistor furent rapidement au courant et tous laissèrent éclater une joie difficile à transcrire mais plus facile à lire sur les visages.

Robert Lacoste, le premier, parlait de sauvetage. « C'est bon pour nous. Encore deux points à combler et nous sommes sauvés... Bien sûr, nous n'avons pas été très bons mais les Sochaliens étaient encore plus mauvais. Je considère que les gars ont réalisé ce soir une grande performance compte tenu d'un programme surchargé cette semaine. »

René Hauss, pratiquement démobilisé par le F.C. Sochaux, portait un jugement plus sévère. « Deux heures dans les jambes depuis mercredi, la belle affaire. Ce n'est pas une excuse. Demandez, par exemple, aux Allemands, aux Anglais, aux Hollandais, aux Belges à quel régime hebdomadaire ils sont soumis... Mais en France, c'est comme ça... un effort supplémentaire et l'on est prêt à tout excuser... ».

Un résultat logique

Apparemment peu concernés, les Sochaliens prenaient leur douche. Seul Paul Barré, dans son bureau, réalisait que les Angevins se trouvaient après cette victoire dans une position envisagée 90 minutes plus tôt pour lui par son équipe. « Je ne discute pas la victoire du S.C.O. Elle me semble logique bien que nous ayons territorialement dominé l'ensemble de la première mi-temps. Maintenant, pour gagner, il faut au moins marquer un but. Alors...

« Toutefois, je suis un peu déçu par l'équipe angevine. Sa réaction auréolée par trois victoires à bonus me laissait croire qu'elle était actuellement plus forte. Enfin, seul le résultat compte. »

« Une certitude, le S.C.O., en déplacement depuis huit jours, n'espérait pas un quatrième bonus consécutif. Brulez traduisait parfaitement l'opinion générale. C'est la guerre des nerfs, une victoire suffit à notre bonheur. »

Sans rechercher les honneurs de la métamorphose angevine, Vasovic se contentait de dire : « Manque de mobilité, mauvais match mais je suis satisfait, gagner c'était le principal. »

La manière après...

De fait, les Angevins n'eurent pas toujours la manière. Leur occupation du terrain avec Edwige et Cassan dans un rôle plus défensif qu'offensif pouvait choquer les traditionnaiistes. Néanmoins, en cette soirée, où le vaincu voyait s'ouvrir les portes de la deuxième division, il importait de ne pas être celui-là et l'on peut dire que les Angevins jouèrent bien le coup en optant pour la contre-attaque. Les événements donnèrent raison à Vasovic qui, sur son banc de touche, trembla parce que Janin ne faisait pas preuve de toute la sûreté souhaitable notamment sur les balles aériennes.

Erreurs qu'il compensa, on le sait, par deux réflexes étonnants. D'ailleurs ce gardien, révélation de cette fin de saison tourmentée, faisait son auto-critique. « J'ai relâché trop de balles depuis ma blessure au poignet, je me sens mal dans ma peau. Heureusement, je ne prends pas beaucoup de buts... Maintenant, il y a dix jours de repos, j'espère que ça ira mieux en ce qui me concerne. »

Oui, la prochaine journée verra le S.C.O. accueillir, le 30 avril, Monaco et comme le disait Jean-Marc Guillou : « Nous ne sommes pas encore sortis du tunnel, mais dès l'instant où l'on aperçoit la lumière, c'est bon signe... »

Guy RAFFIN.

Article paru peu aprè le match Sochaux-Angers. Merci à Ouest-France pour l'article et à cris72 pour le scan.