Angers - Lille (4-1)

Antic, Berdoll, Ferri et... Janin

ANGERS. — Incroyable S.C.O. ! Sortant soudainement de sa léthargie, il cravache dans la ligne droite, joue de mieux en mieux et se met à collectionner les bonus. Acquis aux dépens de Lille (4 à 1), le troisième consécutif lui vaut, d'ailleurs, d'entretenir un espoir que l'on croyait bien perdu il y a seulement deux semaines. 8.000 personnes, un record ! peuvent en témoigner.

Raisonné et raisonnable, l'optimisme se trouve encore renforcé par la qualité du football pratiqué. Ce match contre Lille et Stefan Kovacs, présent, ne manqua pas de le souligner, fut, en effet, d'un niveau supérieur à la moyenne habituelle de notre championnat. Caractérisé par une débauche d'offensives menées, le plus souvent, tambour battant, il passionna également par la nature du problème que les Nordistes proposèrent à leurs adversaires angevins.

Etrillés (5 à 1) à l'aller, avertis de l'euphorie actuelle des hommes de Vasovic, les Lillois avaient soigneusement étudié leur affaire. S'appuyant sur le hors-jeu et bien groupés en défense, ils voulaient à la fois imposer leur faux rythme et empêcher les attaques angevines de se développer sans pour autant négliger les leurs. En bref, leurs intentions n'étaient pas négatives. Ils pensaient, et Georges Peyroche, leur entraîneur, nous le confirma, être en mesure de gagner en troublant par un placement judicieux la ronde angevine.

Cette prétention n'était pas ridicule.

Le S.C.O., il faut le reconnaître, éprouva quelques difficultés à s'exprimer totalement. La dernière passe arrivait souvent trop tard et si ce n'était pas le cas, les avants, en particulier Marc Berdoll, se heurtaient au gardien, Duvé [NDLR Dusé], admirable de sang-froid et d'à-propos.

On finit ainsi par craindre le pire lorsque Gauthier, sur un service de Prieto, exploita une grossière erreur de Brulez pour ouvrir la marque à la 16'.

LES ACCELERATlONS

Mais, aujourd'hui, les Angevins sont heureusement habités par la rage de vaincre.

Ils ne se découragèrent pas et leur harcèlement prit, peu à peu, une autre dimension. Se faisant plus pressant, il s'accompagna de brutales accélérations et en trois minutes (de la 27e à la 30e) la situation fut renversée.

Obtenue par la tête de Berdoll, l'égalisation eut, à son origine, une percée de Guillou. Contré, le capitaine angevin vit Antic surgir pour récupérer le ballon et le diriger vers Edwige. Il s'ensuivit un centre précis que Berdoll convertit en but.

Il appartint à Antic de donner l'avantage à son équipe d'une reprise de volée quelque peu chanceuse puisque la balle écrasée au sol eut un rebond inattendu qui trompa Dusé.

Le Yougoslave eut, néanmoins, le mérite de la tenter dans des conditions loin d'être idéales.

Edwige était de nouveau l'auteur du centre et l'action avait été rendue possible par la combativité de Berdoll et de Ferri.

C'était le score au repos, il se justifiait d'autant plus que Dusé, aux 43e et 44e, avait eu deux interventions miracles devant Berdoll.

ET LE COUP DE POUCE DU DESTIN

Lille, malgré tout, ne renonçait pas. Fidèle à sa méthode, il continuait de gêner les Angevins et de les inquiéter par de soudains démarrages de Gauthier et Parizon ou des dribbles de Karasi.

A la 52e, il eut ainsi l'occasion de rétablir l'équilibre. Sur une échappée de Parizon, la balle fut catapultée avec une rare violence par le crâne de Coste.

Janin eut alors un réflexe étonnant et parvint à sauver en corner.

Ce fut le premier coup de pouce du destin en faveur du S.C.O.

Le second, après deux arrêts spectaculaires de Dusé devant Berdoll et Brulez (57e et 58e), eut lieu à la 66e. Sur un jaillissement de Citron, Berdoll s'élança derrière le rideau défensif lillois et s'en alla tranquillement fusiller Dusé.

Manifestement, l'avant-centre angevin était hors-jeu. Mais le juge de touche qui avait à tort stoppé Brulez deux minutes auparavant et était l'objet de la colère du public n'osa le signaler...

Ferri signa le point du bonus à la 69e. Après un coup-franc, il fut mis en possession de la balle par Citron, exactement comme l'avait été Berdoll. Une différence, quand même, il n'était pas en position litigieuse.

Le tableau d'affichage ne fut pas modifié. Gauthier (75e), Berdoll (82e), Edwige (83e et 87e), Antic (88e), Ferri (89e) en eurent cependant la possibilité et cela aide à comprendre l'enthousiasme des spectateurs et de Kovacs tenus en haleine jusqu'au bout.

PAS DE DISCUSSION

Dans les vestiaires, Georges Peyroche déplorait la neutralité de l'arbitre sur le troisième but.

« Dans une rencontre, il y a toujours un moment psychologique décisif, disait-il. Ce but en fut un comme le fut la détente de Janin sur la tête de Coste. C'est l'explication de la netteté de notre défaite ».

L'argumentation de Peyroche est, certes, valable. Il reste que chicaner le S.C.O. pour ce bonus oonstituerait une injustice. Dusé ayant été dix fois plus en péril que Janin.

Pour nous, la discussion est donc close et nul n'ignore que le piège du hors-jeu est dangereux également pour celui qui le tend.

Les onze Angevins seront englobés dans les mêmes éloges avec une mention spéciale pour Antic, merveilleux technicien, Edwige, le travailleur, Janin, en progrès constant, Berdoll, Laurier et, bien sûr, Guillou.

A Lille, Dusé fut le numéro un. Gardon, Karasi et de Martigny se révélèrent, eux aussi, très bons.

Roger GLEMEE.

Lille : Dusé ; Denneulin, Prieto, Garden, Gianquinto ; Leroux, de Martigny ; Parizon, Coste, Karasi et Gauthier.

S.C.O. : Janin ; Damjanovic, Bourdel, Brulez, Laurier, Guillou, Citron, Ferri, Berdoll, Antic, Edwige.


S.C.O. ANGERS - LILLE (4-1). - Pour la seconde fois, André Ferri obtiendra dans ce match le but du bonus. (Photo Gérard Lherbette)

Merci à Ouest-France pour l'article et cris72 pour le scan.