Angers - Saint-Etienne (0-1)

Victoire à l'économie des Stéphanois

ANGERS. — Les champions de France ne furent pas à la hauteur de leur réputation hier soir au stade Jean-Bouin. Peut-être peuvent-ils invoquer la présence permanente à leur esprit du rendez-vous de la semaine prochaine en Coupe d'Europe contre les Polonais de Chorzow. Les Angevins auraient dû être donc plus motivés et plus déterminés qu'à l'accoutumée encore, pour tenter de surprendre des adversaires déjà préoccupés par ailleurs et qui sont maintenant certains de remporter le championnat.

La situation du S.C.O. par contre-coup ne s'est guère améliorée. Elle est même aujourd'hui détériorée et sans doute irréversible. Avec sept points de retard la tâche pour rester en Première Division parait psychologiquement et même mathématiquement tout à fait impossible.

Des occasions pour Berdoll

Face aux leaders stéphanois, les Angevins débutèrent assez prudemment, ne laissant en pointe que le duo Edwige-Berdoll, qui ne tarda guère à faire des siennes et à désiquilibrer une défense stéphanoise assez mal inspirée, tout au moins en ce début de match.

Sans une remarquable détente de Curkovic, Berdoll aurait ouvert le score dès la 12e, grâce à un crochet suivi d'un tir du gauche instantané. Mais le Yougoslave, qui allait encore annihiler une percée de l'avant-centre angevin, lancé magnifiquement par Guillou, faisait preuve lui d'une très grande sûreté.

Berdoll, pourtant, se manifestait à droite, à gauche, au centre, partout à la fois, sollicitant et venant parfois même chercher des balles loin en arrière avant d'inquiéter Curkovic.

Ainsi, il tenta une reprise de volée difficile (20e) avant de décocher un tir croisé qui obligea le gardien stéphanois à un plongeon difficile au ras du poteau (23e).

De son côté, Edwige jouait les empoisonneurs publics et ne manquait pas une occasion de remiser des ballons brûlants.

Hélas, le Guyannais ne parvint jamais véritablement en position de tir et c'est au contraire Ferri, connaissant un début de match laborieux, qui se retrouva sur le côté droit des buts de Curkovic, balle au pied, et qui hésita à tenter sa chance alors que l'angle était grand ouvert (29e).

Les Angevins fournissaient donc une première mi-temps de bonne facture, prenant même de l'audace au fil des minutes. Les Stéphanois profitèrent, en effet, de la position recroquevillée de leurs adversaires pour monopoliser le ballon pendant le début du match en essayant de jouer avec calme et précision. A ce petit jeu, ils ne se montraient vraiment pas inquiétants pour Janin qui eut pourtant une belle émotion lorsque Bathenay décocha, de 20 mètres, un tir puissant sur le montant (22e). Auparavant, seule une initiative tranchante de Synaeghel, franchissant par un grand pont la ligne angevine, à 30 mètres des buts, prouvait quand même le désir de marquer des Stéphanois. Deux autres occasions s'offrirent pourtant à eux coup sur coup (27e et 28e) ; d'aboid un centre de Larqué loba la défense centrale angevine, mais au moment de frapper le ballon, face au but vide, Triantafilos et H. Revelli se gênèrent.

A peine dégagés de cette mauvaise situation, les Angevins se découvrirent à nouveau, et Triantafilos rata, on ne sait trop comment, un but facile, alors que Janin avait déserté sa cage, et Laurier put repousser la balle de la tête.

Sans doute ce contentement de soi, qui semblait animer l'équipe de Saint-Etienne, lui valut-elle de se faire bousculer par la suite. Et sans deux irrégularités de Piazza, Curkovic ne serait peut-être pas rentré aux vestiaires à la mi-temps avec sa cage vierge.

En effet, l'Argentin mit fin à une belle série d'échanges Guillou-Ferri par une obstruction caractérisée que M. Wurtz ne siffla pas, car Ferri pouvait encore se saisir du ballon. Ce qu'il ne fit pas (34e). Juste avant la pause, Berdoll, à 20 mètres des buts, élimina Piazza qui n'eut d'autres ressources que de le descendre par derrière. Le coup franc ne donna rien.

Les bons réflexes de Janin

Après la pause, le jeu baissa de qualité pour devenir franchement médiocre à certaines périodes, assez heurtées d'ailleurs et où, ô surprise, Larqué, le capitaine stéphanois tenait souvent le rôle du « méchant ».

Pas de rythme, pas de vivacité, les vingt-deux acteurs semblaient frappés de langueur.

Et lorsque le public vibra, ce fut sur des à-coups.

St-Etienne aurait pu ouvrir la marque sur des tirs appuyés mais à chaque fois Janin fit preuve d'une belle vigilance.

Ainsi il s'opposa à un essai lointain de Farison avant de repousser une reprise à bout portant de Sarammagna.

La défense angevine donnait des signes d'affolement malgré la faible poussée de ses opposants. Et, sans une remarquable parade de Janin, qui s'opposa à une reprise à mi-hauteur de Larqué, consécutive à un corner, le S.C.O. aurait été mené (58e minute).

Le jeune gardien angevin fut sauvé par la chance vingt minutes plus tard lorsque Sarammagna qui se jouait souvent de Barot, put adresser coup sur coup un tir sur le montant et fut aidé par Citron pour dégager l'autre essai de l'ailier stéphanois (78e et 79e minutes).

Triantafilos enfin

Pour autant, les Stéphanois ne damaient pas le pion à leurs adversaires qu'ils distancent pourtant au classement de la bagatelle de 24 points. On s'en aperçut un peu plus lorsque Guillou — prenant le relais de Berdoll qui livrait à Piazza un duel toujours aussi impitoyable — poussa trois accélérations consécutives qui mirent la défense stéphanoise aux abois.

Curkovic vint même avec beaucoup de bonheur dégager une balle de la tête, à 40 mètres de sa cage. Le gardien yougoslave sentit même des sueurs froides à neuf minutes de la fin lorsque, sur une mauvaise passe en retrait, Lopez le trompa et mit la balle en corner, heureusement pour St-Etienne.

Les événements allaient pourtant se précipiter dans les cinq dernières minutes puisque Santini remplaça Janvion, blessé pour St-Etienne, que Farizon dut recourir à une poussée non sanctionnée pour écarter Edwige, qui lorgnait un centre de Ferri à dix mètres des buts et enfin, alors que tout le monde s'imaginait au partage des points, un centre de Larqué, expédié de la gauche, passa entre Laurier et Janin qui se gênèrent et Triantafilos à l'affût n'eut aucune peine à marquer (87e).

Michel BIHAN

Les équipes

Saint-Etienne. — Curkovic ; Janvion, Piazza, Lopez, Farison ; Larqué, Synaeghel, Bathenay ; Hervé Revelli, Triantafilos, Sarramagna ; 12e : Santini.

Angers. — Janin ; Barot, Citron, Damjanovic, Laurier ; Le Boedec, Ferri, Cassan ; Edwige, Berdoll, Guillou ; 12e : Brulez.

Citron fut titularisé hier soir par le contre-coup d'une sanction prise à l'encontre de Brulez, arrivé 20 minutes en retard au rendez-vous des joueurs angevins, dans l'après-midi. Brulez devenant alors le 12e homme.

Cassan, traînant la jambe, joua au poste d'ailier gauche toute la seconde mi-temps. Cela n'arrangea pas les affaires des Angevins.

Fiche technique

172.375 F

9.578 spect.

Arbitrage de M. Wurtz

En dépit de l'énorme fossé qui sépare les deux équipes au classement, ce fut un match équilibré. Angevins et Stéphanois prirent tour à tour l'avantage et la rencontre garda presque jusqu'au bout son caractère d'indécision. Le S.C.O. eut le premier l'occasion d'ouvrir le score par Berdoll à la suite d'un coup franc tiré par Ferri. Mais le champion répliqua par Bathenay qui percuta un tir sur un montant et par Triantafilos.

La première mi-temps fut de bonne qualité et le rythme s'en ressentit après le repos, sans que les attaquants renoncent pour autant à tenter de tromper la défense adverse. Larqué eut une superbe occasion à la 58e minute mais le gardien angevin fut assez heureux pour écarter le danger.

Finalement, alors que l'on s'acheminait vers un match nul, Triantafilos profita d'une grave hésitation de la défense angevine pour marquer l'unique but de la partie à trois minutes de la fin.

Merci à Ouest-France pour l'article, France Football pour la fiche technique et cris72 pour les scans.