Une "bataille économique"

ANGERS. — Être dernier du classement n'est pas reluisant sur le plan sportif. Mais les incidences de cette situation précaire au plan financier deviennent encore plus préoccupantes. A tel point que le langage du directeur sportif du S.C.O., Robert Lacoste, ne s'ornait d'aucune nuance, hier, lorsque nous l'avons rencontré : « Pour nous, une élimination dimanche, en 1/32mes de finale, représenterait une catastrophe financière ! »

Cela mérite quelques explications.

Le fait est bien connu : le stade Jean-Bouin n'a jamais connu, sauf exceptions, de grosses affluences. Les moyennes annuelles de spectateurs le prouvent : 5.000 en 68-69 (saison de 2me division) ; 5.900 en 69-70 (retour en 1re division) ; 5.000 en 70-71 ; 6.020 en 72-73 et 8.893 en 73-74 (c'est le record avec une équipe en tête à mi-championnat).

Partant de là, le budget prévisionnel 74-75 ne correspond pas tout à fait aux réalités. Ainsi, la meilleure affluence date de l'ouverture de la saison, contre Nice (10.735 personnes) le 2 août.

Depuis, constatant la carence des productions et des résultats, le public a boudé : les affiches assurant les meilleures audiences habituellement ne l'ont pas davantage motivé. Ainsi, Nantes n'a attiré que 6.800 personnes, soit 13 millions d'anciens francs de recettes, alors que l'an passé, la rencontre S.C.O.-F.C.N. se soldait par les chiffres suivants : 15.900 spectateurs et 21 millions d'anciens francs de recettes.

A l'occasion des venues de Reims (4.600 entrées payantes), Rennes (5.100), Paris (4.900) et Marseille (6.350), le même phénomène de désaffection a été constaté par rapport à la saison passée. A l'heure actuelle, après treize rencontres à domicile, la moyenne d'affluence est de 6.133 ; ce qui n'est pas excessivement bas vis-à-vis des années antérieures à 73-74.

Mais bien des aspects budgétaires ont changé ces derniers mois :

— le chapitre « déplacements » augmente de 35% ;

— le club compte aujourd'hui 32 salariés (professionnels, stagiaires, joueurs promotionnels et personnel administratif) contre 24 en 73-74 ;

— le budget global annuel grimpera allègrement au-dessus de 400 millions d'anciens francs.

L'apport de la Coupe

Alors, en dehors des satisfactions sportives et morales qu'une qualification pourrait procurer, celle que le S.C.O. Angers espère dimanche à Carcassonne prend la forme d'une nécessité vitale pour son équilibre financier.

Et mieux, il souhaite au moins disputer les huitièmes de finale, comme la saison passée où il échoua pourtant à St-Etienne. Cela supposerait, avec la part revenant au club sur cinq matches (l'éliminatoire des 1/32e et deux aller-retour en l/16mes et 1/8mes), les retombées de la caisse de péréquation, un apport d'argent difficile à déterminer, car tout dépend du prestige de l'adversaire, mais qui devrait se situer entre 25 et 30 millions d'anciens francs.

Autrement, un échec prématuré remettrait en cause la possibilité de boucler les fins de mois du printemps.

Le football professionnel pourrait, lui aussi, ne pas échapper a la crise...

Michel BIHAN.

Merci à Ouest-France pour l'article et à cris72 pour le scan.