Faire cesser l'état de résignation : but avoué de la venue de Vasovic

ANGERS. — Le dernier acte de l'année 74 ressemble trait pour trait, à tous ceux qui l'ont précédé depuis le mois d'août. Tout au moins si l'on se limite aux productions à l'extérieur.

La « lanterne rouge » n'a pas adopté une attitude négative, sur le sol bastiais. Elle a essayé de pratiquer un football intelligent, a réussi d'excellents mouvements offensifs, mais n'a pas su, une nouvelle fois, les conclure.

L'écart se creuse donc toujours un peu plus. Et pourtant... « Comment expliquez-vous qu'une équipe disputant un match susceptible de la conduire à la première place soit obligée de procéder par contres, face au dernier du classement ? »

Cette question, posée par Jean-Marc Guillou — dont l'exhibition fut un modèle (1) — aux journalistes bastiais qui l'entouraient à l'issue de la partie, reflète l'un des paradoxes de ce football français, qui se consume à petit feu.

Bastia leader, cela sidère sur le niveau moyen de la Première division. Comment Cahuzac et son commando parviennent-ils à distancer leurs adversaires ? Cela procède d'un certain état d'esprit des footballeurs bastiais, qui se sentent invulnérables et intouchables sur le stade de Furiani et qui ne lésinent pas sur les moyens pour s'y faire respecter.

M. Konrath à Damjanovic : « Comprenez-moi... »

Et puis la légende qui veut qu'un arbitre sifflant des fautes au passif des Bastiais se prépare une sortie difficile, se confond avec la réalité.

Il n'y a pas si longtemps, pour avoir refusé un penalty en faveur des insulaires, lors de Bastia-Nice, M. Konrath fut malmené et dut attendre l'apaisement d'une poignée d'agitateurs pour quitter les vestiaires.

Revenant arbitrer la rencontre Bastia-Angers, il n'allait pas, on le comprend, s'offrir en holocauste. Et son indulgence vis-à-vis de Heidkamp, de Travetto, de Orlanducci, de Broissart, etc, ne fondit qu'en face de l'agression de Vergnes aux dépens de Griffoni.

Que se passa-t-il exactement ? Damjanovic voulut s'interposer. Vergnes lui répliqua par un crachat et le Yougoslave lui expédia le ballon sur la poitrine.

« Vous l'avez frappé, assura l'arbitre dans les vestiaires.

— Mais non, je lui ai balancé le ballon.

— Ah ! Comprenez-moi, c'est difficile d'arbitrer à Bastia. »

Que décidera la commission de discipline ? Elle peut priver la défense angevine d'un de ses meilleurs éléments, à une époque (en janvier) où l'opération survie se déclenchera.

L'entraîneur yougoslave Vasovic, attendu pour la fin de cette semaine à Angers, est, paraît-il, doté d'une riche personnalité.

Pourra-t-il travailler en collaboration avec Pancho Gonzales, comme les dirigeants semblent le désirer ?

Il faudrait d'abord connaître la réaction du responsable technique angevin officiel, que nous n'avons pu joindre hier.

Pourtant, s'il faut repartir sur de bonnes bases après la trêve, ces questions de préséance devraient être vite résolues.

Nous reviendrons plus tard sur les aspects encore peu connus de cette séparation de fait entre le S.C.O. et Gonzales, qui illustre, si l'on peut dire, cette tradition angevine née avec Louis Hon, poursuivie par Lucien Leduc et Ladislas Nagy, et qui fait que la plupart des changements interviennent à cette période de l'année.

Nous croyons savoir que le reproche le plus vif fait à Pancho Gonzales, était de s'être résigné aux mauvais résultats, peut-être parce qu'il ne possédait plus la foi, ni le tonus, après des déceptions enregistrées au niveau du recrutement.

Toujours est-il qu'il déclarait, voilà peu : « Quoi qu'il arrive je resterai jusqu'en juin ». « France-Soir » avait assuré le contraire, en lui prêtant ces mots la semaine passée : « Si l'on me dit de m'en aller, je partirai en courant. »

Tout cela reflète, au sein du club, une certaine brouille entre dirigeants et entraîneur. Les premiers, qui disposent du pouvoir, ont tranché.

Il reste à voir si c'est pour un pari à long terme (faire du S.C.O un véritable club professionnel) ou une opération de redressement à court terme.

Michel BIHAN.

Merci à Ouest-France pour l'article et à cris72 pour le scan.