Angers - Rennes 1-2

ANGERS. — Le Stade Rennais n'en est pas à sa première victoire au Stade Jean-Bouin, mais l'impression qu'il y a laissée, hier, est sans doute la meilleure des cinq dernières saisons. Il ne s'est pas comporté en super-équipe, mais paraît tirer le maximum de ses possibilités actuelles (Pokou et Kéruzoré manquent) et peut-être même un peu plus. On le sent, en effet, habité par une confiance, un dynamisme, un esprit collectif qui transcendent les valeurs individuelles ajoutées.

Exactement tout ce qui manquait hier à une formation angevine désenchantée et dont on s'interroge sur la capacité de réaction devant les nouveaux malheurs qui l'assaillent. Petiteau, victime d'un décollement de la malléole, resta six minutes sur le terrain, et Edwige, qui le suppléa, se contenta d'un véritable rôle de figuration. Berdoll regagna les vestiaires cinq minutes avant ses partenaires. On craint pour lui une entorse du genou.

AUGUSTIN QUI ECHOUE, ANAFAL QUI FAIT MOUCHE

Comment expliquer ce football triste pratiqué par les Angevins ? Ils s'apprêtaient à sourire dès la 3e minute lorsque Augustin, profitant d'une passe hasardeuse de Guermeur, voulut contourner Daniel Bernard. D'une manchette, le gardien rennais remit les choses au point. Et, cinq minutes plus tard, Léa en trois foulées s'ouvrit le chemin du but avant d'être crocheté à la limite de la surface de réparation par Brulez. Anafal profita d'une erreur d'appréciation de Griffoni pour transformer le coup-franc en finesse (8e minute).

Le jeune Marocain n'allait plus quitter le devant de la scène jusqu'à la soixante-dixième minute de jeu. À partir de ce moment-là, ressentant une douleur au bas-ventre qui le tenaille depuis quelques semaines, il disparut et laissa Alain Bernard jouer les dix dernières minutes.

Mais, durant une heure, il fit apprécier son habileté dans le jeu court, son intuition et son sens du placement.

L'EGALISATION DE FERRI, LA SURPRISE DE LEA

Un tel exemple déteignait sur des partenaires confiants en eux et très mobiles. Pourtant, Angers réussit sa meilleure période entre la dixième minute et la demi-heure de jeu. Le quatuor Brulez-Ferri-Le Boédec-Guillou forçait l'allure. Damjanovic tenait Redon en respect. Et les occasions de buts attestent de cette flambée angevine.

Deux bons tirs d'Augustin, une infiltration de Berdoll qui se termina par un essai trop enlevé face à D. Bernard (14e) précédèrent l'égalisation de Ferri, obtenue à la suite d'un corner (21e).

Un mauvais contrôle d'Edwige annula une action lumineuse Guillou-Berdoil (23e), Augustin glissa la balle hors de portée de Bernard mais en position de hors-jeu (24e) et Rizzo souffla une balle brûlante des pieds d'Augustin (28e).

Passée cette hausse subite de cadence, Rennes reprit le contrôle des opérations.

Dell'oste, superbement démarqué [...] Guermeur, délaissant pour une fois la surveillance de Guillou, rata un but paraissant facile (30e). L'ex-Monégasque se retrouva aussi au terme d'une combinaison Anafal-Léa, Citron reçut le ballon sur la main et M. Bancourt eut le bon réflexe de ne pas siffler. Son mutisme fut également apprécié soixante secondes plus tard, lorsqu'un rebond inattendu dévia un centre de Berdoll sur le poignet de Kerbiriou (44e). Et, au plus fort de la pression rennaise, Léa, à un mètre du but vide, dévia de la cheville un centre de Redon... Le ballon roula lentement en sortie de but.

BUT VICTORIEUX (ET NON VALABLE) DE DELL'OSTE

En marquant juste après la reprise, les Bretons sapèrent définitivement le moral de leurs adversaires. Redon grilla Bourdel, centra en retrait pour Léa qui rata, semble-t-il, sa reprise. Le ballon atterrit dans les pieds de Dell'oste, placé sur la ligne de but à hauteur de deux Angevins. Dell'oste marqua évidemment, mais il était hors-jeu, puisque cette situation se juge à partir de la dernière ligne formée par la défense adverse, par rapport au but. Et, que l'on soit devant ou à la même hauteur, le hors-jeu doit être prononcé. Quoi qu'il en soit, les Angevins ne se seraient pas imposés.

Même si D. Bernard dut s'employer sur un « boulet » décoché de 35 mètres par Brulez (53e), même si un appel de ballon de Ferri dans l'axe du but entraîna une intervention litigieuse de Rabier à l'intérieur de la zone de vérité (73e).

Au contraire, les Rennais, occupant mieux le terrain, soutenant un rythme plus vif et utilisant les ailes, continuaient de maîtriser les événements.

Griffoni fut sévèrement inquiété par Dell'oste (55e), Guermeur (65e et 67e) et dut même recourir à une irrégularité pour mettre fin à une percée de Léa (71e). Puis, Le Floch l'obligea à une belle envolée (75e).

Rennes terminait plus fraîchement et plus gaiement. Depuis le début du mois d'août, c'est la première équipe qui s'impose au Stade Jean-Bouin (il y en a eu quelques-unes !), en s'appropriant l'essentiel du jeu et sans jouer à sept ou huit devant ses buts.

Michel BIHAN.

Merci à Ouest France pour l'article et à cris72 pour le scan.