Rennes - SCO Angers (4-2)

RENNES. — Depuis le 20 novembre, le Stade Rennais n'avait pas gagné un seul match de championnat. C'est chose faite depuis hier soir aux dépens du S.C.O. qui, par la même occasion, a signé son arrêt de mort et retrouvera donc la seconde division en compagnie de son infortuné rival.

Ce match, c'est certain, laissera des regrets aux Rennais car leur domination fut évidente. Et, n'eût été le désir de faire plaisir à Rizzo, à qui Pokou (auteur d'une remarquable fin de partie et qui marqua le quatrième but de sa formation) laissa le soin de tirer un penalty pour une faute de main angevine à la 84e, c'est donc une sévère défaite qu'aurait enregistrée le S.C.O. à l'occasion de ce match qui, pourtant, représentait pour lui le dernier espoir de demeurer parmi l'élite.

Au bout de 45 minutes de jeu, le Stade Rennais menait 2 à 1 et si l'on ne retient que les occasions franches de marquer de part et d'autre, il est certain que personne ne pouvait critiquer ce mince avantage qui condamnait déjà le S.C.O. aux affres de la relégation. On n'oublie pas que les Angevins avaient parfois porté le danger dans le camp rennais, grâce aux bonnes balles de Boskovic sur l'aile droite mais Daniel Bernard était vigilant et c'est avec brio qu'il avait stoppé des essais à ras de terre du Yougoslave à la 14e minute et de Heslot à la 38e.

Les Angevins avaient même compté un retard de deux buts car c'est à l'ultime minute de cette première partie de jeu que Augustin, sur une passe en retrait de Amersek, permit à ses partenaires d'entretenir un fragile espoir. A ce moment, nous l'avons dit, le score était de 2 à 0 en faveur du Stade Rennais. La défense angevine, fébrile au possible, n'était sans doute pas étrangère à cette avance prise par les Bretons.

C'est ainsi qu'à la 17e minute nous avions eu un aperçu du manque de confiance des défenseurs angevins sur un corner tiré par Guermeur et que Fouché avait détourné sur ses propres montants. On ajoutera que le goal angevin en ne sortant pas assez rapidement permit à Marchand de récupérer une très bonne ouverture de Guermeur puisque de la tête le demi rennais devançait le gardien du S.C.O. (31e mn).

C'est Guermeur qui allait de nouveau profiter d'une erreur angevine lorsque Cassan passait trop faiblement à son gardien : le petit ailier récupérait la balle et ne manquait pas l'occasion d'aggraver le score. Ce que n'avait d'ailleurs pas pu faire, trois minutes plus tôt, Richard, idéalement placé pourtant, après une action menée par Guermeur et A. Bernard, mais l'ailier rennais tergiversait et fut finalement contré.

UN BON GUERMEUR

Malgré tout, ce but de Augustin avait eu pour principal mérite de lancer le match, car, jusqu'ici, le rythme était assez lent, le jeu d'une précision quand même incertaine. Mais, si les Rennais conservaient le monopole des opérations, c'est bien parce qu'ils avaient dans leurs rangs le meilleur homme du match, c'est-à-dire Hervé Guermeur, qui récupérait un nombre incalculable de balles au centre du terrain et ne manquait pas d'alerter ses camarades de l'attaque.

Même si Daniel Bernard dut se coucher à deux reprises dans les pieds de Barthélémy et d'Amersek, c'est encore Fouché qui connut le plus grand péril sur une touche longue de Marchand, rabattue de la tête en retrait pour Richard. Mais le tir de ce dernier fut bloqué par le gardien angevin (48e).

Mais ce danger n'était rien en comparaison de l'action que M. Frauciel brisa à la 60e. Alerté par Pokou, Alain Bernard résista à deux crocs-en-jambe et servit Richard, totalement démarqué sur l'aile gauche. M. Frauciel, hélas ! ne tint pas compte de la loi de l'avantage. Mais, par contre, dans la minute suivante, il ne manqua pas, avec juste raison cette fois, de sanctionner une position hors jeu de Tonnel (qui venait de remplacer Richard) et il n'accorda donc pas le but de l'ex-Alsacien.

Ce sursis angevin allait cependant être de courte durée. On pouvait, en effet, redouter que la domination rennaise, entrecoupée par une tête d'Amersek, soit fatale au S.C.O., d'autant qu'à la 73e minute Barthélémy devait laisser sa place à Edwige.

En fait, il ne fallut attendre qu'une minute pour que Arribart, très bien servi par Marchand, lobât Fouché venu à sa rencontre. Cette fois, c'en était fini des chances du S.C.O. d'Angers qui dut subir la loi de son voisin.

Le résultat pratiquement assuré, Pokou en fit voir de toutes les couleurs à son garde du corps Brulez, condamné à le suivre sur tout le front de l'attaque. C'est d'ailleurs l'Ivoirien qui marqua le quatrième but de son équipe à la 85e minute, sur un nouvel exploit individuel, après que Rizzo eût manqué de son côté la transformation d'un penalty.

Une nouvelle page de l'histoire du football de l'Ouest venait d'être tournée et malgré un second but angevin marqué par Amersek à la 87e minute, le S.C.O. d'Angers accompagnera Rennes vraisemblablement l'an prochain en seconde division.

LES EQUIPES

Rennes : D. Bernard ; Philippe, Rizzo, Notheaux, Périault ; Marchand, Guermeur, Arribart ; Richard Pokou, A. Bernard. 12e : Rabier, 13e : Tonnel.

Angers : Fouché ; Heslot, Brulez, Ferri, Brucato ; Boskovic, Cassan, Augustin ; Amersek, Barthélémy, Gonfalone. 12e : Edwige, 13e : Baudry.

LA COLÈRE D'AIME MIGNOT

RENNES. — Les vestiaires angevins. Les vestiaires de la défaite. Tête basse, les joueurs sont encore à ce match qu'ils n'avaient absolument pas le droit de perdre. Résultat final : 4-2 pour leur adversaire, une équipe bretonne qui avait pourtant démarré le match sans grande ambition.

Dans son coin, Fouché semble peut-être plus triste que les autres, il est vrai que sa responsabilité est fortement entamée sur les buts inscrits par les Rennais.

« C'est notre joueur le plus expérimenté, explique Mignot, et c'est lui qui fait les fautes de débutant. »

Et de rappeler toutes les erreurs de défense qui ont conduit le S.C.O. d'Angers vers la relégation.

Le ton monte. « On met quelque chose au point et tout est détruit par des erreurs. Il est absolument impossible par conséquent de gagner en faisant des erreurs. Ce résultat de 4-2 est impensable.

« Lorsque nous sommes revenus à 2-1, tout était permis. Hélas ! on n'est pas intelligent sur le terrain. Si on comptait tous les buts dont on est responsable et qu'on puisse les comptabiliser, nous serions très certainement les champions dans ce domaine. »

Quant aux joueurs, ils continuent de se taire. Seul Barthélémy se fait soigner. Il souffre d'une contracture qui l'a contraint de quitter le terrain en seconde mi-temps.

Pour lui, pour Edwige, pour Ferri, qui provoqua ce penalty que Rizzo ne transforma pas, pour tous les joueurs du S.C.O., la première division s'est bel et bien envolée hier soir, à 120 kilomètres de leur domicile.

P. R.

Ben, c'est pas bien gai tout ça. Article Ouest-France. Scan cris72.