Barthélemy a dynamité Nice

De notre envoyé spécial Victor PERONI

ANGERS b. NICE : 5-0 (3-0). — Soirée pluvieuse. Bonne pelouse. Eclairage satisfaisant. Arbitrage de M. Leloup. 5.831 spectateurs payants pour 145.038 francs de recette. Buts : Barthélémy (9e, 17e, 42e, 65e), Lech (89e, sur penalty). Changement : Augustin (86e) à la place de Brulez, blessé, à Angers.

ANGERS. — Un Angers de gala. Comme pour les grandes occasions. Déjà, dans ce stade en pleine rénovation, au milieu des chantiers et des grues, Saint-Etienne avait été mortifié. Samedi, le Nice de Guillou fut proprement humilié, tombant sous les coups de ce Jeune Barthélémy, prototype de l'avant centre empoisonnant et opportuniste, et qui marqua à quatre reprises, dont trois en première mi-temps.

Sidéré de l'ampleur du résultat — et des autres occasions de but que s'étaient créées les Angevins — Raymond Kopa, le spectateur le plus pertinent et le plus fidèle du stade Jean-Bouin, s'écriait : « C'est étonnant qu'une équipe capable de réussir de tels matches soit, à côté de cela, parfois bien pâle devant des adversaires de moindre valeur. Contre Nice, le S.C.O., à mon avis, a fait un match encore meilleur que devant Saint-Etienne, en ce sens qu'il était plus plein. »

Et c'est bien vrai, d'entrée le S.C.O. prit littéralement Nice à la gorge et ne desserra que fort rarement l'étreinte. On « appâta » d'abord Baratelli grâce à de longs services en direction de Chastin, le véloce ailier gauche angevin, et chaque fois, le gardien de l'équipe de France fut forcé de sortir et se trouva souvent en fausse position.

Et, dès la neuvième minute, grâce à ses camarades, Barthélémy commença son festival en transformant de façon imparable un service de l'arrière Citron. Et Ferri se trouvait également à la réception. C'est dire que si l'avant centre angevin n'avait pu marquer, son camarade l'aurait fait à sa place. Mais ce n'est pas le genre de Barthélémy de laisser passer une occasion puisque, après que sur centre de Lech, Edwige ait placé une splendlde tête sur le poteau, Barthélémy allait prouver à quel point il sait profiter de toutes les situations : Chastin, qui venait d'être lancé par Ferri, vit Baratelli sorti à toute vitesse repousser la balle du pied. Barthélémy reprit la balle au bond, loba le gardien niçois et le ballon pénétra dans les buts vides. Mais Baratelli n'en avait pas terminé avec cette inconfortable soirée puisque, trois minutes avant la mi-temps, il allait encore devoir concéder un but après avoir été dribblé par Barthélémy — peut-être légèrement hors jeu — qui tenait la balle de Lech.

Guillou revient au « milieu »

3-0. Ce n'était même pas cher, même si Bjekovic et Sanchez avaient parfois inquiété Fouché, car Zambelli avait sauvé sur sa ligne et les Angevins auraient pu bénéficier d'un penalty lorsque Baratelli et Guillou arrêtèrent Barthélémy d'une manière suspecte alors qu'il allait mystifier une fois encore les deux Niçois. D'ailleurs, en cette fin de première mi-temps, Guillou quitta le poste de libero qu'il tient depuis qu'il entraîne Nice, passa au milieu tandis que Adams prenait sa place. C'est ainsi que Nice allait jouer en deuxième mi-temps et dominer dans l'ensemble sans que pour autant cela le soit d'une manière tranchante. Mieux, cette domination n'empêcha nullement Barthélémy de profiter d'un tir contré de Bernard Lech pour inscrire son quatrième but.

Mais ce n'était pas terminé et Edwige ayant été crocheté par Baratelli alors que, sur passe d'Amersek, il allait marquer un cinquième but, l'arbitre ordonna le penalty que Lech transforma sans problème. Ainsi, après avoir marqué quatre buts à Saint-Etienne, le SCO en avait-il réussi cinq contre Nice sans en concéder un seul. C'était, on l'a dit, le Angers des grandes occasions, celui qui, par-delà les générations, a toujours su immoler les plus grands gardiens (six pour Colonna et le grand Reims de Kopa, huit pour Pierre Bernard et un Nîmes qui tenait alors le haut du pavé et aujourd'hui Curkovic et Baratelli) et, bien entendu, on se doit de féliciter l'équipe dans son ensemble. Car c'est en jouant groupé, avec abnégation et volonté que l'on parvient à de tels résultats si spectaculaires. Pourtant, Barthélémy, dont c'est la première saison pro, mérite un grand coup de chapeau. Le voilà à la tête de seize buts et Amersek est une véritable trouvaille alors qu'Edwige est un capitaine qui sait se battre et Cassan un grand patron défensif. Mais encore une fois, personne au SCO n'a démérité. Ce n'est évidemment pas le cas à Nice, où seuls Bjekovic, mal soutenu, Sanchez, par à-coups, et Zambelli essayèrent de rompre avec le tourbillon qui les faisait sombrer. Il faut dire aussi que Jouve sauva également son but sur un tir d'Edwige, qui allait dans la cage. Mais est-ce à mettre au compte du Niçois ou des Angevins ?

Guillou : « Une claque »

ANGEKS. — Le président de Nice se refusait à toute déclaration après la sévère défaite subie par son équipe, mais Guillou déclara : « Nous avons pris une bonne claque. Nous avons sans doute adopté une mauvaise tactique et il y a eu des erreurs collectives et certaines défaillances. De toute façon, après les deux premiers buts, il était bien difficile de redresser la situation. »

Quant à Aimé Mignot, au comble de la joie, il déclarait à ses joueurs : « Il ne vous reste plus qu'a faire le même match devant Nantes. » Mais auparavant, il y a le voyage à Bordeaux. — V. P.

ANGERS : FOUCHE - CITRON, BAUDRY, BRULEZ (puis Augustin, 86e), CASSAN — EDWIGE, FERRI, LECH — AMERSEK, BARTHELEMY, CHASTIN. Entr. : Mignot.

NICE : Baratelli — Douis, Katalinski, Guillou, ZAMBELLI — Adams, Jouve, Huck — SANCHEZ, BJEKOVIC, Toko. Entr. : Guillou.


Article L'Equipe, fiche technique France Football. Scans cris72.