Un point qui file sous le nez

MARSEILLE. — Une étonnante fin de match des Angevins a conquis le public marseillais impitoyable pour la production de son équipe favorite. Mais ce sursaut ne valut pas aux Angevins de ramener un point (amplement mérité pourtant) de leur voyage. En l'espace de deux minutes, le ballon percuta deux fois la barre transversale de Migeon, abandonné à lui-même par une arrière-garde déboussolée, Trésor y compris. Les regrets angevins furent d'autant plus avivés par la manière dont la victoire phocéenne fut obtenue : un penalty providentiel accordé au début de la seconde période à Zlataric qui fit ce qu'il fallait pour l'obtenir.

BARTHELEMY TOUJOURS LA

Sans se montrer sous un très bon jour mais entreprenant et hardi notamment par Emon et Noguès, Marseille domina le premier quart d'heure. Cet avantage se traduisit par un coup de tête de l'Argentin Alonson prenant Fouché à revers, presque à bout portant, en conclusion d'un joli centre de Emon (9e minute).

L'OM d'autrefois, par ses coups d'accélérateur prodigieux, aurait lâché son adversaire. Celui d'hier après-midi se contenta de le contrôler dans son rétroviseur. En somme juste de quoi pour préserver son mince avantage.

Une erreur de jugement de Trésor sur une balle aérienne conquise de la tête par Brulez permit à l'opportuniste Barthélémy d'égaliser (23e minute). Une égalisation qu'aurait pu réussir le pied gauche d'Augustin, dès la 10e minute et encore plus celui de Lech au terme de la plus belle action collective de cette période de jeu, menée par Citron, Amersek et Barthélémy (22e minute).

Marseille qui mettait le plus souvent possible les attaquants angevins hors-jeu perdait donc de sa superbe et se lançait dans un jeu brouillon et incohérent.

Le tort des Angevins, à ce moment, fut sans doute de le suivre sur ce terrain.

UN PENALTY DOUTEUX

La seconde période s'annonça sous de mauvais auspices. Citron, qui souffrait depuis le début du match, dut quitter le terrain presque dès la reprise, et laisser sa place à Gonfalone (48e). Angers constituait ainsi une véritable défense improvisée et avait du mal à coordonner ses actions. Foucher fut tout heureux de se retrouver sur la trajectoire d'un véritable tir de la tête de Trésor décoché après un coup franc donné par l'excellent Baulier (52e). Mais il fut impuissant à parer le coup de pied de pénalité botté par Béréta trois minutes plus tard (55e). Ce penalty fut vivement contesté par les Angevins et, de fait, Zlataric s'était déséquilibré lui-même avant que Cassan ne le chargea.

CASSAN DÉCHAÎNE

Cet incident motiva le petit arriere gauche angevin qui multiplia alors les montées offensives. Elles furent toutes dangereuses. Barthélémy cherchant même la mansuétude de l'arbitre en voulant forcer le passage au sein de la défense marseillaise (61e). Trésor sauvait les meubles sur un centre ajusté du même Cassan (79e) et celui-ci permettait à Amersek de réaliser une remarquable action personnelle. Le Yougoslave embarqua Trésor dans la surface de réparation et décocha un tir tendu qui obliqea Migeon à détourner en corner (83e).

Cela ne résumait pas l'ensemble des actions angevines. Et notamment cette occasion fournie à Barthélémy par Amersek qui profita d'une erreur monumentale de Bracci (78e). Dans son désir de bien faire, le buteur angevin commit un excès de précipitation qu'il réédita deux minutes plus tard en décochant un bolide au-dessus de la cage alors que deux partenaires semblaient mieux placés que lui.

AUGUSTIN SUR LA BARRE

Dans ce désir de l'offensive, le S.C.O. oubliait parfois d'assurer ses arrières. Foucher fut donc mis à l'ouvrage sur de vives contre-attaques, notamment par Noguès (71e), qui marqua même mais son but fut refusé normalement pour hors jeu, par Alonso (75e), Emon (77e) et Noguès encore (81e). Mais il ne s'agissait là que de péripéties car Angers emmenait ce final tambour battant, Migeon détournant même un corner sur son propre portique (84e), avant qu'un tir d'Augustin ne rebondisse sur la barre transversale, alors que le qardien marseillais semblait bel et bien battu (85e).

Ce rythme donné à la fin du match fit donc hurler à la fois de joie et de déception le public qui voua aux gémonies, Emon partant de son camp seul pour venir lamentablement rater la cible (89e). Sans doute, un S.C.O. plus fringant en cours de match aurait non seulement ramené un point mais peut-être deux.

Michel BIHAN.

Angers : Fouché ; Citron, Baudry, Brulez, Cassan ; Lech, Ferry, Augustin, Amersek, Barthélémy, Edwige ; 12e homme, Gonfalone.

Marseille : Migeon ; Baulier, Zwunka, Trésor, Bracci ; Albaladéjo, Noguès, Béréta ; Alonso, Zlataric, Emon ; 12e homme, Florès.

Anqers a déposé des réserves sur la qualification de Noguès. Le Franco-Argentin fut en effet puni de trois matches de suspension le 10 novembre. Depuis, il a sauté le match de l'O.M. à Nîmes, puis celui de Paris-Saint-Germain au stade vélodrome et obtenu le sursis de la commission pour le troisième, c'est-à-dire celui d'hier. Seulement, la rencontre contre Paris était prévue bien avant dans le calendrier et avait dû être remise en raison des intempéries. Les responsables anqevins estiment donc qu'il ne peut figurer au titre de réparation.


Article Ouest France. Fiche technique France Football. Scans cris72.