L'astuce débloque l'hermétisme de Saint-Etienne

ANGERS. — L'hermétisme stéphanois n'est pas un vain mot. On le célébrait sur les stades... On l'a vérifié surtout dans les vestiaires, samedi soir. Seul, M. Roger se montrait bavard.

« Trop d'éloges : nos défenseurs lisaient le journal pendant ce match... »

Se tournant vers un confrère : « j'ai lu dans vos colonnes que Piazza c'était Tarzan. Vous l'avez vu : il s'est énervé, il a énervé tout le monde. »

Et derechef, il s'en alla apostropher l'Argentin, dont il est vrai que de nombreuses attitudes mériteraient d'être sérieusement sanctionnées.

Mais, on n'accorde pas gros crédit à l'explication du président de St-Etienne. Qu'aurait-il dit, comment aurait-il réagi devant une attitude plus critique de la presse à propos de la première manche jouée contre Eindhoven ?

L'ASTUCE TACTIQUE DES ANGEVINS

L'édification du succès angevin reposait certes, sur une probable (et coupable) déconcentration des champions de France, comme l'avouait Herbin. Mais cela n'avait pas suffi.

Il fallut apporter de l'enthousiasme, de la vitesse d'exécution, et bien sûr, de l'habileté tactique. A notre avis, c'est dans la conquête de ce dernier domaine qu'Angers a brillé et St-Etienne, malgré toute son expérience internationale se révéla incapable d'y faire face.

En décidant de placer aux postes théoriques d'ailier, deux excellents techniciens, comme Lech et Edwige, Aimé Mignot faisait preuve de pragmatisme (aucun jeune ailier ne s'impose pour l'instant au S.C.O.), mais aussi d'habileté.

Car les deux hommes à la fois capables de garder le ballon pour mieux placer Barthélémy sur orbite et de réaliser le geste décisif à 20 ou 25 m des buts, donnent un label de qualité au jeu du S.C.O.

Herbin pour les juguler choisit d'accoler Repellini à Edwige, tandis que Lech au cours de ses déplacements latéraux rencontrait fréquemment Santini sur sa route.

Repellini débuta par un acte d'anti-jeu à proscrire mais n'eut que rarement le dessus sur le capitaine Angevin, pourtant handicapé, et ne sut pas coordonner sa position et ses mouvements avec Merchadier, alourdi.

Quant à Santini, il contribua à la panique défensive par son indécision sur la conduite à tenir. Car un Angevin se comporta comme un véritable ailier pendant la première période. C'était le grand Boskovic plongeant à longues enjambées sur l'aile droite, laissée libre par Lech. Et à tous les coups, il passait avant d'expédier des centres vrillés qui échappèrent à toute la défense stéphanoise. Personne ne sut s'interposer à l'action du Yougoslave. Pas plus qu'à celles de Ferri, qui goûtait sa revanche. Ferri, après un essai à St-Etienne comme... ailier droit fut poliment réexpédié dans ses foyers à Riom avant de débarquer en Anjou.

LES 27 ANS DE CASSAN : L'AGE DE RAISON

Dans l'ombre de Poli et de Guillou, personne ne contestait les capacités de Cassan, balle au pied. Utilisé comme ailier de soutien d'abord, on attendait qu'il donne sa pleine mesure au milieu du terrain, a partir du moment où il formait un duo avec son ami et son maître devenu niçois.

Par manque de sobriété, ce petit gabarit vif et déconcertant, irrita quelquefois, enchanta d'autres fois. Vasovic, pour intégrer de la rigueur à son jeu, tenta une expérience la saison passée. Il se nomma... arrière droit.

Le naturel revenant au galop, Cassan a repris un poste dans l'entre-jeu. Il y réussit sa meilleure saison avec application, avec constance, avec sang-froid. L'ancien stratège d'Evreux fêtait ses 27 ans, le week-end passé. Il souffla le premier sur les velléités stéphanoises avant de distribuer des balles comme des parts de gâteau sur un plateau.

Michel BIHAN.


Barthélémy, insaisissable, a fait perdre la tête à Piazza.

Article Ouest-France. Scan cris72.