Le doute et la confiance

ANGERS. — Il fallait vaincre ! Avec tout ce que cet impératif suppose de tension, d'énergie et d'appréhension. On a connu des équipes angevines meilleures que l'actuelle, on ne se rappelle pas d'une autre aussi solidement armée sur les plans de l'abnégation, de la solidarité et de la ressource morale.

Parce que Lens ne se comporte pas en déplacement comme la majorité des équipes, elle ne se recroqueville pas sur son but. A l'inverse même, elle pense d'abord à marquer pour son propre compte et ne renonce jamais. Le second succès angevin, sans rayer d'un seul coup les inquiétudes et les menaces, offre un ballon d'oxygène. Brucato, Edwige, Barthélémy et, un ton au-dessous, Boskovic apportèrent un peu plus à l'œuvre commune.

Première rupture, l'égalisation lensoise

Il fallait gagner ! Une telle obligation engendre souvent la précipitation et parfois le désordre. On en prit conscience à la vivacité des répliques, Leduc se jetant dans les pieds d'Augustin, démarqué par Boskovic, mais hors-jeu (8e), Fouché, secondé par Baudry, allant contre, aussitôt après, Jankovic, à 20 mètres de ses buts (9e), Flak détournant in extremis un centre d'Edwige, convoité par Barthélémy (12e). Ce match sentait le soufre. Augustin, en position de hors-jeu, hérita d'une balle offerte par Edwige, évita Leclerc qui le plaqua. Lech transforma sèchement le penalty (11e). Pas de pause : Fouché, relâchant un essai d'Elie, dut immédiatement se relancer au-devant de Marx (13e). Et alors que les Angevins, ayant marqué les premiers, pour la seconde fois de la saison ne parvenaient pas à contrôler la situation, Elie profita d'une action amorcée par Leclerc, intercalé, et prolongée par Kaiser pour égaliser de près (24e).

Le doute tenaillait les Angevins. La confiance permettait aux Nordistes d'opérer à leur guise. A la pause et malgré une accélération notable de Boskovic, coupé en dernier ressort par Flak (39e), Lens se trouvait dans la peau d'un favori.

Le quart d'heure angevin

Le premier quart d'heure de la seconde période ne lui laissa pourtant aucun répit. L'inévitable Barthélémy (six buts réussis au cours de ses neuf premiers matches professionnels !) reprit victorieusement du plat du pied un centre de Boskovic (49e), avant d'offrir à Lech, en rabattant de la tête une longue transversale de Citron, la possiblité de marquer. Flak, une nouvelle fois, fut la providence lensoise (51e). La folle poussée du S.C.O. leur valut un 3e but signé avec sang-froid par Edwige qui couvrait un terrain énorme. Le capitaine angevin, récupérant à la limite de la surface de réparation une balle repoussée par Leclerc, sur un centre fuyant de Boskovic, assura son lob au millimètre. Lhote, sur la ligne de but, sentit passer comme un froid sur la nuque et dans le dos (53e).

Et pour agrémenter le plat, deux tentatives de Ferri et Lech échouèrent in extremis (55e et 57e), Angers paraissait irrésistible.

Six buts paraissant acquis un seul réussi

Avec deux buts d'avance et comme transfiguré par le repos, les Angevins se devaient de prouver leur maîtrise. Par des alignements hors de propos, ils offrirent au contraire à Bousdira et à Marx deux balles d'égalisation (68e et 69e). Dans un mauvais jour, les habituelles pièces maîtresses gâchèrent lamentablement ces deux occasions impeccables. Le Polonais fut derechef rappelé sur le banc de touche pour être remplacé par le jeune Françoise. Cadeaux pour cadeaux, Edwige expédia un boulet de canon sur la transversale (76e) et, la minute suivante, Boskovic, sur coup franc, tourmentant encore Leclerc, permit à Augustin d'être seul face au but. Ce dernier rata complètement sa tentative. Incroyable !

La fatigue et le manque de contrôle pouvaient déboucher sur n'importe quoi dans ce match où la générosité défensive était à l'honneur.

On eut peur pour Angers quand Jankovic s'en alla seul marquer le second but lensois (80°).

La devise « il faut gagner » se transformait en « il ne faut pas perdre ».

Lech, en se présentant devant Leclerc bien isolé, pouvait dissiper le doute. Il échoua (84e). Il aurait pu être de 6 à 4 ou de 7 à 5.

Le résultat pourtant ne tarda pas. A la force du jarret, le S.C.O. se hissait à quelques encablures de la dernière place.

Michel BIHAN.

Pour avoir malmené Kaiser qui l'avait crocheté, Citron reçut un avertissement (71e).


ANGERS - LENS (3-2). — La faute de Leclerc sur Augustin est évidente ; les Lensois ont beau réclamer le hors-jeu, ce sera le penalty que Lech transformera. Le S.C.O. ainsi prendra l'avantage.

Article Ouest-France. Scan de cris72.