Les articles présentés ci-dessous sont tirés de France Football du 26 octobre 1976. Ils relatent le match de championnat SCO Angers contre AS Saint-Etienne.


La une de France Football en ce 26 octobre 1976. « Il y a deux Saint-Etienne ». Eh oui, l'ASSE peut battre Eindhoven en Coupe d'Europe mais se fait prendre une tripotée en championnat par Angers. Y a même une photo de Vasovic, l'ancien entraîneur du SCO.

ANGERS - SAINT-ETIENNE (4-2)

LES VERTS MORTIFIÉS A ANGERS

(Victor PERONI)

ANGERS. — Comment peut-on être rayonnant — et même meilleur que jamais le mercredi contre Eindhoven en Coupe d'Europe et mauvais, ballotté, neutre le samedi en Championnat de France devant une équipe qui jusqu'ici avait fait des progrés certes, mais n'avait encore jamais réussi une grande performance ?

C'est la question que l'on peut se poser après la nette défaite subie par Saint-Etienne à Angers samedi. Défaite consommée dès avant le repos puisque les Angevins avaient réussi les quatre buts de leur victoire finale en trente-trois minutes de la première mi-temps.

Certes à l'égal du Bayern Saint-Etienne ne trouve désormais semble-t-il son rythme de croisière qu'au cours des matches européens devant des équipes qui ont appris à craindre et respecter l'équipe française alors qu'en championnat c'est tout différent.

En effet la venue de Saint-Etienne avec son palmarès européen de ces deux dernières saisons attire chaque fois la grande foule. Les équipes qui accueillent Saint-Etienne jouent alors devant des stades combles et sont bien décidées à faire le match de leur saison. L'équipe de Saint-Etienne n'est pas seulement l'équipe à battre, mais l'équipe devant laquelle il est indispensable de briller pour retenir l'attention d'un public qu'on espère alors conserver le plus nombreux possible.

Quand Saint-Etienne vient quelque part c'est la fête, la kermesse mais il faut que ce soit l'équipe qui reçoit qui tire le feu d'artifice et termine sur le traditionnel bouquet. Bref les équipes qui reçoivent Saint-Etienne sont terriblement « motivées » alors que les Stéphanois paraissent l'être beaucoup moins.

Et le SCO samedi était « motivé » comme jamais. Il prit délibérément Saint-Etienne à la gorge d'une façon frénétique qui au fil des minutes de la première mi-temps devint quasi-rayonnante. Bref pendant les 45 premières minutes de cette partie les Angevins firent pratiquement la loi en dépit du but marqué par Larios. D'ailleurs c'est peut-être ce but d'égalisation venu tout de suite après le premier but d'Angers qui fut en définitive funeste au Champion de France. En effet les Stéphanois se sont peut-être alors imaginés qu'ils allaient facilement reprendre le match en main. Or, if n'en fut rien et c'est au contraire le S.C.O. qui repartit de plus belle, Cassan marquant un deuxième but, Barthélémy un troisième et enfin Bernard Lech un quatrième qui était d'ailleurs son second.

En seconde mi-temps les Stéphanois firent un forcing effréné pour tenter d'au moins sauver la face, mais ils ne purent finalement qu'inscrire un seul but à quelques secondes de la fin par leur arrière gauche Farison. Il va sans dire en effet que les Angevins s'appliquèrent à conserver une victoire qu'ils avaient si joliment construite en première mi-temps.

Ce que retenait avant toute chose le président Rocher c'est que son équipe qui n'avait concédé que sept buts en dix matches de championnat en avait encaissé quatre en quelques minutes. « La défense lisait le journal assez furieux » disait-il assez furieux. Et d'ajouter : « Nous avons pris raclée, nous en prenons en général une par saison et celle-là nous fera du bien. »

En fait, elle va sans doute permettre quelques mises au point. Car il est essentiel que Saint-Etienne puisse respecter le tableau de marche qui lui dicte les événements : essayer de se qualifier à Eindhoven — et les Stéphanois en dépit de leur contre-performance devant Angers, contre-performance qui doit d'ailleurs beaucoup aussi au match fait par l'équipe du SCO, il ne faut quand même pas l'oublier — et ensuite reprendre le championnat bien en main jusqu'au mois de mars époque où aura lieu le prochain tour de la coupe d'Europe.

Car même si les Stéphanois ont maintenant sept points de retard sur le leader Lyon, rien n'est perdu. Et Raymond Kopa, samedi, rappelait qu'avec le grand Reims de Batteux il avait encaissé à Angers un sanglant 6-1 qui plaçait Reims à sept points du leader Nîmes. Or, Reims s'empara du titre avec plusieurs points d'avance. De plus, ce match ne se déroulait pas en octobre mais en janvier. C'est dire qu'il serait aussi stupide de prétendre que Saint-Etienne a perdu son titre que de penser qu'Angers est plus fort que Eindhoven. Même si les apparences sont pour.

BARTHELEMY : IL CONTINUE D'ADMIRER LES STEPHANOIS

Depuis samedi soir plus personne ne regrette Marc Berdoll à Angers. En effet, le jeune André Barthélémy a achevé de convaincre le public que les dirigeants du SCO avaient mis le doigt sur un garçon qui fera parler de lui.

La saison dernière il jouait en Division d'Honneur. Aujourd'hui, il figure parmi les meilleurs buteurs du championnat de Division I car il a marqué son but à presque tous les matches (huit en onze rencontres).

Il était d'autant plus radieux d'avoir battu Saint-Etienne que c'est un fidèle admirateur de l'équipe stéphanoise.

il a même failli aller assister à la finale de la Coupe d'Europe la saison dernière à Glasgow. Mais le déplacement était trop cher pour lui et ce représentant en quincaillerie se contentait les soirs de matches de Coupe d'Europe de terminer son travail un peu plus tôt pour se précipiter à la télévision pour suivre les prouesses de son équipe favorite.

Il aurait d'ailleurs très bien pu devenir Stéphanois puisqu'aussi bien il jouait à Montélimar et appartenait à la ligue du Lyonnais. C'est d'ailleurs cette ligue qui le recommanda à Aimé Mignot. Ce dernier alla le voir et l'affaire fut vite conclue.

Dès les matches amicaux d'inter-saison on pouvait se rendre compte à quel point Barthélémy a tout de l'avant centre classique : vivacité, opportunisme, crochets, tirs percutants et par-dessus tout l'œil vif. Avec ça un goût prononcé pour la franche attaque sur l'homme pour au besoin récupérer le ballon. Certains n'hésitent même pas à affirmer qu'il est plus complet que Berdoll. C'est dire !

Lui reste calme, même s'il est très heureux et il continue d'admirer Saint-Etienne. Il a cet accent qui traîne du côté de Valence et de Lyon qui est loin du parler angevin mais à Angers il se trouve merveilleusement bien.

« Je n'ai pas eu de mal à sauter de la Division d'Honneur à la Division I, dit-il, parce que j'ai trouvé ici dans l'équipe d'Angers un climat sensationnel et des copains qui ne cessent de m'encourager. Bref, je n'ai aucun problème. »

Et le SCO, lui, a un fameux buteur.


Curkovic et la défense stéphanoise démantelée par Angers.


Piazza contre le S.C.O., pris dans la tourmente.

Fiche technique

ANGERS 4 (4) B. Lech (10e, 43e), Cassan (26e), Barthélémy (35e)
SAINT-ÉTIENNE 2 (1) Larios (16e), Farison (89e)

Angers : FOUCHE****
CITRON**** BAUDRY**** BRULEZ**** BRUCATO****
FERRI**** CASSAN**** BOSKOVIC****
B. LECH**** BARTHELEMY**** EDWIGE****
12e : AUGUSTIN. - Entr. : MIGNOT. - Total : 44.

Saint-Etienne :
CURKOVIC***
MERCHADIER*** PIAZZA*** LOPEZ**** FARISON****
BATHENAY**** SANTINI*** REPELLINI***
ROCHETEAU**** P. REVELLI*** LARIOS****
12e : LACUESTA, 13e : MODESTE. — Entr. : HERBIN. - Total : 38.

393.026 F, 20.181 spect.
Arbitrage de M. Konrath

D'entrée de jeu les Angevins montrèrent qu'ils n'avaient aucune envie de laisser souffler les Stéphanois et après des essais initiaux de Cassan et Edwige, Bernard Lech, des la dixième minute ouvrait la marque sur un centre, de Barthélémy. Après une sérieuse réaction stéphanoise conduite par Rocheteau et qui ne trouva personne à l'arrivée, Saint-Etienne allait égaliser grâce à une tête de Larios sur centre de Farison. Mais dix minutes plus tard Angers qui menait le match tambour battant marquait un deuxième but après une remarquable entente avec Ferri. Puis Barthélémy marquait un but annulé, pour hors-jeu évident, mais cinq minutes plus tard il inscrivait sur centre de Ferri un but, cette fois fort valable. Enfin, deux minutes avant le repos Bernard Lech d'une tête magnifique marquait un quatrième but sur un centre de Edwige et un départ de Ferri.

En seconde mi-temps, Saint-Etienne vexé fit un forcing de tous les instants et finit par marquer un deuxième but fort mérité à quelques secondes de la fin. Mais au cours de cette seconde mi-temps tout à l'avantage de Saint-Etienne, le S.C.O. eut encore trois occasions de marquer dont une tête sur la transversale de Curkovic.


Le classement après 11 journées.