Le S.C.O. de Mignot


Edwige - Bernard Lech : les « patrons » d'un Angers new-look.


Aimé Mignot, Robert Lacoste, Jean Keller : un état major angevin qui sait où il va.


Aimé Mignot : des bords du Rhône au château du roi René.

Angers ou l'enthousiasme de la jeunesse. (Un petit clic sur la photo et une plus grande s'ouvrira dans une autre fenêtre.) De gauche à droite : Ferri, Mignot, Griffoni (?), Michlovsky, Edwige, Janin, ?, Guillon, Boskovic, Chastin, Cassan, Brulez, Baudry, Citron, Ouattara, Bedouet, ?, Le Boedec. (Si jamais c'est pas bon ou si vous savez qui manque, eh bien, écrivez-moi !) [ndlr, cet effectif est de la saison 1975-76 car il y a Bedouet et Le Boedec entre autres.]

AH, pour ça non, le football français ne serait pas tout à fait ce qu'il est s'il venait à lui manquer le S.C.O. Angers ! Non pas que la formation du Maine et Loire défraye la chronique plus souvent qu'à son tour par des performances nationales et encore moins internationales, de premier ordre, mais à la seule évocation du nom, un certain sourire fleurit sur les lèvres, les anecdotes affluent, les souvenirs se réveillent.

Il est de bon ton, dans certains milieux, de s'irriter d'une telle popularité, de se montrer très sévère même, à l'encontre d'un club dont on dit volontiers qu'il n'a jamais rien apporté au football français à partir du moment où il a délibérément choisi le système des transferts à une politique de formation et de promotion des jeunes.

On en connaît même qui n'ont pu réprimer un certain sourire lorsqu'au terme de la saison 74-75, le S.C.O. connut une nouvelle fois la mésaventure de la relégation en Division II : cette fois disaient-ils on ne reverrait pas les Angevins de sitôt ; ils n'avaient eu que ce qu'ils méritaient à force de naviguer au radar, d'improviser saison après saison.

Un homme pourtant s'inscrivit en faux, et fermement, contre cette manière de voir les choses : Velibor Vasovic.

L'ancien arrière central yougoslave d'Ajax avait déjà failli tenir le pari impossible qui consistait à maintenir Angers en première division. Il avait échoué d'un souffle. Et il avait fait son affaire d'une remontée immédiate en première division : il eût considéré un échec... comme un échec personnel. Il a tenu parole et, contrat rempli, il s'en est allé affronter une autre tâche, apparemment au moins aussi délicate puisqu'il s'agit ni plus ni moins de donner à Paris la grande équipe que la capitale réclame en vain depuis la disparition du Racing.

Nul doute que Vasovic va secouer le Paris S.G., de la même façon qu'il a dépoussiéré le S.C.O. La fantaisie et la bohème, c'est bien joli, mais ce n'est plus guère compatible avec les exigences d'un professionnalisme et d'un jeu toujours plus rigoureux.

Le mérite du technicien yougoslave fut précisément de parvenir à ses fins sans trop altérer la célèbre image de marque du club où s'illustra si longtemps Guillou. Avec fermeté et doigté à la fois, il sut « moderniser » méthodes et habitudes, amener les hommes à consentir des sacrifices et des efforts qu'ils avaient longtemps refusés.

Il allait recevoir le renfort et l'appui d'un joueur qui ne manque pas, lui non plus, de personnalité, Bernard Lech. Le plus jeune des Lech a du caractère et du talent à revendre pour qui sait le prendre. Ce fut le cas de Vasovic.

Bernard Lech s'imposa non seulement comme un organisateur et un régulateur précieux au sein d'une équipe souvent sujette à des variations de régime inexplicables et fort préjudiciables, mais encore comme un buteur redoutable, marquant le but de la victoire, de l'égalisation ou du bonus en plus d'une circonstance.

Vasovic s'en va, mais Bernard Lech reste : il n'a pas fini de prendre sa revanche sur un sort trop souvent contraire et aussi sur des hommes qui commirent l'erreur fatale de lui marchander leur confiance.

Coïncidence sans doute heureuse : le nouvel entraîneur angevin a, lui aussi, une revanche à prendre, et de taille puisqu'il s'agit d'Aimé Mignot, remercié sans autre forme de procès par l'O.L. au milieu de la saison dernière après quelques vingt six années de bons et loyaux services.

Mignot, avec un enthousiasme intact que va fouetter salutairement la perspective d'une œuvre à poursuivre et à mener à son terme, va pouvoir de la même manière que le cadet des Lech en appeler de certains jugements hâtivement porter sur son compte.

Il trouve certes une équipe angevine où le départ de Berdoll, enrôlé par Sarrebruck dans les rudes explications de la Bundesliga, n'a pas encore été compensé, mais où l'ex-Audonien Fouché et l'ex-Rémois Brucato apportent une indiscutable maturité défensive. Le reste de l'effectif apparaît assez étoffé avec des éléments dans la plénitude de leurs moyens comme Boskovic, Brulez, Cassan et les toujours vaillants Damjanovic et Edwige, ou des joueurs qui n'ont pas encore atteint leur plafond comme Citron, Ferri, Guillon, Augustin, Felci, Gonfalone. Et qui sait si l'athlétique avant-centre noir Ouattara ne sera l'un des buteurs-vedettes du prochain championnat, à moins que ce ne soit Barthélémy, les deux hommes s'ètant mis également en évidence lors des matches de préparation ?

Quelque chose, décidément, est en train de changer à Angers où, tout en restant fidèle à un certain esprit maison, sans se prendre trop au sérieux, on est bien décidé à prendre les choses du football avec de plus en plus de sérieux.


Bernard Lech : le bonheur d'un Angers à l'ambition retrouvée.

L'article parle de la saison à venir (1976-77) mais les photos sont de la saison 1975-76. Merci à Football Magazine (août 1976) pour l'article et à Rodighiero pour les scans.