Bertrand Heslot : six mois de doute

ANGERS. — C'était il y a six mois. Bertrand Heslot (notre photo) venait de subir l'ablation d'une hernie inguinale du côté droit. Il avait déjà connu la table d'opération pour la même chose... du côté gauche.

Le 28 août, après que le S.C.O. eut joué à Melun, Bertrand Heslot avait dû se rendre à l'évidence : il ne pouvait plus jouer. Le 9 septembre, il esquissait à peine un sourire dans son fauteuil. Cela ne pouvait être que du coin des lèvres car il souffrait d'une grande maladie. De celle qui mine et que la médecine ne guérit pas aisément : le doute.

« Au cours de ma première saison au S.C.O., j'avais joué un match en championnat et deux en coupe de la ville dit-il. Je ne pouvais pas ne pas penser que ma carrière de footballeur pouvait être terminée. Et puis il y a aussi la vie familiale qui compte. Lorsque l'on connaît des problèmes sur le plan professionnel, il est difficile de faire des projets ».

Et puis peu à peu, Bertrand Heslot a pu reprendre une activité légère. « Je n'avais pas le droit de tacler et il fallait vraiment que je regarde où je mettais les pieds ».

Ce n'était évidemment pas la grande forme. Notre homme avait l'impression de ne plus en être un tout à fait. Pas comme les autres en tout cas. Vint enfin le jour où il réapparut en compétition officielle. C'était au sein de l'équipe de troisième division, à Lorient. Ce fut ensuite Concarneau. Il eut mal. Tout s'écroulait une nouvelle fois.

Les semaines s'égrenaient, interminables, car Bertrand Heslot — il l'avoue sans fausse modestie — était en état de manque. Le football est une véritable drogue. Michel Hidalgo lui-même l'affirme en précisant qu'aucune cure de désintoxication n'est efficace. Bertrand Heslot est un drogué.

Sans doute ne frôla-t-il pas la mort. Il n'en reste pas moins vrai qu'il s'usait dans de vaines analyses d'une maladie qui, décidément, n'en finissait pas de guérir.

Pour la seconde fois, il renoua avec le championnat de troisième division. Il y a quinze jours, il réalisa un bon match face au Mans. La semaine passée, Aimé Mignot fit appel à lui en dernière minute pour effectuer le déplacement de Martigues. « Cela m'a vraiment fait plaisir mais ma grande chance a été de rentrer en jeu. J'ai su alors que je pouvais jouer... »

Les six mois de doute sont maintenant rangés dans l'armoire aux souvenirs. A 25 ans, Bertrand Heslot va repartir, ce soir, du bon pied.

Merci au Courrier de l'Ouest pour l'article et à cris72 pour le scan.