LES BONSHOMMES DE NEIGE

BLOIS (de notre envoyé spécial). — Tout blancs dans une clairière de la forêt enneigée, les footballeurs angevins se sont bien intégrés au paysage. Longtemps ils crurent que leur voyage à Blois se limiterait à une simple inspection des lieux. Le terrain recouvert de neige avait été balayé sur une bande longue de 80 mètres et large de 5. Un désastre : le vent et la température glaciale la transformèrent en patinoire. Et comme les adversaires tourangeaux n'étaient pas chauds non plus pour se produire en spectacle, il fallut la fermeté de M. Lempreur pour commencer le débat.

DAMJANOVIC EN DÉMONSTRATION

Se maintenir en équilibre, calculer chaque geste, provoquer la glissade de l'adversaire embarqué par une feinte : c'était un jeu pour Damjanovic. La veille du match il confiait : « Boskovic et moi, nous avons l'habitude de jouer sur la neige. » On s'en aperçut et les Tourangeaux aussi. Premier principe de cette conduite sur glace : posséder le ballon. Accélérer, puis se bloquer, obliger le rival à s'élancer... pour s'arrêter bien plus loin et alors repartir dans la direction opposée.

L'œil plus vif et plus malicieux que jamais, le Yougoslave réussit une parfaite démonstration. Citron patinant en pivotant pour aller rechercher une longue balle, se laissa surprendre par le meilleur attaquant tourangeau Princet et Grifoni ne put que constater les dégâts (7e minute). Pas d'affolement, Damjanovic se lança sur l'aile gauche, slaloma, c'est bien le mot, entre les défenseurs avant d'offrir la balle d'égalisation à Berdoll (8e minute). On repartait à zéro.

Avec une précision d'horloger, Lech distillait des balles impeccables. Augustin et Guillon les gâchèrent (16e et 30e minutes).

Damjanovic exerça à nouveau son savoir-faire, et Lech s'engouffra victorieusement dans le centre de la défense (32e minute).

Homme de la situation sur le front de l'attaque, Damjanovic dut au hasard de sauver son camp dès la reprise (47e minute). Princet, contré par le pied de Grifoni, récupéra le ballon et de volée, l'expédia vers les buts vides. Sur la trajectoire, se plaçait la fesse droite de Damjanovic. La balle partit en vrille vers la ligne de corner. Le football, c'est ainsi.

LE SENS TACTIQUE D'EDWIGE

Expérience et habileté valaient dix fois mieux que désir de bien faire et précipitation. Hormis l'excellent et précieux pivot Bourdel, les Tourangeaux confondaient ce terrain avec une cour de récréation pour écoliers amateurs de batailles de boules de neige. Ils couraient partout et tombaient souvent, incapables de maîtriser un ballon que les Angevins faisaient circuler avec aplomb.

Celui qui mène le jeu d'ordinaire, Manic, dans son désir de surpasser son vis-à-vis Edwige, le suivait partout, rejeté dans l'ombre que l'habile Angevin épaississait avec plaisir.

Mais il n'était pas là pour empêcher Edwige de parachever une jolie combinaison Guillon-Berdoll (13'). Médina pris à contre-pied, embrassa Vitalis qui le suppléa sur la ligne. Et sa participation se limita à glisser sur coup-franc indirect une petite balle qui fit mouche à Garnier (42'). Parce que Grifoni n'avait pas respecté la règle des quatre pas maximum avant de dégager. Autre œuvre de Manic : un relais que Garnier dévia sur Rosso en position idéale. La sortie fulgurante de Grifoni empêcha le pire et racheta sa faute antérieure (43').

On mesure alors l'importance de la déviation impromptue de Damjanovic sur la reprise de Princet. Elle empêcha Tours de prendre un avantage tout à fait illogique.

L'APPORT DE CASSAN ET DE FERRI

Mais, depuis la reprise, l'équipe angevine présentait un autre visage. Ferri, suppléant Brulez pas très à l'aise en première période, manifestait une vitalité et un abattage de bûcheron. Et Cassan, grapillant les petites balles perdues, apportait à ses camarades la plus-value de sa technique au milieu du terrain. La neige, lui, il l'a longtemps pratiquée dans les montagnes d'Algérie, pendant son enfance. Médina fut héroïque face à Augustin. Le capitaine angevin trouva pourtant la faille à la suite d'un corner (68e), se vit refuser pour hors-jeu plutôt douteux un autre but (76e). Lech échoua aussi d'extrême justesse après avoir évité Médina (83e), juste avant que Berdoll clôture la marque.

Un joli carton pour ce bonhomme tout d'une pièce : en janvier, il a réussi neuf buts (coupe et championnat), un de plus que pendant la poule aller, d'août à décembre.

Michel BIHAN

Quatre buts à deux

7e MINUTE. — Une longue balle en avant de M. Gerez propulse Princet dans un boulevard. L'ailier Tourangeau ne laisse aucune chance de près à Grifoni. 0-1.

8e MINUTE. — Slalom de Damjanovic au sein de la défense de Tours et centre court pour Berdoll : 1-1.

32e MINUTE. — Damjanovic fixe plusieurs adversaires et ouvre à destination de Lech qui reprend instantanément : 2-1.

43e MINUTE. — En dégageant dans sa surface, Grifoni dépasse la norme de quatre pas. Coup-franc indirect. Manic glisse à Garnier dont le tir à ras de terre apparemment anodin échoue dans le coin des filets : 2-2.

68e MINUTE. — Petit corner, Cassan-Guillon et centre. Berdoll de la tête redonne l'avantage : 3-2.

84e MINUTE. — Coup de reins de Berdoll aux 18 mètres et tir croisé qui rebondit sur le poteau : 4-2.

Article Ouest-France. Scan de cris72.



Le même article issu de Ouest-France, version originale. Une production cris72. Merci à lui.