Une regrettable erreur de stratégie...

ANGERS. — Cela va être gai ! Nous allons devoir nous transformer en chroniqueur de rugby, fouiller du regard les mêlées, additionner les touches trouvées, ou pire, adopter le style et le langage des correspondants de guerre.

Le premier blessé au champ d'honneur fut un vieux combattant de Quevilly, émigré dans la Nièvre, répondant au nom de Craque. Dans un choc avec Ferri, sa clavicule sauta (22e).

Mais le blindage nivernais, épais et rigoureux, résista à toutes les agressions. Excepté en un seul instant lorsqu'une « toile » de Mignot, ratant à dix mètres de ses buts un ballon expédié de l'aile gauchie par Edwige, permit à Augustin d'ouvrir la marque d'un tir puissant (19e). Mais dix autres fois, vingt autres fois, les brèches furent comblées à la désespérée, Lanoé se signalant par son courage et son omni-présence dans tous les coups durs.

Une telle résistance surprit, énerva, puis inquiéta Berdoll dont le corps à corps avec deux ou trois défenseurs n'offrit pas le moindre renseignement sur sa condition actuelle à Henri Guérin, venu le superviser. Et avec lui, tous ses coéquipiers, qui alternaient excès de précipitation et abus de passes latérales... en défense.

Dans le camp d'en face, le professeur de mathématiques Viard brillait pas ses qualités de tacticien et de régulateur. Une de ses inspirations favorisée par l'étourderie légendaire des défenseurs angevins et de leur gardien aboutit sur le crâne de Bizot et de là, le ballon atterrit tout doucement dans les filets de Janin (36e).

MÊLÉE FERMÉE

N'ayant pas cédé un pouce de terrain au cours de la première période, les Nivernais se replièrent après la pause, à onze, dans leur camp. Le tir violent d'Augustin qui frappa le dessous de la barre transversale avant de rebondir sur la ligne de but avait-il touché les filets comme l'affirmaient les proches témoins de l'action (57e) ? C'est possible. L'arbitre, M. Rives, n'accorda pas le point. Pas plus qu'il n'intervint sur des actions douteuses commises sur Augustin (60e) par le truqueur Canizares, sur Berdoll par Lanoé (78e), avant d'accorder un coup franc indirect à six mètres des buts de Simon (84e), au terme d'une mêlée confuse.

Onze Nivernais stoïques sur leur ligne de but repoussèrent le danger, image symbolique d'un affrontement où Angers n'a pas su s'exprimer.

Une erreur de stratégie explique cet échec. Pour reprendre des termes militaires, il faudra que le commandant Vasovic dépêche aux avant-postes, non pas une estafette légère, mais des troupes nombreuses et fraîches.

La méforme de Ferri et de Boskovic, tous deux stoppés dans la préparation de la saison par des blessures n'a guère favorisé ses plans.

Ferri, alourdi, ne disposait pas de son pouvoir d'accélération de la saison dernière. Boskovic, mal intégré, rata à peu près tout ce qu'il entreprit, excepté un joli coup franc (3e) et une balle de but offerte (et ratée) à Augustin (75e).

Seuls, Brulez (en première mi-temps), Pauvert (sur le plan défensif) et Damjanovic répondirent aux espérances légitimement placées avant le match dans un favori du groupe.

Michel BIHAN.

LES ÉQUIPES

Angers : Janin, Cassan, Brulez, Damjanovic, Felci (puis Laurier 67e), Ferri, Pauvert, Boskovic, Edwige, Berdoll, Augustin.

Nevers : Simon, Mignot, Craque (puis Barry 22e), Lanoé, Revol, Pelletier, Viard, Canizares, Vernisse, Bizot, Drouet.


ANGERS - NEVERS. - Onze défenseurs désarticulés sur leur ligne de but... Face à eux, deux seuls Angevins : Berdoll et Augustin... (Photo Gérard Lherbette)

Merci à Ouest-France pour l'article et à cris72 pour le scan.

Merci à France Football pour les étoiles et à cris72 pour le scan.