ANGERS A PLONGE LE STADE RENNAIS DANS L'INQUIETUDE

Rennes, 4 juin.

SANS l'orgueil du Polonais Jerzy Willim et l'abattage de Michel Cougé, le S.C.O. d'Angers aurait déjà été certain de remporter le titre de champion de la 2e division.

Il menait, en effet, 3-0 à la 69e minute et le Stade Rennais donnait alors tellement de la bande qu'on ne pouvait plus le considérer comme un adversaire !

Heureusement pour lui, Willim se fâcha. Jusque-là ce Polonais de 34 ans s'était vainement battu. Privé d'appui et de balles il s'époumonait le plus souvent dans le vide.

Mais par une sorte de rage il continuait d'harceler de plus belle Angers qui avait, il est vrai, le tort de se déconcentrer et de croire que tout était dans la poche.

Il réussit ainsi à surgir opportunément sur un centre d'Arribart prolongé par Guermeur pour tromper, de la tête, Janin.

Deux minutes plus tard il n'hésita pas davantage à bousculer sans vergogne Damjanovic sous l'oeil de l'arbitre pour s'emparer du ballon et permettre à Guermeur d'inscrire un second but.

A cet instant il restait encore douze minutes et le public, guère nombreux, et jusque là sarcastique, commença à envisager un nul inespéré pour ses favoris.

Mais Willim, bien qu'appuyé par Michel Cougé, entré sur le terrain à la 61e minute, se démena sans parvenir à rétablir l'équilibre.

Il faut avouer d'ailleurs qu'un score de parité eut été bien flatteur pour Rennes.

En effet, pendant plus d'une heure son équipe n'a vraiment pas fait le poids, comme on dit, devant Angers qui opérait pourtant à petits pas et ne disposait pas de Marc Berdoll, en délicatesse avec ses dirigeants.

On peut même dire qu'en cette circonstance le champion du groupe B plongea celui du groupe A dans l'inquiétude.

Les Rennais mesuraient le chemin qu'ils ont à parcourir pour être dignes de la première division !

Ils constataient en particulier que leur fond technique n'était pas très riche par comparaison.

Les hommes de Cuissard couraient dans tous les sens sans ébaucher la moindre combinaison valable alors que ceux que dirigeait en cette occasion Karel Michlowski, très économes de leurs forces, utilisaient toujours la balle à bon escient.

Ce souci leur valut d'inscrire un premier but par Brulez après un relais avec Bernard Lech et un second par ce dernier, à la suite d'une infiltration d'Edwige.

Mais où Rennes but réellement le calice jusqu'à la lie ce fut sur le troisième, réalisé comme en s'amusant par Ferri.

Oui, les Bretons n'avaient pas, jeudi soir, l'allure de futurs joueurs de première division et l'absence de Delamontagne blessé et d'Anafal, déjà parti pour le Maroc, ne constituaient pas une excuse.

Le président Bernard Lemoux l'admit mais n'était pas étonné de cette situation.

Il connaît depuis longtemps les faiblesses de sa formation. Malgré tout il refuse d'abdiquer :

— Je préfère avoir les problèmes actuels que ceux que j'avais auparavant, assurait-il. L'essentiel c'est-à-dire l'accession, a été obtenu. Cest tout ce que je vois pour le moment ».

Bien sûr... mais l'argent étant le nerf de la guerre, on se demande comment le Stade Rennais arrivera à se renforcer. C'est ainsi, par exemple, qu'il s'est trouvé dans l'impossibilité de répondre aux propositions d'Edwige qui n'a pas encore resigné son contrat pour le S.C.O. !

Le président angevin Keller était, on le comprend, beaucoup plus débonnaire.

Il n'appréciait cependant pas cette fin de saison qu'il estime peu sérieuse...

« Il n'y a plus de rythme, plus de conviction, remarquait-il et que nous remportions dans ces conditions est fort gênant pour Rennes ».

Et plutôt que de s'attarder sur ce match, selon lui, sans importance, il s'inquiétait du résultat du Stade Lavallois à Paris.

Car Angers, comme Rennes, est très intéressé par l'accession éventuelle des Mayennais en première division. Cela parce que ce serait un derby de plus et évidemment d'excellentes recettes en perspective.

Gildas RUFFLOCH

ANGERS bat RENNES 3-2 (2-0)

BUTS : Brulez (26e), Bernard Lech (33e), Ferri (69e) pour Angers. Willim (76e), Guermeur (78e) pour Rennes.

RENNES : Hiard ; Philippe, Rizzo, Rabier, Perriault ; POLI, Arribart, GUERMEUR, Bernard, WILLIM, Dell'Oste puis Cougé (61e).

ANGERS : Janin ; Citron, BOSKOVIC, BRULEZ, Damjanovic ; FERRI, EDWIGE, B. LECH, Guillon, Cassan, Augustin.

SPECTATEURS : 4 526

RECETTE : 84 526 F

ARBITRE : M. BESORY

Merci au magazine BUT pour l'article et à cris72 pour le scan.