Après Angers - Caen (2-0) :

Caen relégable à mi-parcours !

Et ça continue encore et encore... Les buteurs pointent aux abonnés absents, et les filets caennais sont toujours percés. Même causes, mêmes effets, la saine réaction enregistrée contre Sochaux est restée sans lendemain à Angers malgré une domination constante, malgré la faiblesse de l'adversaire. La faute à pas de chance, sans doute un peu. Mais à mi-parcours, les chiffres sont trop parlants pour se réfugier derrière les alibis fuyants...

Ces chiffres, parlons-en. Même si l'on ne peut comparer le capital point enregistré au terme des matchs aller avec celui de la première saison de première division à pareille époque - la victoire était alors a trois points -, le parcours jusqu'alors accompli par le crû 93-94 est du même tonneau. Certes, il y a un monde entre les prestations du Malherbe "tripier" d'alors et celui d'aujourd'hui plus léché, mais l'impression de valoir beaucoup plus que cette angoissante position de relégable n'est que du vent face à la réalité de la chose. Et cette réalité est terrible puisque si le championnat s'arrêtait aujourd'hui, Malherbe n'aurait plus que ses yeux pour pleurer et la super D2 comme horizon dans son stade européen. Avec 15 points en 19 matchs dont dix disputés à domicile, l'équipe normande a, c'est une évidence, quelques soucis à se faire sur son avenir. En Juin 89, le maintien avait tenu du miracle, or on le sait ies miracles ne se répètent pas. Inutile donc de se rendre à Lourdes sur les genoux, à reculons et en mangeant des orties... Guère apôtre de la flagellation, Daniel Jeandupeux sait pertinemment que le salut passe aujourd'hui par un apport extérieur car après tant d'échecs répétés, Caen ne peut plus espérer soigner son mal avec les moyens du bord.


Pendant que Dutruel vivait en exil, Sachy eut beaucoup de ballons à se mettre sous les gants. Mais il repoussa tout, aidé en cela par la maladresse des attaquants caennais...

6ème minute, servi par Nouma, Rouissi à la lutte avec Galtier, s'est ouvert le chemin du but, mais il croisera trop sa frappe et Sachy en sera quitte pour une grosse frayeur. Malherbe vient de rater le premier tournant du match. Comme d'habitude, il le paiera comptant.

Un joker indispensable...

Le joker est devenu une nécessité, une urgence. Mostovoï, si c'est lui, sera accueilli comme un messie. Samedi encore, tout a été essayé. Rouissi a eu une occasion en or "d'assassiner" des Angevins errants dès la 6ème minute, avant que le pauvre Richard, l'un des seuls pourtant à avoir tenu la baraque depuis le début de saison, ne se troue sur un poisson volant de Masson. Rouissi d'abord puis Revelles, puis Salaun, puis Nouma, puis Pointu de la tête, puis Paul, Pierre ou Jacques. Inutile d'énumérer le nombre d'occasions manquées ou gâchées samedi soir, comme du reste depuis le début de saison, par les joueurs caennais. La liste est trop longue et se résume en un seul chiffre peu prisé par les superstitieux : le chiffre 13, soit le nombre de buts marqués en 19 matchs. C'est du jamais vu à Malherbe en D1. 13 dont 3 seulement inscrits au cours des 9 matchs disputés à l'extérieur par les Caennais, le dernier en date remontant à la victoire au Havre début septembre, la seule fois où Caen n'est pas rentré bredouille. 3 buts marqués, 22 encaissés (sur un total de 29 conférant le pire goal average du champiomat : 16), le déficit est énorme. Alors certes, la défense a sa part de responsabilité, mais pour une équipe qui joue pour marquer un but de plus que l'adversaire, le vrai problème demeure devant. Ainsi à Angers, devant un adversaire moribond, de loin le plus faible des 20 clubs de première division, Caen devait gagner. Et pour gagner, il faut marquer comme disait Lapalisse à ses joueurs. Car on n'est à jamais à l'abri d'impondérables, comme le furent les deux buts angevins, deux buts chanceux, deux buts idiots, voire incroyables si on les rapproche du nombre d'occasions franches que se créèrent cette équipe promise à la charrette. Le coup-franc de Masson n'en était pas une, la frappe de Daury contré par Silva n'aurait pas dû l'être et il faudra attendre la seconde période et un contre dans le dos de l'abordage caennais pour noter une occasion digne de ce nom à mettre à l'actif des hommes de De Martigny. Il va falloir que ça change parce que que Malherbe est aujourd'hui dans l'obligation d'aller chercher une partie de son maintien à l'extérieur. C'est mathématique : dix déplacements l'attendent et par ailleurs, sur les neufs réceptions qui arrivent, PSG, Marseille, Strasbourg, Saint-Etienne, Nantes ou Lyon aujourd'hui, donnent à penser que Caen est loin d'être assuré de faire le plein à la maison. Bref, comme le notait dès ses premiers mots Daniel Jeandupeux, la situation est forcément grave. Pas désespérée non plus car la conviction demeure qu'il suffirait de peu de choses, d'un peu de talent devant le but en d'autres termes, pour que ça tourne dans le bon sens. Mais, l'heure est désormais au concret, il n'est plus temps de se bercer d'illusions.


Nicolas Huysman à la lutte ici avec Oleksiak, fut l'une des rares satisfactions caennaises de la soirée, notamment en seconde période...

Ce qu'ils en pensent...

Daniel Jeandupeux : C'est forcément grave d'autant plus qu'on a l'impression de perdre contre la plus faible équipe du championnat. Certes nous avions pas mal de joueurs blessés ou indisponibles. Mais ce n'est pas une excuse valable, puisque qu'on avait le match en main et tout pour s'imposer. Notre adversaire n'a guère tiré plus de deux fois au but et à l'arrivée il marque à deux reprises sans jamais nous avoir vraiment fait trembler. Nous, on se crée cinq ou six bonnes occasions de but sans la moindre réussite. Mais quand le phénomène ne cesse de se reproduire, on ne peut plus parler de malchance. Il est clair que c'est un problème que nous ne réglerons pas sans un apport extérieur. Nous avons à l'évidence besoin d'un buteur que nous ne possédons pas dans nos rangs.

Alain De Martigny : j'avais surtout demandé à mes joueurs de se libérer, de donner le meilleur d'eux-même. Pendant une demi-heure, ils n'ont pas su le faire. Ils étaient alors beaucoup trop fébriles pour jouer au football. Heureusement, il y a eu ce premier but qui nous a permis de bien finir la première période et de doubler la mise avant la pause, certes de façon un peu heureuse. Je dirais que contrairement à notre adversaire, on a su saisir notre chance quand elle se présentait. Nous ne sommes pas malheureux sur ce coup-là car nous avons été souvent malmenés par cette équipe caennaise. Je suis donc loin de crier victoire, mais l'essentiel était de gagner quelque soit la manière. C'est le signe qu'il faut de toute façon de la réussite pour s'en sortir.

Richard Dutruel :

"Ça n'arrive pas qu'aux autres..."

Le gardien caennais plaide coupable sur le premier but, rappelant que personne n'est à l'abri de ce genre de bévue...

A-C : Que s'est-il passé sur ce premier but ?

R.D. : Je savais que Masson avait une grosse frappe et que les ballons Duarig avaient tendance à voler. J'ai donc pris toutes les précautions en plaçant un mur fourni. Lorsque j'ai vu le ballon arriver. J'ai voulu le boxer, mais le cuir m'a ripé sur les gants et vous connaissez la suite.

A-C : Le brouillard t'a-t-il gêné sur ce coup-là ?

R.D. : Non, je ne peux pas me retrancher derrière ce genre d'arguments. C'est une erreur individuelle, comme tout joueur est susceptible d'en faire. Seulement quand c'est un gardien qui se troue, les conséquences sont irrémédiables. Ça arrive à tout le monde mais ce n'était vraiment pas le jour de commettre pareille erreur. Je suis sans doute le détonateur de cette défaite contre Angers et il faut que bien que je l'assume.

A-C : Comment as-tu vécu ton match par la suite ? As-tu traîné cette erreur comme un boulet ?

R.D. : Non, parce qu'il restait une heure à jouer et que je pensais que malgré tout, on pouvait encore revenir. Il fallait aussi que je reste concentré pour éviter que la chose se répète. Sincèrement, cette erreur n'a pas pesé psychologiquement sur ma prestation. Seulement, ce n'était pas facile pour moi dans la mesure où je n'ai pratiquement pas touché le ballon du match.

A-C : Et le deuxième but ?

R.D. : Daury crochète et frappe dans la foulée. Le ballon contré par Celio s'élève et me lobe puisque je m'étais avancé de trois mètres pour fermer l'angle. On n'est vraiment pas vernis.


Yvan Lebourgeois devance ici Lagrange, l'image d'une équipe caennaise conquérante, et pourtant bredouille...

Un grand merci à Laurent du site SM Caen pour le scan qui provient du magazine Allez Caen.